Moubarak et ses fils en détention provisoire

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


L’ex-président égyptien a été hospitalisé après une crise cardiaque pendant son interrogatoire.  Hosni Moubarak et ses deux fils Alaa et Gamal ont été placés en détention pour 15 jours par la justice, deux mois après la chute du raïs face à une révolte populaire, alors que la pression monte pour qu’ils soient jugés. Cette annonce du procureur général, mercredi dernier, est intervenue alors que l’ancien président, âgé de 82 ans, a été hospitalisé la veille pour des problèmes cardiaques à Charm el-Cheikh, station balnéaire sur la mer Rouge où il était en résidence surveillée depuis sa chute le 11 février.  Dans la prison de Torah  Le communiqué des services du procureur général annonçant son placement en détention provisoire a été mis en ligne tôt mercredi sur le réseau social Facebook. L’enquête porte sur des accusations de corruption, de détournement de fonds publics et d’abus de pouvoir à des fins personnelles. Elle concerne également les violences commises pendant le soulèvement. “Le procureur général ordonne le placement en détention de l’ancien président Moubarak et de ses fils Gamal et Alaa pour 15 jours pour les besoins de l’enquête”, précise le communiqué. Auparavant, un autre communiqué avait précisé que les deux fils de l’ancien “raïs” avaient été placés en détention pour être interrogés à Charm el-Cheikh. Gamal et son frère Alaa, homme d’affaires, ont ensuite été transférés dans la prison de Torah, au Caire.  Moubarak devrait quant à lui rester à l’hôpital le temps de sa détention. Depuis son éviction du pouvoir, les Egyptiens réclament une enquête sur l’homme qui a dirigé le pays pendant plus de 30 ans, ainsi que sur de nombreux membres de son gouvernement. Ces arrestations sont également perçues comme un moyen d’apaiser les relations entre les protestataires et l’armée égyptienne, qui tient actuellement les rênes du pays: les manifestants en dénoncent la lenteur et accusent l’armée de connivence avec l’ancien régime. Dans le même temps, rappellent les manifestants, des centaines de personnes sont toujours placées en détention militaire après une manifestation le mois dernier, et de nombreuses autres ont été jugées sans délai devant des tribunaux militaires. Mardi soir, environ 2.000 personnes en colère s’étaient rassemblées devant l’hôpital où a été emmené Moubarak, réclamant l’arrestation de ses fils. Lorsqu’ils ont été effectivement interpellés, la foule a lancé des bouteilles d’eau, des pierres et ses chaussures contre le camion de police.   Message d’Al-Arabiya Dans un message audio diffusé dimanche par la chaîne Al-Arabiya, sa première intervention depuis sa démission, Moubarak avait démenti avoir abusé de son autorité pour accumuler biens et richesses. Il avait assuré ne posséder qu’un seul compte dans une banque égyptienne, et des biens immobiliers seulement en Egypte. Avant de se dire prêt à coopérer à toute enquête. Plusieurs centaines de personnes auraient été tuées pendant les 18 jours d’insurrection qui ont débouché sur la chute du régime, au cours de manifestations violemment réprimées par la police. Selon les autorités, le soulèvement a fait 365 morts, mais les organisations de défense des droits de l’Homme pensent que le bilan est beaucoup plus lourd. Selon un décompte du Front pour la défense des manifestants d’Egypte, un mouvement qui leur apporte une aide médicale et judiciaire, 685 morts avaient été dénombrés à la date du 7 mars.  Gamal Moubarak, qui était considéré comme le dauphin, a joué ces dix dernières années un rôle grandissant auprès de son père. Il est notamment perçu comme l’architecte du programme de privatisation et de libéralisation économique de l’Egypte, qui a attiré des milliards d’investissements étrangers, mais aussi contribué à creuser le fossé entre riches et pauvres. Nombre de ses collaborateurs les plus proches étaient milliardaires et occupaient de hautes fonctions au sein du parti au pouvoir et du gouvernement. Ils sont soupçonnés d’avoir profité de leurs positions à des fins personnelles.
 “UN OFFICIER RESPECTABLE” Certains militaires ressentent la détention de Moubarak comme une humiliation. “On peut exiger la justice avec force sans pour autant recourir à des insultes obscènes”, explique un officier supérieur à Charm el Cheikh. La plupart des Egyptiens jugent Moubarak à l’aune de ce qu’ils considèrent comme 30 ans d’un régime de répression et de corruption. Mais il est aussi crédité d’avoir été le chef de l’armée de l’air qui a redonné sa fierté au pays lors de la guerre de 1973 qui a permis à l’Egypte de reconquérir le Sinaï. “Nous faisons la différence entre Moubarak le président, qui a dérivé politiquement, et le militaire Moubarak, qui a été un officier respectable et efficace qui a fait la guerre”, souligne l’officier supérieur. “Nous avons assumé nos devoirs en tant que tierce partie objective et nous sommes heureux de regagner nos casernes pour nous consacrer à notre tache première”, ajoute-t-il, faisant allusion au rôle joué par l’armée pour éviter un bain de sang durant la Révolution du Nil. Toutes les exigences de la révolution ont été remplies avec les poursuites intentées contre le clan Moubarak.
Tension normale
L’état de santé de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, d’abord qualifié d’instable, s’était amélioré mercredi «après qu’il eut reçu les soins adéquats», a affirmé jeudi dernier, Ahmed al-Sebaï, le chef des médecins légistes chargé par le Parquet général d’évaluer son état. Ahmed al-Sebaï a précisé que sa tension, qui avait fortement chuté, était revenue à un niveau normal La Coalition des jeunes de la révolution a salué la détention de Hosni Moubarak et de ses deux fils et annoncé qu’elle suspendait la manifestation à laquelle elle appelait vendredi pour exiger de nouveau un procès pour Hosni Moubarak. «Nous avons suspendu la manifestation prévue vendredi. Il s’agissait de l’une de nos principales demandes et la première étape a été réalisée.»
«Personne n’est au-dessus de la loi»
Le Conseil suprême des forces armées a affirmé que «l’enquête judiciaire qui a commencé avec Moubarak et sa famille montre que les forces armées n’ont pas accordé et n’accordent d’immunité à personne, et que personne n’est au-dessus de la loi», dans un communiqué publié par le quotidien Al-Ahram. Le sort judiciaire d’Hosni Moubarak, le président déchu, s’accélère. Après avoir été interrogé mardi, placé en détention provisoire pour 15 jours mercredi, Hosni Moubarak comparaîtra mardi 19 avril devant un tribunal du Caire, a annoncé mercredi soir la télévision publique égyptienne. Ses deux fils, Alaa et Gamal, seront également interrogés devant le tribunal du Caire à la même date.


 


 



 

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