Rapide rapprochement entre Téhéran et Le Caire

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli



 
Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali-Akbar Salehi, a déclaré mercredi dernier que la visite d’une délégation égyptienne en Iran est un prélude à la reprise des relations entre Téhéran et Le Caire. Une délégation de 50 personnalités sociales, culturelles et religieuse égyptiennes est arrivée mardi dernier à Téhéran pour une visite de cinq jours sur invitation de l’Iran. “Le voyage d’un groupe de penseurs égyptiens est destiné à préparer le terrain pour améliorer les relations entre Téhéran et Le Caire,” a affirmé Salehi. Il a ajouté que l’Iran était prêt à reprendre les relations avec l’Egypte dès que possible.
L’Egypte a commencé à jouer son rôle important au Moyen- Orient, a déclaré Salehi lors d’une réunion avec la délégation égyptienne. “Aujourd’hui, nous témoignons que l’Egypte a joué son rôle sur la scène, et la réouverture du point de passage de Rafah est un exemple,” a rapporté l’agence de presse semi-officielle Fars en citant les propos de Salehi. Il a ajouté que l’Iran cherche à supprimer les obstacles existants dans la voie de la reprise des relations entre Téhéran et Le Caire. S’adressant à des journalistes en présence de la délégation égyptienne, M. Salehi a dit: “Ces hôtes pourront quitter Téhéran avec un bon souvenir qui se traduirait par le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Egypte.
 L’Iran est prêt à investir dans des projets énormes en Egypte grâce à la création de sociétés mixtes. Salehi a déclaré: “Je suis très optimiste sur l’avenir des relations entre les deux pays comme souhaité par les deux gouvernements et nations.” “Je pense que les deux pays, l’Iran et l’Egypte, sont les deux piliers du monde musulman et de la région, et de ce point de vue, la reprise et l’approfondissement des liens entre les deux pays sera certainement bénéfique pour la paix, la stabilité et la sécurité régionales,” a indiqué Fars en citant les propos de Salehi.
 
Un espion iranien
Le Caire a annoncé l’arrestation et l’expulsion d’un diplomate iranien soupçonné d’espionnage, une affaire qui jette une ombre sur les délicats efforts de rapprochement avec Téhéran engagés depuis le changement de régime en Egypte. Cette annonce a été faite peu après que l’agence officielle égyptienne Mena eut annoncé que le diplomate, arrêté quelques jours auparavant au Caire et interrogé par le Parquet de la sûreté de l’Etat, avait été relâché. Ce diplomate de la section d’intérêts iranienne au Caire, identifié comme Qassem Al-Hosseini, est soupçonné par l’Egypte d’avoir transmis des informations aux services de renseignements de son pays. La section d’intérêts iranienne, qui assure la représentation de Téhéran en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays, avait démenti cette arrestation, assurant que le diplomate était à son travail dans les locaux de la section.
 
Reprise des relations
L’ex-président égyptien Hosni Moubarak, comme de nombreux autres dirigeants arabes, nourrissait une forte défiance envers Téhéran, vu comme un élément déstabilisateur au Moyen-Orient. Depuis sa chute le 11 février, Le Caire et Téhéran sont engagés dans des efforts de rapprochement et des promesses d’oeuvrer à une normalisation diplomatique, qui n’ont jusqu’ici pas abouti. L’Egypte s’est dite prête à ouvrir “une nouvelle page” avec l’Iran, qui l’a appelée de son côté à faire un “pas courageux” pour rétablir les relations diplomatiques. Le nouveau pouvoir égyptien juge anormal que l’Egypte n’ait pas de relations diplomatiques avec Téhéran, ce qui le met dans la même situation qu’Israël et les Etats-Unis alors que des pays comme les monarchies du Golfe, très hostiles au réchauffement égypto-iranien, en ont.
 
Sécurité du Golfe
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Al-Arabi a rencontré son homologue iranien, Ali Akbar Salehi la semaine dernière en marge d’une réunion ministérielle du Mouvement des pays non-alignés qui s’est tenue en Indonésie, et les deux hommes ont discuté de la possibilité d’un échange d’ambassadeurs entre les deux pays. On évoquait même une reprise des relations diplomatiques rompues entre Le Caire et Téhéran depuis l’établissement de la République islamique en 1979. Mais Al-Arabi a fait marche arrière, il y a une semaine, indiquant que les relations ne seraient pas rétablies avant l’approbation du Parlement qui ne devrait pas être élu avant fin septembre. Ce rapide rapprochement entre Le Caire et Téhéran n’aurait pas été apprécié par les militaires du Conseil suprême qui ont pris en considération le mécontentement des principaux bailleurs de fonds de l’Egypte, les Etats-Unis et les monarchies du Golfe.



 

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