Bicentenaire de Louis Braille, inventeur des six points magiques
Le monde au bout des doigts
Cette année marque le bicentenaire de la naissance de Louis Braille, l’inventeur de la méthode de lecture et d’écriture à base de points en relief qui a changé la vie de millions d’aveugles et déficients visuels.
« Le braille a été adapté à toutes les langues de la terre , C’est une langue universelle ! » Grâce à lui, les non-voyants ont pu jouir d`une nouvelle vision du monde… Le 3 avril 2005, sous les auspices de M. Youssef Sidhom, Watani a lancé une édition qui leur est consacrée. Il s’agit d’une contribution pionnière à l’oeuvre de Braille, étant le premier journal à avoir eu cette idée. Nous profitons donc de cette occasion pour parler de ce grand homme qui a ouvert à tous ceux qui ne voient pas les portes du savoir…
Biographie
Louis Braille, né le 4 janvier 1809 à Coupvray près de Paris, mort le 6 janvier 1852, est l’inventeur du système d’écriture braille pour personnes atteintes de cécité ou malvoyantes. A l’âge de trois ans, Louis fut blessé à l’œil droit par une alêne provenant de l’atelier. La blessure s’infecta et l’infection, s’étendant à l’œil gauche, provoqua la cécité. A l’âge de dix ans, il obtint une bourse pour entrer à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles (désormais Institut National des Jeunes Aveugles) de Paris. A l’école, les enfants apprenaient à lire sur des lettres en relief mais ne pouvaient pas écrire parce que l’impression était faite avec des lettres cousues sur du papier.
A l’âge de treize ans, il invente un système de points en relief inspiré par la visite du capitaine à la retraite Charles Barbier de la Serre qui avait imaginé un système d’écriture de nuit permettant aux militaires d’échanger les ordres silencieusement. Ce système de Barbier est basé sur douze points, tandis que celui de Braille l’est sur six; de plus, en représentant des sons à la manière de la sténographie, il était très complexe. Braille a ensuite amélioré son système pour y inclure la notation mathématique et le solfège.
Un accident auquel on doit le braille
Le père de Louis Braille exerçait le métier de bourrelier du village, fabriquant des harnais, des sacs et des courroies de cuir. Déjà tout petit, Louis Braille manifesta un vif intérêt pour le maniement des outils. A partir du jour où il sut marcher et dès qu’il en avait l’occasion, il se glissait dans l’atelier de son père et commençait à y jouer. Mais, un jour de sa troisième année, alors qu’il faisait des trous dans un morceau de cuir avec un outil beaucoup trop lourd et gros pour lui, celui-ci lui échappa et vola droit dans son œil. Ses parents firent tout ce qu’ils purent même s’il n’y avait pas grand chose à faire excepté de bander l’œil atteint. Cependant, Louis, ne pouvant s’empêcher de gratter, augmenta l’infection qui finit par contaminer l’autre œil. La capacité visuelle de ses deux yeux diminua et finit progressivement par s’éteindre.
Aveugle, Louis Braille suivit les cours de l’école de Coupvray, de 1816 à 1818. Comme son accident ne lui avait pas fait passer l’envie de travailler le cuir, il s’y adonna de tout son cœur, ce qui, probablement, l’aida à développer son habileté manuelle.
Ses parents, qui savaient tous deux lire et écrire, se rendaient bien compte de l’importance d’une bonne instruction pour un enfant handicapé. Son père obtint alors, en écrivant plusieurs fois, et avec l’aide du curé de la paroisse et de l’intervention du maire, le marquis d’Orvilliers, Pair de France, l’admission de son fils à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles, école fondée par Valentin Haüy. Dès son entrée à l’institution, Braille apparut comme un élève de premier ordre.
Son invention
C’est aux alentours de 1819 que Louis Braille apprit l’existence de Charles Barbier de La Serre et de son invention. Immédiatement, il voulut y apporter quelques améliorations. Malheureusement, une grande différence d’âge séparait les deux inventeurs et, malgré son succès à l’Institut, personne ne fit attention à Louis. D’autre part, Barbier, qui avait un caractère entier, n’a jamais accepté que l’on touche au principe de son invention : représenter des sons, comme la sténographie, et non l’alphabet. Le dialogue n’a sans doute pas été facile entre le jeune écolier et l’inventeur, chevronné et sûr de lui ; il est probable aussi que Barbier, n’étant pas aveugle, ne ressentait pas la lecture par les doigts. Cela n’a pas empêché Braille de poursuivre la mise au point de son propre système, auquel il travaillait avec acharnement, surtout le soir et la nuit. Après quelque temps, son travail fut presque au point, vers 1825. C’est en 1827 (Braille avait dix-huit ans) que cette écriture reçut pour la première fois la sanction de l’expérience : la transcription de la « grammaire des grammaires ». En 1829 parut, imprimé en relief linéaire qui était encore l’écriture officielle à l’institution, l’ouvrage intitulé Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux, par Louis Braille, répétiteur à l’institution Royale des Jeunes Aveugles. On peut dire que c’était le « véritable acte de naissance du système braille ». Ce premier alphabet n’était pas exactement celui que nous connaissons, mais sa partie principale – les quatre premières séries – était la même qu’aujourd’hui ; il comportait, outre les points, un certain nombre de traits lisses qui ont rapidement disparu. Dans son exposé, Braille décrit la « planchette » et le « stylet » mais ne dit pas comment réaliser les traits lisses.
Malgré ses défauts de jeunesse, ce système était d’ores et déjà supérieur à celui de Barbier. Le plus grand avantage du système de Braille est que c’était un alphabet, calqué sur celui des voyants. Il donnait donc un accès réel et complet à la culture. Il était beaucoup plus facile à déchiffrer car ses caractères étaient de moitié moins hauts (six points maximum au lieu de douze) et pouvaient être facilement appris à tout aveugle. De plus, il demandait très peu d’entraînement, sans déplacement du doigt.
Bien que Barbier ait toujours refusé de se déjuger, il a cependant reconnu la valeur de la méthode de Braille, ce qui encouragea ce dernier à apporter des innovations à son écriture, telles que la notation musicale ponctuée qui est devenue de nos jours ce que l’on nomme la « Notation musicale braille internationale ». Par la suite, l’emploi du braille ne fit que se développer mais il fallut plus de vingt-cinq ans pour qu’il soit officiellement adopté en France.
Mort
C’est vers 1835 que les proches de Braille ont pu remarquer qu’il commençait à être sujet à des quintes de toux de plus en plus régulières. En tenant compte de ce fait, on allégea petit à petit ses tâches de professeur, ne lui laissant à partir de 1840 que ses leçons de musique. Il décida alors de lui-même, en 1844, d’abandonner définitivement l’enseignement. Il profita de son temps libre pour essayer de donner encore plus d’ampleur à son travail et inaugura en 1847 la première machine à écrire le braille. Cependant, c’est dans la nuit du 4 au 5 décembre 1851 qu’une hémorragie abondante du poumon l’obligea à cesser toute activité.
Alité, de plus en plus affaibli par des hémorragies successives, il mourut le 6 janvier 1852 d’une tuberculose, en présence de ses amis et de son frère, après avoir reçu l’extrême-onction. Il fut inhumé le 10 janvier à Coupvray, selon la volonté de sa famille. Il fallut attendre un siècle pour que la dépouille mortelle de Louis Braille, bienfaiteur de l’humanité, rejoigne enfin, au Panthéon, les plus grands des personnages français. Il fut cependant décidé de laisser, en hommage à son village d’enfance, ses mains inhumées dans sa tombe à Coupvray.
Héritage
Très peu de personnes, même parmi celles qui s’intéressent au sort des aveugles, savent que Braille ne s’est pas reposé sur ses lauriers après l’avoir mise au point.
Il restait en effet un problème important que le braille ne résolvait pas : celui de la communication entre aveugles et voyants, qui avait été une des préoccupations majeures de Valentin Haüy. On ne pouvait évidemment pas demander que le braille soit enseigné dans les écoles des voyants, même si cette écriture ne présentait aucune difficulté d’apprentissage pour qui utilisait ses yeux et non ses doigts. C’était aux aveugles de se mettre à la portée des voyants et Louis Braille en était parfaitement conscient. Mettant une fois de plus en action son imagination et son intelligence, il inventa une méthode nouvelle qu’il exposa en 1839 dans une petite brochure imprimée en noir, intitulée « Nouveau procédé » pour représenter par des points la forme même des lettres, les cartes de géographie, les figures de géométrie, les caractères de musique, etc., à l’usage des aveugles.
Le braille et les nouvelles technologies
Le braille a su évoluer au rythme des progrès de la technologie et des outils de communication du XXIe siècle. Il existe aujourd’hui toute une variété de méthodes pour écrire en braille, sur du papier ou dans un format numérique, y compris des outils simples comme la tablette utilisée avec un poinçon à l’aide duquel on forme par pression des points dans une feuille de papier et l’appareil “jot-a-dot”, une sorte de machine à écrire pour prendre des notes en braille. Il existe aussi des appareils plus complexes, par exemple des embosseuses ou des imprimantes braille qui se connectent à un ordinateur comme les imprimantes à texte classiques, ou des blocs-notes électroniques et des plages tactiles ou plages braille qui permettent d’entendre le texte et produisent des caractères braille en soulevant et abaissant des petits picots sur une bande en réponse à un signal électronique.
Des technologies numériques offrent de nouvelles possibilités pour faciliter l’accès à des contenus dans des formats autres que le braille, notamment des publications en gros caractères, des enregistrements audio, des agrandissements photographiques et des copies numériques compatibles avec des logiciels capables de lire à voix haute le texte apparaissant à l’écran d’un ordinateur ou d’en agrandir la taille des caractères. On trouve également des livres audionumériques qui transforment les textes en braille à mesure qu’on les lit.
Maison natale et musée Louis Braille
Maison de village briarde du XIXe s., avec une salle commune, un atelier de bourrelier et un musée au 1er étage. Maison natale de l’inventeur de l’écriture universelle pour les aveugles à points saillants : le braille. Elle a été acquise en 1952 par l’association “Les Amis de Louis Braille”, créée par Jean Roblin et présidée par le maire Pierre Henri Monnet. Elle fut ensuite donnée à la commune de Coupvray. Celle-ci en a fait un musée en 1956, avec l’Union Mondiale des Aveugles et le Comité Louis Braille. C’est une belle demeure paysanne construite dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle et restaurée à différentes époques. Elle est répertoriée comme monument historique.
Le jardin donne sur la chambre que Louis Braille s’était aménagée pour ses séjours à Coupvray. Il comporte une grange récemment aménagée en salle d’accueil. La maison comprend aussi l’atelier de bourrelier de son père et une salle commune qui était la pièce à vivre de la famille. Une partie du mobilier et les outils du métier de bourrelier sont conservés comme à l’époque de Louis Braille et évoquent la vie quotidienne dans la Brie d’alors.
L’étage est consacré à des souvenirs de famille et aux inventions liées à l’écriture braille comme le Raphigraphe.