Un cycle de films du réalisateur français Alain Resnais sera donné au Centre culturel français d’Ale

15-12-2011 09:05 AM

Névine Lameï


Le Centre culturel français d’Alexandrie propose tout au long du mois de décembre de projeter un bon nombre de films du réalisateur français Alain Resnais, à savoir: “L’année dernière à Marienbad”, “Muriel”, “Hiroshima mon amour”, “Mon oncle d’Amérique”, “Cœurs” et “Stravisky’. Le sujet le plus facilement identifiable du cinéma de Resnais est la mémoire. Contre la reconstitution, dans tous ses films, Resnais confronte les lambeaux de cette mémoire avec la réalité d’aujourd’hui. Cette mémoire au présent suppose l’oubli, elle est trouée ; elle est fondée sur des vides et ce par ces interstices que l’image fait retour. Elle suppose une interrogation sur elle-même et une fragilité de son fonctionnement, comme dans son film “L’année dernière à Marienbad’ qui sera projeté ce soir, à 19h, Resnais s’associe avec Alain Robbe-Grillet pour appliquer la révolution du Nouveau Roman au bouleversement cinématographique engagée à travers le monde dans les années 1960. Les événements du film se déroulent dans un grand hôtel fastueux, un homme tente de convaincre une femme qu’ils ont eu une liaison l’année dernière à Marienbad. A suivre avec les comédiens français Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi et Sacha Pitoeff. Quant au second film “Muriel” qui sera projeté le 9 décembre, c’est un film franco-italien, avec Delphine Seyrig, Jean-Pierre Kerien et Jean-Baptiste Thierree. Un film qui traite de l’itinéraire de quelques personnages dans Boulogne, hantés par le souvenir des catastrophes de l’histoire contemporaine (les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie). Un autre film franco-japonais qui sera projeté le 13 décembre et qui a été lauréat de prix de la critique au festival de Cannnes 1959, c’est “Hiroshima mon amour”. Un film dont les événements se déroulent en août 1957, à Hiroshima. Dans la pénombre d’une chambre se trouve un couple nu, enlacé. Elle, une jeune actrice française d’une trentaine d’années venue pour jouer dans un film sur la paix. Lui, un architecte japonais. C’est l’histoire de leur impossible amour. Autre film lauréat du grand prix du jury et le prix de la critique festival de Cannes 1980, c’est “Mon oncle d’Amérique’. Ce dernier sera projeté le 16 décembre à Alexandrie. Le film traite du professeur Laborit qui part de l’exemple de trois destinées pour illustrer ses théories scientifiques sur le comportement humain. A suivre avec Gérard Depardieu, Nicole Garcia et Roger Pierre. Le 20 décembre sera projeté à Alexandrie, le film “Cœurs” qui traite de Thierry, agent immobilier, Charlotte sa collaboratrice, Nicole et Daniel un couple difficile, Gaëlle, soeur cadette de Thierry et Lionel, barman sont des personnages bouleversés par le destin. Dernier film du mois de décembre (le 23 décembre) du cycle de films d’Alain Resnais, c’est “Stravisky”. Ce film évoque la vie de Stavisky, escroc assassiné en janvier 1934 dans un chalet de Chamonix après avoir émis de faux bons de caisse au Crédit municipal de Bayonne. Cycle de films à ne pas rater. Resnais, le cinéaste et réalisateur Il est à savoir qu’à l’âge de quatorze ans, Alain Resnais a tourné ses premiers courts-métrages, dont une adaptation de “Fantomas”. Outre le cinéma, il se passionne pour la photographie, la peinture, la bande dessinée et la littérature. Il affectionne particulièrement les œuvres d’Harry Dickson, Marcel Proust et André Breton. Sa carrière de réalisateur commence avec “Van Gogh”, en 1948, un court-métrage documentaire produit par Pierre Braunberger, puis, il tourne des documentaires pendant une dizaine d’années. Les thèmes abordés sont très variés : la guerre d’Espagne vue par Picasso ou l’usine Pechniney. En 1959, Alain Resnais réalise son premier long-métrage de fiction, écrit par Marguerite Duras qui est “Hiroshima mon amour”. Le film a beaucoup de retentissement, il est apprécié à la fois par la critique et le public. Resnais enchaîne avec “L’Année dernière à Marienbad”, en 1961, cinéroman créé avec Alain Robe Grillet. Il commence à définir son style, teinté de surréalisme, de distanciation et de déconstruction de la narration linéaire. Dans ses films, on retrouve souvent un engagement social et politique. Outre Hiroshima mon amour (évoquant non seulement la bombe, mais aussi la collaboration) et L’Année dernière à Marienbad (où c’est plus abstrait), on peut citer par exemple “Muriel”, en 1963, qui traite de la torture pendant la guerre d’Algérie, en 1966, qui raconte l’histoire d’un militant communiste sur fond de guerre d’Espagne ou encore “Stravisky”, en 1974, qui évoque un scandale financier de la Troisième République. Les thèmes abordés même s’ils sont variés tournent toujours autour des mécanismes psychologiques, de la question du libre arbitre (voire de son pendant, le conditionnement dans “Mon oncle d’Amérique” où il illustre les recherches d’Henri Labortit). Dans son ensemble, l’œuvre de Resnais dénote une profonde unité, remettant en cause les codes de la narration cinématographique traditionnelle. Le metteur en scène abolit, dans ses premiers films de fiction, le récit à intrigue et explore une réalité aléatoire, construite sur des hasards, des obsessions, des moments incompréhensibles et non-linéaires. Ces situations font généralement s’entrecroiser différents personnages ou différentes époques dans un même lieu, ou dans un univers volontairement artificiel et théâtral. À cette recherche, s’ajoute le travail minutieux de montage qui juxtapose différents espaces et temps pour sonder la mémoire collective et individuelle. Cette technique permet au réalisateur d’illustrer le chaos de l’existence fait d’images contradictoires, de mélange de souvenirs, d’événements vécus, de moments imaginés et de fantasmes, tous plus proches de la réalité de l’esprit, consciente ou non, que l’ordre et la régularité voulus par une fiction classique. La polyphonie est un ressort central du cinéma de Resnais et prend plusieurs tonalités : grotesque, comique et dramatique. Son film “Cœurs” réalisé en 2006, écrit par l’homme de théâtre Jean Michel Ribes, se veut une sorte de synthèse de ses préoccupations artistiques. Que ce soit dans ses films documentaires ou de fiction, Alain Resnais est réputé pour son travail de documentation méticuleux. Une manière de donner à ses films une certaine profondeur.

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