Pour la sauvegarde du patrimoine

15-12-2011 09:06 AM


Un travail de coopération égypto-français lance actuellement un projet national pour la création d’un immense archive du cinéma égyptien.
Le ministre de la Culture, Farouk Hosni, a fait état vendredi 26 novembre 2010, d’une coopération égypto-française pour transformer le palais de l’émir Omar Toussoun en musée de cinéma égyptien, regroupant un immense archive national du cinéma égyptien. Le ministre a indiqué que la coopération égypto-française dans ce domaine portera sur la coopération au sujet du patrimoine cinématographique commun.
Le choix du palais de l’émir Toussoun, intervient vu le style architectural unique distinguant le Palais qui sera à la fois un siège cinémathèque et un musée du cinéma égyptien. Il s’agit donc, d’un palais ancestral capable de préserver son histoire archéologique et architecturale datant de 1869. Ce chef-d’œuvre  architectural unique en son genre sera par conséquent un lieu décent pour l’industrie du cinéma égyptien. Un art qui a dépassé les 100 ans. 
Cet accord de coopération égypto-français, est un travail de collaboration entre le Centre National de la Cinématographie égyptien, et le Centre National de la Cinématographie français. Un accord qui avait été signé en marge de la récente édition du festival de Cannes en France. Après cet accord, le ministre de la Culture égyptien Farouk Hosni a accueilli une large délégation française , y compris Mme Béatrice de Buster, directrice des archives, de la collection et de la préservation du patrimoine cinématographique au Centre National du Cinéma de France. Accompagnée de Dr. Khaled Abdel Guélil, président du Centre National du cinéma d’Egypte, de Buster a visité plusieurs sites cairotes, pour choisir un siège adéquat, capable d’intégrer un archive complet du cinéma égyptien. Le choix a été porté sur le Palais du Prince Toussoun. Des experts français, à haute perception technique seront dotés d’un bon équipement nécessaire au cours de la mise en œuvre de ce projet national. Une manière de préserver le prestigieux patrimoine du cinéma égyptien contre carence. Comme c’était le cas de l’un des chefs-d’œuvre cinématographiques incontournables de Chadi Abdel Salam, à savoir: « La momie », l’un des films les plus classiques du cinéma arabe. Ce long métrage réalisé en 1969, a passé lors de la 33e édition du Festival international du film du Caire, par un travail de restauration, par l’association internationale “Cinéma du monde” présidée par le réalisateur américain Martin Scorsese. Cette version restaurée est celle qui a pris part au dernier Festival de Cannes. Il est à noter que le scénario dans  ” La Momie ” est basé sur des événements réels survenus au cours d’une expédition archéologique française dans la Vallée des Rois en 1881. Parce que certains objets impossibles à confondre ont été vendus clandestinement, les archéologues égyptiens se lancent à la recherche des tombes des pharaons de la XXIe dynastie. C’est une tribu basée près de Thèbes qui vit d’un tel trafic, après avoir découvert les tombeaux cachés dans la montagne. Mais l’un de ses membres, Wannis, tourmenté par sa conscience, songe à révéler aux archéologues l’emplacement des sarcophages.
Cet immense travail de coordination conjointe égypto-français, dans le domaine du cinéma, de la restauration architecturale et de la collection des chefs-d’œuvre du cinéma des deux pays, continue son parcours dans celui de rendre le Palais de l’émir Omar Toussoun, une cinémathèque et un musée du cinéma égyptien.
Le choix du Palais Toussoun
Le palais du Prince Omar Toussoun est un chef-d’œuvre architectural unique, situé à Rod Al Farag, au quartier de Choubra (à l’ouest du Caire).  Le palais d’Omar Toussoun qui est un monument au style islamique, a été construit par le prince Omar Toussoun, un nom important dans l’histoire de l’Egypte monarchique, qui n’est autre que le fils de Mohamad Saïd pacha et le petit-fils de Mohamad Ali, fondateur de l’Egypte moderne, qui a gouverné de 1805 à 1840.
Né à Alexandrie, en 1872, le prince Omar Toussoun qui s’est consacré à l’étude de l’histoire contemporaine de l’Egypte. était un grand historien et un chercheur. Le Prince Toussoun s’est marié avec la princesse Bahiga, fille du prince Hassan pacha, fils du khédive Ismaïl.
Le palais du Prince Omar Toussoun fut construit en 1892 selon le style européen. Ce chef-d’œuvre couvre une surface de 3.200 m2, y compris un énorme jardin dont il ne reste qu’une petite superficie qui demeure vide. Le palais se compose d’un ajout de deux étages, ouvert sur quatre ailes composées d’innombrables salles, de longs couloirs, et d’un plafond en bois décoré de dessins végétaux. Ceci sans oublier de mentionner  la chambre à coucher du prince, dotée d’une salle de bain à côté de laquelle se trouve un escalier en forme de spirale dont le balustre en fer forgé servait pour la montée et la descente du prince. Au centre du jardin du palais,  se trouve une fontaine en marbre.
C’est en 1975, qu’un incendie a détérioré des parties du palais. Il est à savoir que c’est le prince Omar Toussoun lui-même qui a offert ce palais en 1926, au ministère de l’Education pour l’utiliser en tant qu’établissement scolaire. Le palais n’a été enregistré en tant que monument islamique qu’en 1984. Un grand effort a été déployé par le Conseil Suprême des Antiquités, pour restaurer le palais. Ceci dans le cadre du projet de développement et de rénovation du Caire historique.
Névine Lameï


Histoire du cinéma égyptien
Le palais de l’émir Toussoun sera un immense emplacement cinémathèque et musée d’un grand archive du cinéma égyptien. Ce dernier a longtemps dominé les écrans du monde arabe par la qualité et la quantité de sa production. Le septième art n’y est pas un apport récent des décolonisations.
En 1895, les Frères Lumières, concepteurs du cinématographe, font leur première projection cinématographique privée en leur résidence : le Château Lumière à La Ciotat. Une année plus tard, en Égypte ont lieu les premières projections qui se font dans le hammam Schneider qui sera transformé en salle de cinéma et à Alexandrie. De nombreux cafés ont déjà leur projection d’images animées en 1896. En 1906, apparaît la première salle de cinéma et 5 ans plus tard 6 cinémas existent déjà au Caire. En 1917, le nombre monte à plus de 80 salles de cinéma en Égypte. Les premiers cinémas appartenaient presque exclusivement à des descendants européens et étaient dans des mains économiques étrangères.
Au début, les spectateurs égyptiens ne pouvaient assister qu’à des films français et quelques films italiens. Tous les films étaient des films muets. Ce n’est que vers les années 1912-1915 que les premières scènes de films sont tournées en Égypte. Ces petits films montrent principalement des scènes du quotidien. Le premier film égyptien est un moyen métrage produit en coopération italo-égyptienne d’une durée d’environ 35 minutes qui reste sans succès parce que sans fond intéressant et joué par des acteurs étrangers
Dès 1917,Mohamad Bayoumi tournait « le Fonctionnaire », comédie satirique à succès, alors que Mohamad Karim incarnait le héros dans « l’Honneur d’un Bédouin ». Le premier long-métrage égyptien, « Leila », fut réalisé en 1927.
Mais c’est dans les années 1930, avec l’arrivée du son, que le cinéma égyptien se développe. En 1932, « Awlad al zawat », avec Youssef Wahbi et Amina Rizk, est le premier film parlant. En 1935, Talaat Harb fonde les studios Misr. Ce qui permettra à l’Égypte d’avoir des studios équivalant aux principaux studios hollywoodiens. Le cinéma deviendra le secteur industriel le plus profitable après le textile.
Dans les années 1950, le cinéma s’est développé beaucoup plus rapidement en Égypte que dans tous les autres pays du Moyen-Orient dû au contexte politique et social. La vie y était dynamique et multiculturelle et n’était pas trop influencée par les colonialistes. Le gouvernement protégeait la langue arabe en 1942. L’arrivée du cinéma parlant (1932) permit l’entrée en scène de la comédie musicale, genre au sein duquel se retrouvaient tous les grands de la chanson égyptienne: Farid Al Attrach, Chadia, Oum Kolsoum Laïla Mourad, Sabah et autres Certains films marquent l’époque comme « Al warda al béda » (La Rose Blanche) (1932), de Mohamad Karim, et « Widad » d’Ahmad Badrakhane, premier film musical dans lequel chante Oum Kolsoum. Le son dans le cinéma permet d’exploiter le succès de la chanson populaire et les chanteurs, ce qui a un peu entravé le développement du cinéma dans d’autres pays arabes.
Jusqu’en 1940, les metteurs en scène se limitent à la farce ou au mélodrame: leur thème privilégié est celui de l’amour impossible entre une bergère et un prince, alors que les dénouements des intrigues complexes garantissent la victoire de l’innocence sur le vice. Aux moments d’intense suspense, des chansons aèrent la tension, et l’entièreté des acteurs ne tarde pas à pousser une chansonnette.
Dans les années 1940, la fin des restrictions d’importation et la fin de la 2e guerre mondiale permettent le mélange des genres au cinéma. On retrouve les danses orientale (danse du ventre) et folklorique qui se mélangent aux éléments du Music Hall américain. On retrouve de nombreuses adaptations du cinéma américain.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le cinéma égyptien va tenter de quitter confort ou loisir, pour se rendre dans les rues et ruelles du Caire.
En 1938, les Studios Misr produisent un film du réalisateur allemand Fritz Kramp. A savoir : « Lachine ». Le film salué par la critique pour son excellente qualité technique, dresse le portrait de la situation politique et sociale au temps du roi Farouk. Ce film permettra malgré tout de démontrer le grand savoir-faire des Studios Misr.
L’année suivante,  Abdel Ghani Salim (1913-1945) fut le premier réalisateur égyptien à faire partager ses préoccupations politiques dans « La Volonté » ou (« al-Azima », 1939). Un film très « réaliste » qui explore les problèmes de la société égyptienne sans chants ni danse, avec Fatma Rouchdi et Hussein Sedqi. Salim réalisera de nombreux autres films dont une adaptation égyptienne des « Misérables » de Victor Hugo (1943).
En  1945, Kamal Al Telmessani (1915-1972) écrit et réalise « Le marché noir » (al souk al soda) qui explore le thème des profiteurs de guerre enrichis par le trafic illégal. Le film est produit, encore une fois par le mythique Studios Misr.
Dans les années 1960, après la révolution de 1952, l’industrie est nationalisée. Entre 1963 et 1972, l’État égyptien créa l’Organisation générale égyptienne pour le cinéma et les firmes de production, dont les Studio Misr, sont nationalisées. La conscience politique était très faible et limitée à une critique sociale inoffensive. Il n’y avait pas de conviction socialiste ou politique très claire. Le nassérisme était parfois glorifié.
Les profonds bouleversements sociaux des années 1970, avec la disparition de Nasser, coïncident avec l’affirmation de renommées. Tels que Tawfiq Saleh, Hussein Kamal, Salah Abou Seif et Youssef Chahine. Ce dernier, davantage connu à l’étranger, mène une quête personnelle non conformiste, à laquelle s’identifient certains jeunes réalisateurs. Dans les années 1970 et 1980, c’est surtout son travail (comme réalisateur puis comme producteur) qui est connu à l’étranger. De nouveaux thèmes, plus dramatiques, apparaissent et de nouveaux ennemis sont dénoncés : la corruption, le matérialisme, la désintégration de la famille, l’ouverture économique.
L’un des réalisateurs qui a marqué le cinéma égyptien, c’est Chadi Abdel-Salam. Un réalisateur connu par son chef-d’œuvre « la Momie » (1969) et « le Paysan éloquent » (1970). D’autre part, la littérature demeure toutefois une source d’inspiration dominante, notamment avec les œuvres de Naguib Mahfouz, Tewfiq Al Hakim et Taha Hussein .
A la fin des années 1980, la production connut une “nouvelle vague”, avec des réalisateurs tels que  Mohamad Khan, Yousri Nasrallah, avec « Vols d’ét »é (1990). Ou encore Asma al-Bakri, « Mendiants et orgueilleux » (1992), qui est une adaptation du roman d’Albert Cossery.
Malgré la concurrence télévisuelle, le cinéma garde le cap, consistant, dans tout le monde arabe, et est un important vecteur de l’influence culturelle et linguistique de l’Égypte. Une prestigieuse histoire cinématographique égyptienne qui contribue à présent à la définition d’une identité culturelle arabe contemporaine.
Référence Wikipédia.

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