Un mouled pas comme les autres

15-12-2011 09:06 AM

Névine Lameï


Al-Leila al-Kébira (la grande nuit du mouled) écrite par Salah Jahine et mise en musique par le fameux compositeur Sayed Mekkawi, reste un chef-d’œuvre musicale que l’Opéra du Caire tient inlassablement d’une année à l’autre, notamment dans toutes festivités locales, à présenter à son public.  Surtout lorsqu’il s’agit d’une œuvre musicale, que la troupe de ballet de l’Opéra du Caire a réussi à la métamorphoser, sans toucher à ses paroles, en un spectacle de ballet, où les ballerines remplacent  les marionnettes.
Assister à un spectacle à la fois aux airs gais et nostalgiques. C’est ce qui émane du fameux spectacle Al-Leila al-Kébira (la grande nuit du mouled), présenté récemment, à l’occasion de la fête du petit Baïram, par la troupe du ballet de l’Opéra du Caire. Une manière de la part de l’Opéra du Caire, de revivre après tant d’années,  le monde nostalgique, folklorique et juvénile de la fameuse opérette et spectacle de marionnettes Al-Leila al-Kébira. Une opérette qui datant des années 1960, est considérée comme l’une des œuvres patrimoniales gravées dans la mémoire collective des Egyptiens. Il suffit de fredonner le refrain Al-Leila al-Kébira, pour que tout le monde se mette à chanter le reste des chansons écrites par Salah Jahine et mises en musique par le fameux compositeur Sayed Mekkawi, tous deux disparus. Cette fois-ci, dans la nouvelle al-Leila al-Kébira, les ballerines remplaceront les marionnettes.
A l’occasion de la fête du petit Baïram, l’Opéra du Caire a choisi de présenter dans une ambiance gaie et nostalgique, sur les planches de son grand théâtre, la fameuse opérette musicale Al-Leila al-Kébira (la grande nuit du mouled), interprétée cette fois-ci, par la troupe du ballet de l’Opéra du Caire.
Le rideau du grand théâtre s’ouvre au public, sur une grande scène du mouled (fête populaire commémorant un saint). D’ailleurs,  le directeur de l’Opéra du Caire Abdel-Monéïm Kamel, à la fois metteur en scène et chorégraphe du ballet Al-Leila al-Kébira, a choisi d’exploiter la grande salle de l’Opéra du Caire, et de répartir le ballet en trois grands thèmes : le mouled (fête populaire : jeux de tir, forains, vendeur de hennins…), le cirque, avec le lion et le café, et la danseuse orientale.  Une manière d’opter pour un show spectaculaire, marqué par un splendide décor, aux couleurs vices et aux ornements ruraux. Ce qui est clair dans le fait de choisir en arrière fond du théâtre, des  façades des maisons, le café, les rideaux des fenêtres constituent les différents niveaux facilitant le mouvement, l’entrée et la sortie du corps du ballet de l’Opéra du Caire. Le tout est basé sur des scènes rapides, successives, qui se déroulent dans le cadre d’une fête foraine, sur un théâtre dont la surface atteint 16 m de long sur 16 m de large. Une mise en scène qui nous fait juste rappeler rapidement cette époque de gloire, le patrimoine et la spécificité des mots du fameux poète du dialectal Salah Jahine. Car, si l’opérette d’Al-Leila al-Kébira est cette fois-ci traitée d’une manière nouvelle, à travers laquelle les ballerines remplaceront les marionnettes, la composition et les paroles de l’opérette, sont restées inchangées. Cependant, une petite réorganisation musicale et lyrique de certaines scènes a été ajustée par Gamal Salama qui a procédé à la nouvelle distribution d’Al-Leila al-Kébira, pour aller de pair avec les pas du corps du ballet de l’Opéra du Caire. Les ballerines du ballet de l’Opéra du Caire et qui remplaceront les marionnettes de la vétuste opérette Al-Leila al-Kébira, dansent et à des moments propices du spectacle. Par l’intermédiaire des fils, le chorégraphe a voulu inciter le spectateur, à imaginer que les personnages d’Al-Leila al- Kébira, en état de pause, sont des marionnettes, qui ne tardent pas à retourner à leur nature humaine. Pendant cette pause, le spectateur se souvient de la grande nuit de Jahine et Mékkawi. Et comme tout le monde, grands et petits, connaît par cœur cette opérette, le chorégraphe et metteur en scène Abdel Monéïm Kamel, n’a pas donc voulu s’arc-bouter à l’ordre des scènes de l’opérette initiale. Par contre, il a regroupé les scènes qui vont ensemble et les classifier dans un même couplet, selon le concept logique du mouled. Un mouled qui n’est pas comme les autres. Ce qui nécessite une certaine transition musicale entre les scènes et c’est ce qui donne du temps aux personnages pour entrer en scène et se déplacer. La différence, c’est que maintenant, ce ne sont pas des marionnettes qu’on met en scène, mais des êtres humains, à mouvements bien rythmés. Ces derniers sont habillés avec beaucoup de détails vestimentaires et de fameux accessoires qui s’inspirent du folklore et de la vie rurale. Le tarbouche, le cornet du guignol, les tambourins des petits enfants, les djellabas et les turbans accentuent l’âme populaire de l’Opérette qui resta gravée dans la mémoire collective du public égyptien. Cette ambiance festive, ce folklore et ces chansons inoubliables appartiennent à une époque lointaine que l’on regrette toujours.
A la fin du spectacle de La Grande nuit, une scène panoramique du mouled constitue le tableau final, qui regroupe tous les personnages de cette nuit ainsi qu’un bon nombre de marionnettes incarnant ces personnages. Une manière de rendre hommage aux pionniers de l’ancienne Leila al-kébira. Le tout fredonne sur un beau mixage entre musique orientale populaire et classique, avec l’Orchestre symphonique du Caire, accompagnée  par la troupe nationale de la musique arabe.


 

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