Russie, un pays à haut risque

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Le service de protection des forêts de Bryansk a augmenté les patrouilles dans la région de l’ouest de la Russie touchée par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl pour éviter que des incendies ne répandent des particules radioactives dans l’atmosphère. “Nous avons eu plusieurs incendies mais la situation ici n’est pas aussi difficile que dans les régions autour de Moscou”, a assuré mercredi à l’Associated Press Irina Egorouchkina, porte-parole de la branche régionale de Bryansk du ministère russe des Situations d’urgence. Au moins six feux ont pris dans la région au cours de la semaine écoulée mais tous ont été rapidement éteints, a-t-elle affirmé, en ajoutant que les niveaux de radiation demeuraient normaux dans cette zone frontalière du Bélarus et de l’Ukraine.  Vladimir Rozinkevitch, qui dirige le service de protection des forêts de la région de Bryansk, explique que les patrouilles ont été renforcées autour des forêts et particulièrement dans le sud-ouest de la région, qui avait été affecté par les retombées de Tchernobyl. “Il y a un danger mais nous contrôlons la situation”, a-t-il déclaré. Le 26 avril 1986, le réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, qui faisait alors partie de l’Union soviétique, a explosé. Le nuage radioactif a survolé une étendue s’étirant de l’ouest de l’URSS au reste de l’Europe du Nord. A son passage, des particules se sont déposées dans le sol. Dans l’actuelle Russie, c’est la région de Bryansk qui a été la plus touchée: des zones boisées y ont été contaminées.  Greenpeace et d’autres organisations écologistes redoutent que les incendies qui ravagent les forêts et les tourbières russes ne soulèvent les particules radioactives du sol et que les fumées, poussées par les vents, ne les répandent. Selon Mme Egorouchkina, une équipe d’experts en radioactivité a été dépêchée de Moscou et a mené des vérifications exhaustives dans la région de Bryansk. D’après elle, cette équipe a conclu qu’il n’y avait pas eu de hausse du niveau de radioactivité. L’agence Interfax rapporte pour sa part que les flammes ont dévoré environ 3.900 hectares de végétation dans les régions russes affectées par Tchernobyl, dont Bryansk. La Russie connaît actuellement l’été le plus chaud de son histoire. Des centaines de feux de forêt font rage dans l’ouest du pays. Un épais nuage de smog a étouffé Moscou pendant une semaine.   Menace nucléaire De sa part, Roland Desbordes, président de la Criirad “Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité”, a signalé que les incendies en Russie menacent au moins trois sites nucléaires, Maïak, Snejinsk et Sarov. Les autorités russes disent avoir évacué les armes nucléaires, ce qui est relativement facile, car elles sont mobiles. Mais qu’en est-il des déchets nucléaires, des matériaux radioactifs entreposés dans des cuves, piscines ou fosses plus ou moins sécurisés? Le risque incendie dans les centrales nucléaires est généralement évalué par anticipation d’un feu qui vient de l’intérieur, plutôt que de l’extérieur. Il existe aussi le risque de démarrer une réaction en chaîne non contrôlée, si on ne respecte pas des règles de répartition des matières fissiles. Les autorités russes ont par ailleurs assuré jeudi que le niveau de radioactivité dans le pays était normal.
Enfin, la capitale russe était toujours épargnée jeudi par la fumée des incendies de la région qui l’avait fait suffoquer jusqu’à mardi. 

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