Strauss-Kahn lance un appel à la coordination à la veille du G20

15-12-2011 09:05 AM


Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a lancé jeudi, à la veille d’une réunion du G20 à Washington , un appel à la coordination entre grandes puissances économiques, les prévenant que leurs réformes financières étaient parfois “incohérentes”.

“Il y a de nombreux domaines, concernant les agences de notation, les transactions de gré à gré, les fonds spéculatifs, d’autres problèmes, où ce qui est déjà annoncé sinon mis en oeuvre, par les États-Unis, les Européens, les Japonais ou d’autres, est tout simplement incohérent”, a déclaré M. Strauss-Kahn lors d’une conférence de presse à Washington.

Ces réformes ont été lancées dans de nombreux pays pour éviter la répétition d’une crise financière aussi grave que celle de 2008-2009, qui a plongé l’économie mondiale dans la récession, et a été en grande partie attribuée à l’inertie des autorités publiques face aux risques pris par les banques.

Le dossier est entre autres l’une des priorités du président américain Barack Obama, qui a prononcé jeudi à New York un discours pour tenter de convaincre Wall Street de s’allier à son projet de réforme.

Pour M. Strauss-Kahn, les intentions sont bonnes, mais leur concrétisation pose parfois problème.

“Nous avons une pression politique dans la plupart des pays, entre les États-Unis, l’Union européenne et d’autres, qui demande aux gouvernements d’avancer plus rapidement et de mettre en oeuvre les réformes plus rapidement”, a-t-il relevé.

“Et le risque à cela, qui n’est pas seulement un risque, mais qui s’est quelque peu matérialisé, c’est qu’en faisant ainsi, les différentes parties du monde auront leurs propres propositions, qui ont toutes un sens quand on considère les intérêts et les problèmes des pays préparant ces réformes, mais qui peuvent être quelque peu incohérentes”, a-t-il souligné.

Concernant la réforme en discussion au Sénat des États-Unis, et en particulier les projets pour taxer les banques afin de récupérer l’argent public investi pour renflouer le système financier, le dirigeant du FMI a estimé que la proposition n’était “pas si éloignée de ce que nous proposons nous-mêmes”.

Le Fonds a remis aux ministres des Finances et banquiers centraux du groupe des pays riches et émergents du G20, réunis vendredi à Washington, un rapport sur la taxation du secteur financier.

Selon une version préliminaire publiée par la BBC, il proposerait deux taxes, l’une s’appliquant à chaque institution financière sur le total de leurs actifs, et pondérée en fonction des risques, et l’autre sur leurs profits et rémunérations.

“Ce n’est qu’un rapport d’étape, au sujet duquel nous allons écouter les ministres avant de produire la version finale”, remise aux chefs d’État et de gouvernement lors d’un sommet du G20 prévu au Canada en juin, a souligné M. Strauss-Kahn.

Il a également appelé à la coordination sur la question des taux de change, au lendemain de la publication d’un rapport du FMI relevant que plusieurs monnaies asiatiques étaient “sous-évaluées, dans des proportions considérables dans le cas du yuan”, et que le dollar et l’euro étaient au-dessus de leur valeur fondamentale.

“Les discussions sur cette question, de notre point de vue au FMI, il vaudrait beaucoup mieux qu’elles se tiennent au sein d’institutions multilatérales, plutôt que de manière bilatérale entre les deux grands acteurs, à savoir la Chine et les États-Unis”, a insisté M. Strauss-Kahn, en référence aux pressions de Washington pour faire cesser l’arrimage du yuan au dollar.

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