Nouvelle Intifada à Jérusalem

15-12-2011 09:05 AM

Abdel Massih Felli- Michael Victor


 Israël a rejeté mercredi les appels de la communauté internationale au gel de la colonisation juive à Jérusalem-Est annexée, tandis que la tension retombait dans les quartiers arabes de la Ville sainte au lendemain de violents heurts entre la police et les Palestiniens. “Cette demande d’empêcher les Juifs de construire à Jérusalem-Est n’est pas du tout raisonnable”, a estimé le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, après avoir reçu son homologue européenne Catherine Ashton, en visite dans la région. Les déclarations de M. Lieberman, un ultranationaliste, surviennent au moment où les Palestiniens et la communauté internationale réclament l’arrêt de la colonisation à Jérusalem-Est, secteur dont la population est en majorité arabe et dont elle ne reconnaît pas l’annexion, afin de favoriser la reprise du processus de paix. Les Etats-Unis, en particulier, attendent des Israéliens une “réponse officielle” à leurs critiques concernant la récente annonce de nouvelles constructions dans un quartier juif du secteur oriental, qui a déclenché un tollé international. Toutefois, le ton a baissé d’un cran entre Israël et Washington, après les échanges très vifs des derniers jours, les deux pays réitérant publiquement la solidité de leur alliance.
 L’accès à l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, 3ème lieu saint de l’islam, demeure par ailleurs interdit aux fidèles musulmans âgés de moins de 50 ans ainsi qu’à tous les visiteurs non musulmans, a-t-il ajouté. Crise israélo-américaine Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est monté au créneau mercredi pour tenter d’apaiser les tensions, sans précédent depuis trente-cinq ans, entre les Etats-Unis et Israël. La crise entre les deux alliés a éclaté au grand jour le 9 mars lorsque le ministère israélien de l’Intérieur a annoncé un projet de construction de 1.600 nouveaux logements juifs dans une partie de la Cisjordanie annexée par l’Etat juif à Jérusalem. Clinton a contrebalancé ses propos en rappelant que les Etats-Unis étaient indéfectiblement attachés à la sécurité d’Israël, mais le département d’Etat a rappelé qu’elle attendait rapidement une réponse d’Israël à sa mise en demeure. Netanyahu, qui n’a reconnu qu’une “erreur de timing” dans l’annonce de ces nouveaux chantiers, s’en est excusé auprès de Biden lors de sa visite, puis a eu de nouveau une conversation téléphonique avec lui mardi, mais il n’a pas renié le projet et assuré que la colonisation de Jérusalem se poursuivrait. La crise dans les relations américano-israéliennes suscite à Jérusalem la crainte qu’en pâtisse la coopération entre les deux pays face à ce qu’ils perçoivent comme la menace nucléaire de l’Iran. A Washington, où Netanyahu doit s’adresser demain lundi à l’AIPAC, le principal lobby pro-israélien, certains parlementaires critiquent la Maison blanche pour son intransigeance vis-à-vis d’Israël, des critiques à l’origine de la réaffirmation mardi par Clinton du “lien inébranlable” entre les deux pays. Lors de sa visite à Washington, il n’est pas prévu que le Premier ministre israélien soit reçu à la Maison blanche, d’autant que le président Obama sera au même moment en déplacement à l’étranger. Colonisation Israël sape les discussions avec les Palestiniens. L’UE critique mais n’agit pas. Pour Israël, il semblerait que l’incident soit clos. Benjamin Netanyahu a fait ses excuses à Joe Biden pour l’annonce inappropriée de construction de nouveaux logements dans la partie occupée de Jérusalem. Pour faire bonne mesure, le Premier ministre israélien a également appelé deux soutiens de poids  : Angela Merkel pour l’Allemagne et Silvio Berlusconi pour l’Italie. Et le tour est joué. Certes, l’orgueil américain en a pris un coup, mais entre demander l’arrêt de la colonisation des territoires palestiniens et prendre les mesures politiques et économiques pour l’obtenir, il y a un gouffre que ni les États-Unis ni l’Union européenne, pour l’heure, ne semblent prêts à franchir. Des raisons qui tiennent autant à l’histoire de l’Europe qu’à la posture d’Israël au Moyen-Orient, une espèce de force avancée occidentale dans la région. D’où cette opiniâtreté à présenter l’Iran comme l’Ennemi, avec un grand, que Tel-Aviv serait prêt à combattre pour le bien de l’humanité. La même Angela Merkel a déclaré qu’il « devrait y avoir des sanctions contre l’Iran», mais l’idée ne l’effleure même pas s’agissant d’Israël. Pas étonnant, dans ces conditions, que Netanyahu ait affirmé devant le groupe parlementaire de son parti, le Likoud (droite), que “la construction continuera à Jérusalem, comme cela a été le cas pendant ces quarante-deux dernières années”. L’Aipac et Netanyahu Que peut-il se passer maintenant ? Une réponse pourrait venir la semaine prochaine de Washington où doit se tenir la conférence annuelle de l’Aipac, principale organisation pro-israélienne des Etats-Unis. Netanyahu qui sait le président américain aux prises avec la redoutable bataille politique de la réforme du système de santé, compte-t-il sur ses alliés américains pour contraindre Obama à reculer. Les dirigeants de l’Aipac, qui avant la crise, comptaient sur la présence du premier ministre israélien et de Hillary Clinton, ont déjà laissé entrevoir l’axe de leur offensive contre Barack Obama.  Dans ces conditions, le mouvement islamiste Hamas a renouvelé mercredi son appel à une Intifada, un soulèvement populaire, pour défendre Jérusalem et lutter contre sa “judaïsation” par Israël.
De fait, estiment les analystes, les risques d’une troisième intifada sont limités en raison des divisions interpalestiniennes et de la volonté de la présidence palestinienne de contenir les violences. Selon le directeur du Centre palestinien d’étude et de recherche politique, Khalil Shikaki, l’Autorité n’a aucun intérêt à une explosion quand Israël subit la pression des Etats-Unis sur la question des colonies juives. “La confrontation entre les Etats-Unis et Israël est une bonne nouvelle pour les Palestiniens. La pression des Etats-Unis est un substitut à la violence palestinienne”, a-t-il estimé.  légende
Catherine Ashton a rencontré à Ramallah le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, mercredi 17 mars.

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