Sur les traces de Tolstoï

15-12-2011 09:05 AM

Névine Lameï


A l##occasion du centenaire de la mort du célèbre romancier russe Léon Tolstoï (1828-1910) un des écrivains majeurs de la littérature russe et auteur des chefs-d##œuvre : “Guerre et paix ” ou encore ” Anna Karénine “, le Journal de la Culture vient de recevoir l##académicien français Dominique Fernandez qui rend hommage à Tolstoï, dans son livre: “Avec Tolstoï “.

“Avec Tolstoï ” (Edité par la maison d’édition Grasset & Fasquelle, le 10 février 2010, Collection Littérature Française), est un  livre qui s’efforce de tracer quelques avenues dans une œuvre immense. Avec l’écrivain, académicien français, romancier, essayiste et grand voyageur, Dominique Fernandez, nous parcourons librement le monde de Tolstoï, et nous y apprécions cette justesse de ton, ce calme, cette mesure qui l’opposent à la frénésie de son rival, Dostoïevski. A côté des trois chefs-d’œuvre : ” Guerre et Paix “, ” Anna Karénine “, et ” Résurrection “, des dizaines de nouvelles et d’essais explorent tous les aspects de l’aventure humaine. ” Tolstoï, qui plaça son œuvre sous le double signe de la sexualité et de la mort, apparaît plus que jamais notre contemporain ” écrit Fernandez dans son livre .
Élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé d’italien en 1955, Dominique Fernandez devient en 1957 professeur à l’Institut français de Naples. En 1968, il soutient sa thèse sur ” L’Échec de Pavese “, et devient docteur ès lettres. Fernandez partage son temps entre son travail d’enseignant, l’écriture de ses livres et la rédaction de ses articles pour la ” Quinzaine littéraire “, ” l’Express ” ou ” Le Nouvel Observateur “. Il reçoit le Prix Médicis, en 1974, pour  ” Porporino ” ou les ” Mystères de Naples “, histoire d’un castrat dans l’Italie du XVIIIe siècle. En 1982, son roman fondé sur la vie de Pasolini, ” Dans la main de l’ange ” est couronné du Prix Goncourt. À 77 ans, Dominique Fernandez a été élu à l’Académie française, le 8 mars 2007. Fernandez est l’inventeur de la ” psychobiographie”.
Dans son livre ” Avec Tolstoï “, tout lecteur est invité à parcourir librement et richement le monde de Tolstoï, avec ses romans et ses nouvelles riches d’analyse psychologique et de réflexion morale et philosophique. Il est à savoir que Tolstoï a été frappé dès son enfance par le sentiment de l’absurdité de la vie (à la suite de la mort de son père). Par la suite, il refuse l’hypocrisie des relations sociales. Si certains ont pu rapprocher la pensée de Tolstoï d’un nihilisme fondé sur une morale personnelle, d’autres ont fait de l’écrivain russe un penseur important et influent de l’anarchisme chrétien. En effet, sa critique radicale de l’État, ses préoccupations envers les masses opprimées, l’importance de ses réalisations pédagogiques, sa recherche de cohérence sur le plan personnel, en ont fait un penseur proche de l’anarchisme. Pour lui, l’art est un moyen de communication des émotions et d’union entre les hommes.
Marqué par des conflits comme la Guerre de Crimée (1853-1856) durant laquelle il a été mobilisé, relatée dans ” Récits de Sébastopol “, ou les conflits passés telles les Guerres napoléoniennes, qui constituent la trame de son œuvre majeure: ” Guerre et Paix “, Tolstoï entame à partir des années 1870 une sorte d’introspection, en forme de quête spirituelle. En 1879, Tolstoï se convertit au christianisme qu’il évoque dans ” Ma confession et Ma religion “, mais il est très critique par rapport à l’Eglise orthodoxe russe. Son christianisme reste empreint de rationalisme, la religion étant toujours chez lui un sujet de violents débats internes, ce qui l’amènera à concevoir un christianisme détaché du matérialisme et surtout non-violent. Par ailleurs, Tolstoï entame à partir des années 1870 une quête spirituelle et religieuse qui se reflète dans ses œuvres. Il multiplie alors les considérations philosophiques qu’il mêle aux événements romanesques comme dans ” Anna Karénine ” ou encore ” Résurrection ” (1899).
.A la fin de sa vie, Tolstoï devient une sorte de maître à penser prônant une vie simple et morale et combattant les institutions oppressives et les formes de violence.  Sa critique des institutions oppressives et sources de violence inspirera le Mahatma Gandhi, ainsi que Romain Rolland. Leur message sera ensuite repris par Martin Luther King, Neslon Mandella, Steve Biko et bien d’autres. Gandhi traduira de Tolstoï ” Lettre à un Hindou ” en 1908, où l’écrivain russe dénonce des actes de violence de nationalistes indiens en Afrique du Sud. De même, Rolland publiera peu après le décès de Tolstoï sa biographie: ” Vie de Tolstoï “. On constate là des liens subtils entre diverses personnalités imprégnées d’idées progressistes et humanistes qui en inspirent d’autres et qui ne font qu’améliorer le sort du monde.

 

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