Tensions sociales au Royaume-Uni

15-12-2011 09:07 AM


 

Les émeutes qui ont secoué Londres et d’autres villes anglaises pendant quatre nuits n’ont rien à voir avec la politique mais ont été motivées par la volonté de voler, a affirmé le Premier ministre britannique David Cameron jeudi dernier à Londres.

Il ne s’agit “pas de politique, ni de manifestation mais de vol”, a déclaré M. Cameron. “Nous ne laisserons pas un climat de peur s’instaurer dans nos rues”, a-t-il ajouté devant le Parlement britannique, réuni en session extraordinaire au sujet des pires émeutes urbaines qu’ait connues le pays depuis des décennies.

Le Premier ministre n’a pas exclu le recours à l’armée dans le futur.

“Des personnes ont soulevé la question de l’armée. Ma responsabilité est de veiller à ce qu’on regarde toute éventualité, y compris si il y a des tâches que l’armée peut assurer et qui laisserait les mains libres à la police sur la ligne de front”, a assuré M. Cameron.

La mort d’un homme, tué par la police la semaine dernière à Londres, a été “utilisé comme excuse par des voyous opportunistes dans des gangs, d’abord à Tottenham (quartier du nord de la capitale), puis dans tout Londres et ensuite dans les autres villes” du pays, a ajouté le Premier ministre conservateur

“C’est de la criminalité pure et simple. Et il n’y a pas d’excuse pour cela”, a-t-il insisté. “On ne supportera pas cela dans notre pays”, a-t-il prévenu.

“La criminalité a un contexte, a-t-il ajouté. Ce n’est pas un problème de pauvreté mais de culture. Une culture de violence, de manque de respect vis-à-vis de l’autorité.”

Le Premier ministre a par ailleurs assuré que les victimes des émeutes recevraient des compensations. “Si votre gagne-pain ou vos biens ont été endommagés, nous vous indemniserons”, a-t-il affirmé, annonçant la création d’un fonds de 22 millions d’euros (32 millions de dollars) pour venir en aide aux commerçants victimes des violences.

M. Cameron a aussi reconnu qu’il y avait eu “trop peu” de policiers mobilisés au début des émeutes. Mais “la riposte a été bonne” au final, a-t-il ajouté, en faisant référence au calme qui a régné dans la nuit de mercredi à jeudi dans le pays.

“Nous n’arrêterons pas la riposte tant que l’ordre n’est pas totalement rétabli dans nos rues”, a-t-il insisté, précisant que les personnes reconnues coupables de participation aux émeutes “devaient s’attendre à aller en prison”.

Des violences ont secoué pendant quatre nuits consécutives Londres et d’autres villes anglaises, où de nombreux commerces ont été pillés et plusieurs bâtiments incendiés. Elles ont fait quatre morts et au moins un blessé grave. Pour la première fois depuis le début samedi des violences, la nuit de mercredi à jeudi a été calme dans le pays, où un important dispositif policier et la pluie semblent avoir dissuadé les émeutiers.

Emeutes
Ces violences sont les plus graves au Royaume-Uni depuis les émeutes raciales qui avaient embrasé Londres dans les années 1980. Les scènes de magasins pillés, de véhicules incendiés et de bâtiments noircis par les flammes ont effrayé et scandalisé la population, à un an de la tenue des Jeux olympiques d’été dans la capitale en 2012. A Londres, où 770 personnes ont été arrêtées et 167 formellement accusées, dont un garçon de onze ans, des véhicules blindés et les forces de police patrouillaient les rues. Selon les autorités, 16.000 policiers étaient mobilisés, soit le triple des effectifs présents. Elles ont précisé qu’un grand nombre d’agents resteraient sur le terrain. Une présence qui semblait d’ores et déjà avoir eu un certain impact dans la capitale. Mais dans d’autres villes, la nuit a été chaotique. De nouvelles violences ont été signalées à Birmingham (centre), où quelque 250 personnes ont été interpellées après deux jours d’émeutes, ainsi qu’à Liverpool (nord), où environ 200 jeunes ont lancé des projectiles sur des policiers et des sapeurs-pompiers dans la nuit de mardi à mercredi, et où 44 arrestations ont été rapportées par la police. A Manchester (nord-ouest), des centaines de jeunes -certains paraissant âgés d’une dizaine d’années- se sont livrés à des saccages dans le centre, jetant des bouteilles et des pierres sur des policiers, vandalisant des magasins et en incendiant certains.

Des violences ont aussi été rapportées à Bristol (ouest) et Nottingham (centre) -ville où 90 personnes ont été appréhendées et où des émeutiers ont notamment lancé des cocktails Molotov sur un commissariat et mis le feu à une école. Pour la première fois, aussi, des incidents ont eu lieu à Leicester, Wolverhampton, West Bromwich, et Gloucester, dans le centre et l’ouest de l’Angleterre. Les violences n’ont cependant pas atteint la gravité des émeutes ayant touché Londres lundi dernier. Les troubles avaient éclaté dans le quartier défavorisé de Tottenham, dans le nord de la capitale, deux jours après la mort d’un homme de 29 ans, Mark Duggan, père de quatre enfants, tué par balle par la police.

Crise des valeurs morales
Ecourtant ses vacances en Italie, le Premier ministre David Cameron a regagné Londres et annoncer que toutes les mesures nécessaires seraient prises pour rétablir l’ordre. Il a aussi rappelé le Parlement pour une séance extraordinaire sur les émeutes. De hauts responsables britanniques ont déclaré qu’ils étudiaient la possibilité de faire usage de balles en plastique. De tels projectiles sont encore utilisés lors d’émeutes en Irlande du Nord mais n’ont jamais été utilisés par la police dans le reste du Royaume-Uni.

Dans ces quartiers dits “mixtes“, tout le monde cohabitait, soudé par ce multiculturalisme si cher à la Grande-Bretagne. Londres n’est pas une ville raciste. Mais la crise est passée par là. L’envolée du chômage a balayé les jeunes les moins diplômés. “Et la crise des valeurs morales a fait le reste, assurent des analystes. Fait potentiellement inquiétant, le groupe d’extrême droite English Defence League, a affirmé qu’un millier de ses membres à travers le pays se mobilisaient dans les rues pour dissuader les fauteurs de troubles. Cherchant des explications à cette flambée de violence, certains ont pointé du doigt les tensions sociales croissantes en Grande-Bretagne, où le gouvernement a décidé d’opérer des coupes drastiques dans les dépenses publiques d’ici à 2015 pour réduire le déficit budgétaire.

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