Sud-Soudan: 99% disent oui pour le nouveau pays

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli



Les Sud-Soudanais se sont prononcés à 98,81% en faveur de l’indépendance lors d’un référendum tenu du 9 au 15 janvier, selon les résultats préliminaires diffusés par la commission référendaire. Les résultats définitifs sont attendus entre le 7 et le 14 février. L’information est quasiment passée inaperçue chez nous, après dépouillement de 98.7% des voix exprimées, les partisans de l’indépendance l’emportent avec 98.8%, selon les chiffres diffusés sur le site internet de la commission électorale. “Jusqu’à présent, 100% des bulletins de vote dans le Nord et à l’étranger et 98.7% de ceux du Sud-Soudan ont été dépouillés”, indique-t-elle. “Il s’agit de chiffres incomplets et provisoires dans l’attente de la proclamation des résultats définitifs. Ils peuvent être sujets à des modifications”, précise-t-elle sur la page d’accueil du site. Quelques jours auparavant, la commission électorale avait déjà confirmé que le seuil des 60% de participation nécessaire à la validation du résultat avait été atteint.


Ce scrutin était prévu dans les accords de paix de 2005 qui ont mis fin à des décennies de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien. Un conflit ayant fait plus de deux millions de morts, nordistes et sudistes confondus. Les affiches électorales présentaient l’indépendance comme une libération à l’égard d’une oppression du Nord-Soudan. Pour l’instant, les dirigeants sud-soudanais se gardent de tout triomphalisme et ont demandé aux électeurs de ne pas organiser de célébrations qui pourraient être interprétées comme une provocation par le Nord.


Réforme nationale
Une réforme importante de l’exécutif sera opérée au Soudan après la publication des résultats définitifs du référendum sur l’autodétermination des provinces sud du pays, ont annoncé lundi les médias soudanais. Tout porte à croire qu’à la suite du scrutin, qui s’est déroulé du 9 au 15 janvier, le Soudan sera divisé en deux Etats distincts. Ce processus demandera l’élaboration d’une nouvelle constitution qui remplacera celle de la période transitoire, adoptée en 2005, ainsi qu’une transformation radicale des pouvoirs exécutif et législatif. Il s’agit notamment de supprimer le poste de premier vice-président de la république actuellement occupé par le chef du gouvernement sudiste et d’exclure tous les Sud-Soudanais du parlement, du gouvernement, de la cour constitutionnelle et des commissions indépendantes en charge des élections, du pétrole et des non-musulmans. Selon une source au sein de la chancellerie présidentielle, le chef de l’Etat Omar el-Béchir a déjà engagé des consultations sur la formation d’un gouvernement élargi. Il envisage de dissoudre le législatif actuel une fois les résultats du référendum annoncés afin de créer un gouvernement intégrant les représentants de l’opposition.


Noveau pays et superpuissances
L’Union européenne et de la fondation américaine Carter ont estimé que le référendum était “crédible” et respectait “les normes internationales”.De son côté, le président soudanais Omar el-Béchir s’est engagé à reconnaître la sécession du Sud-Soudan. On devrait donc s’attendre à la création d’un nouveau pays, le 193ème au monde, pour le 9 juillet prochain. L’Union africaine souhaite être la première organisation à reconnaître l’indépendance du Sud-Soudan prévue normalement en juillet, a assuré mercredi son président Bingu wa Mutharika, lors d’un passage dans cette région ayant voté massivement pour sa sécession.


Par aillieurs, il y a un conflit entre deux puissances, qui sont la Chine qui a le pétrole, les Etats-Unis qui ont l’influence politique: les deux superpuissances avancent chacune à leur manière leurs pions sur l’échiquier du Sud-Soudan, vaste région gorgée de ressources naturelles appelée à devenir un pays indépendant dès cette année. Les Etats-Unis, qui ont investi des millions en aide humanitaire pendant la guerre civile et accueilli des milliers de Sudistes, sont considérés comme un allié stratégique du Sud-Soudan, contrairement à la Chine, principal allié du pouvoir à Khartoum. L’ex-président Jimmy Carter, le sénateur John Kerry, l’envoyé spécial Scott Gration: les Américains ont observé de près le déroulement du référendum d’autodétermination du Sud-Soudan, qui se termine samedi et devrait mener à l’indépendance de la région. Les Etats-Unis avaient joué un rôle majeur dans la signature de l’accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, arabo-musulman, et le Sud, afro-chrétien, et sont impliqués dans les négociations sur le futur des relations Nord-Sud. Levée des sanctions économiques, retrait du Soudan de la liste des pays terroristes, efforts pour réduire la dette soudanaise: Washington a “des carottes” pour convaincre Khartoum de maintenir des relations Nord-Sud pacifiques en cas de sécession du Sud-Soudan.


La Chine, premier client du pétrole soudanais, vend ses armes à Khartoum, et lui sert parfois de paratonnerre au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais avec 80% des réserves pétrolières soudanaises, évaluées à plus de six milliards de barils, enfouies au Sud, Pékin a dû changer son image d’allié de Khartoum auprès des autorités sudistes. A Juba, capitale du Sud semi-autonome, la Chine a ouvert un consulat en 2008 et la société pétrolière CNPC a investi dans un centre informatique pour l’université locale. Les autorités sudistes ont reçu à l’automne une délégation du Parti communiste chinois.

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