Noël endeuillé

15-12-2011 09:05 AM


Le sang des coptes a une nouvelle fois coulé, au moment où le souverain pontife Chenouda III servait mercredi soir en la cathédrale El-Morcossiya au Caire la messe de minuit marquant la fête de la naissance de Jésus-Christ, assistée par des éminents évêques et des chefs de diverses communautés chrétiennes en Egypte.
Le délégué du Président Moubarak était à la tête des hautes personnalités et ministres qui assistaient à cette célébration religieuse.
L’attaque s’est déroulée à Nagaa Hamadi, , à 80 km au nord de Louxor. D’après des témoins, trois hommes circulant en voiture ont ouvert le feu sur des fidèles qui sortaient de la principale église de la ville après la messe de minuit. «Je me dirigeais vers l’évêché, lorsque j’ai vu un homme tirer à l’arme automatique sur tous les coptes qui passaient», a témoigné l’évêque Kyrillos, qui venait de célébrer la messe. Un agent de sécurité musulman et six fidèles ont été tués, plusieurs autres grièvement blessés. Selon l’évêque, de nombreux coptes de la ville ont été menacés ces derniers jours. Lui-même aurait reçu un SMS disant : «C’est ton tour». «Les églises auraient dû être mieux protégées», accuse-t-il.
Selon les premiers éléments de l’enquête judiciaire, trois hommes qui circulaient mercredi soir en voiture ont ouvert le feu dans une rue sur une distance de 400 mètres, aux abords de deux églises et d’un centre commercial. Ils ont aussi tiré dans une rue adjacente sur un couvent et les bâtiments de l’évêché de cette localité située dans le gouvernorat de Qena, à quelque 700 km au sud du Caire.
L´attaque aurait été menée en représailles au viol présumé d’une musulmane de 12 ans par un chrétien dans un village proche de Nagaa Hamadi, en novembre. Après cette agression, des maisons et des pharmacies appartenant à des coptes avaient été incendiées. Tous les émeutiers ont été acquittés. Selon une source sécuritaire, le principal assaillant de mercredi, présenté comme Mohamed Ahmed Hussein, un musulman de Nagaa Hamadi, est «un criminel connu des services de police» et l’attaque aurait eu lieu «dans une rue commerçante», et non devant l’église. Pour les autorités, qui cherchent systématiquement à minimiser la portée de ce genre d’agressions, assurant contre toute évidence qu’il n’y a pas «de problème confessionnel» en Égypte, l’affaire est entendue : c’est une «simple» vendetta. Mais elle réveille des souvenirs douloureux : le massacre d’al-Kocheh , près d’Assiout, où les coptes avaient été méthodiquement pourchassés dans les rues du village il y a dix ans presque jour pour jour ; ou les attaques visant des églises, à Alexandrie à plusieurs reprises ces dernières années, comme à Abou Korkas, près de Minîéh, où neuf jeunes fidèles ont été abattus en 1997. À cette époque, les groupes islamistes armés, faisaient régner la terreur dans cette région, l’une des plus pauvres d’Égypte. Cette agression donne une résonance particulière à la création cette semaine d’un Comité national contre la violence sectaire, à l’initiative d’associations des droits de l’Homme, de partis politiques et de personnalités égyptiennes.
La tuerie a eu lieu alors que le pope Shenouda III célébrait la messe au Caire.

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