Situation tendue au Proche-Orient

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli -Michael Victor


 Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré que l’Egypte soutient entièrement le Liban face aux violations israéliennes.  Lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre libanais Saad Hariri, Aboul Gheit a confirmé que l’Egypte soutient complètement le gouvernement libanais face aux violations israéliennes de la souveraineté libanaise.  Plus tôt dans la journée, les forces israéliennes et l’armée libanaise se sont affrontées à Adisah, au sud du Liban, tuant trois soldats libanais et un journaliste libanais. Aboul Gheit a déclaré que l’Egypte rejette complètement toute forme de violations de la souveraineté libanaise et condamne l’infraction israélienne de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU  Le président Hosni Moubarak a également reçu un appel téléphonique de Saad Hariri, qui l’a informé des développements dans le sud du Liban après les attentats israéliens aux frontières.  Le ministère des Affaires étrangères a contacté les Etats-Unis, la France et l’ONU mardi pour leur demander d’intervenir immédiatement afin de mettre fin aux attaques israéliennes contre le Liban. L’Egypte a appelé toutes les parties concernées à faire pression sur Israël pour que ce dernier se contrôle et s’abstienne d’accroître les tensions dans le sud du Liban.  Les affrontements israélo-libanais ont également tué quatre soldats libanais et ont blessé un correspondant de la chaîne Al- Manar, selon la chaîne de télévision panarabe Al-Jazira. Ces affrontements sont les premiers du genre depuis la guerre de 2006 entre Israël et le groupe armée chiite libanais Hezbollah, qui a duré 34 jours et qui a pris fin avec la Résolution 1701 de l’ ONU. Forces armées libanaises Les tirs de l’armée libanaise à l’encontre de Tsahal étaient “totalement injustifiés et délibérés”, a estimé mercredi le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, au lendemain des accrochages qui ont coûté la vie à trois Libanais et à un officier israélien. “Les tirs des forces armées libanaises étaient totalement injustifiés et délibérés”, a déclaré à la presse Crowley. Le porte-parole du département d’Etat s’exprimait dans la foulée d’une déclaration de la Force des Nations unies au Liban (Finul) affirmant que les arbres qu’Israël a tenté de déraciner mardi, entraînant les heurts meurtriers à la frontière, se situaient “du côté israélien” .”La Finul a établi  que les arbres coupés par l’armée israélienne se situent au sud de la Ligne bleue, du côté israélien”, a indiqué mercredi la Finul dans un communiqué. La Ligne bleue a été tracée par l’ONU à la suite du retrait de l’armée israélienne en mai 2000 du Liban sud au bout de 22 ans d’occupation pour faire office de frontière. A la suite de la déclaration de la Finul, le Liban a maintenu sa version selon laquelle l’arbre se trouvait en territoire libanais. Enquête de la Finul La tension est quelque peu retombée entre Israël et le Liban après les heurts qui ont fait  4 morts à la frontière entre les deux pays. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a souhaité qu’il n’y ait “pas d’escalade” et que les choses redeviennent normales. Le Liban, lui, a prévenu qu’il riposterait à toute nouvelle agression. Le cabinet israélien de sécurité fait porter l’entière responsabilité de l’incident à la frontière nord au gouvernement libanais. Les ministres, réunis à la présidence du Conseil, ont lancé une mise en garde à Beyrouth: “Si de tels événements venaient à se reproduire, la riposte israélienne serait beaucoup plus sévère”, selon la radio nationale israélienne. Des messages en ce sens ont été transmis au gouvernement libanais notamment par l’intermédiaire de la Force intérimaire des Nations unies au Liban et également par la voie diplomatique. Les ministres n’ont pas caché leur satisfaction des conclusions de l’enquête menée par les casques bleus de la Finul qui ont déterminé que les soldats de Tsahal se trouvaient bien en territoire israélien au moment du déclenchement des tirs. Les membres du cabinet se sont par ailleurs déclarés inquiets du quasi-ralliement, à leurs dires, de certaines unités de l’armée libanaise au mouvement chiite Hezbollah. Quant au ministre de la Défense, Ehud Barak, il estime que la réaction israélienne était “mesurée, juste et immédiate. Il faut tout faire, ajoute-t-il, pour qu’un incident ponctuel ne dégénère pas en conflit généralisé “. Selon la Finul, la Force intérimaire de l’ONU au Liban, “l’arbre de la discorde”, à l’origine des plus graves troubles entre l’Etat hébreu et le Liban depuis l’offensive de 33 jours de l’armée israélienne contre le Hezbollah à l’été 2006, se trouvait au sud de “la ligne bleue” qui sépare le Liban d’Israël. Donc en territoire israélien, près du village d’Adaïsseh.  Fragile équilibre   Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a parlé d’une “très grave provocation délibérée” à laquelle Israël a ponctuellement riposté. Mais il a ajouté que celle-ci “n’a été planifiée ni par le Q G central de l’armée libanaise, ni par celui du Hezbollah”. Il appelle cependant le gouvernement libanais à “contrôler ses forces armées”. C’est tout le problème. Israël a jusqu’à présent plus ou moins fait confiance aux trois brigades de l’armée libanaise déployées dans le sud du Liban pour éloigner, conjointement avec la Finul, les miliciens du Hezbollah. En quatre ans, seule une salve de roquettes Katiouchas a été tirée contre Israël depuis le sud du Liban par un groupe radical palestinien, faisant un blessé léger. L’armée libanaise n’a de son côté ouvert le feu qu’une seule fois (début 2007) contre des militaires israéliens, sans faire de blessé. Or, ces derniers mois, les relations de voisinage se sont détériorées: insultes, menaces, provocations, incidents mineurs. Selon les renseignements militaires israéliens, cela tient notamment au fait qu’une bonne partie des commandants de l’armée libanaise adhère désormais à la rhétorique du Hezbollah, membre du gouvernement à Beyrouth. Sceptiques sur la fiabilité de l’armée libanaise, les dirigeants israéliens mettent en garde contre les armements lourds que –Washington et Paris veulent lui livrer.   Enjeux du Hezbollah  Le chef du Hezbollah chiite Hassan Nasrallah a accusé Israël d’avoir assassiné l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, indiquant qu’il allait bientôt présenter des “éléments” en ce sens qui aideraient l’enquête menée par un tribunal de l’ONU. “J’accuse l’ennemi sioniste d’avoir assassiné le Premier ministre martyr Rafic Hariri le 14 février 2005”, a-t-il dit dans un discours diffusé sur grand écran devant des milliers de ses partisans rassemblés dans la banlieue sud de Beyrouth. “Lors d’une conférence de presse, je vais présenter des éléments qui vont dévoiler des pistes importantes au niveau de l’enquête en vue de parvenir à la vérité”, a-t-il précisé dans ce discours à l’occasion du quatrième anniversaire de la fin de la guerre de 2006 entre le Hezbollah et l’Etat hébreu. Le chef du Hezbollah a souvent critiqué le fait que l’enquête internationale menée par l’ONU ne s’était jamais penchée, selon lui, sur la piste israélienne dans l’assassinat de Hariri, ancien Premier ministre millionnaire tué dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth. Nasrallah a par ailleurs affirmé qu’il présenterait “une preuve concrète et audiovisuelle sur les tentatives d’Israël, à travers ses agents, de profiter de la rivalité politique qui existait entre Rafic Hariri et le Hezbollah pour convaincre son entourage que le parti avait l’intention d’assassiner” le dirigeant. La Syrie, alliée du Hezbollah dans la région et qui avait été montrée du doigt dans l’assassinat de Hariri, a toujours démenti toute implication dans cette affaire.
 encadre
L’Egypte met en cause des activistes de Gaza
Les services de sécurité égyptiens estiment que des activistes de la bande de Gaza pourraient être à l’origine des roquettes qui ont touché Israël et la Jordanie lundi dernier. Celles-ci ont été tirées à partir de la péninsule égyptienne du Sinaï, selon la police israélienne. Les engins explosifs avaient touché la station balnéaire israélienne d’Eilat ainsi que le port jordanien d’Aqaba, y tuant un civil. “Les informations préliminaires reçues par les services de sécurité indiquent que des factions palestiniennes de la bande de Gaza sont derrière cette opération”, rapporte mercredi 4 août l’agence de presse égyptienne MENA, citant une source dont l’identité n’est pas précisée. Ce responsable officiel anonyme laisse également entendre que les engins ont bien été tirés du Sinaï, comme affirmé la veille par un haut responsable jordanien.  LA SÉCURITÉ DU SINAÏ   “L’Egypte ne tolérera jamais, en aucune circonstance, que son territoire soit utilisé par quelque groupe que ce soit pour porter atteinte aux intérêts du pays.  Les efforts en matière de sécurité sont intensifiés pour déterminer les circonstances” des tirs, explique également la MENA. Divers responsables de la sécurité égyptienne avaient jusqu’ici estimé “impossible” de procéder à une telle attaque depuis le Sinaï en raison du haut degré de surveillance de cette région sensible, frontalière avec Israël.
Un officiel égyptien avait toutefois admis mardi, sous couvert de l’anonymat, que l’Egypte avait engagé une vaste opération de ratissage dans ce secteur après les tirs. La Jordanie a assuré de son côté avoir des “preuves” que la roquette, de type Grad, provenait de la péninsule du Sinaï. L’Egypte a considérablement renforcé son dispositif sécuritaire dans la région après une série d’attentats commis entre 2004 et 2006 contre plusieurs grandes stations touristiques (Charm el-Cheikh, Taba et Dahab) qui avaient fait 130 morts au total. Ces dernières années, les autorités égyptiennes ont également annoncé à plusieurs reprises des arrestations de militants palestiniens projetant des attentats anti-israéliens dans le Sinaï, ou cherchant à s’introduire en Israël par cette région.
 
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