L’Unesco sonne l’urgence pour contrer les pillages des sites antiques en Egypte

15-12-2011 09:07 AM


. A l’ouverture, mardi 15 mars, à Paris, du colloque de l’Unesco sur le trafic illicite des biens culturels, Irina Bokova, sa directrice générale, a fait part d'”informations alarmantes” qui proviennent d’Egypte et concernent les pillages des sites archéologiques et des musées du pays. “Nous sommes inquiets”, a-t-elle ajouté, précisant qu’elle a écrit aux autorités égyptiennes pour les encourager à “prendre des mesures concrètes afin de protéger les sites”. Mme Bokova appelle à une “mobilisation internationale” pour repérer les antiquités qui seraient présentées et négociées sur le marché de l’art.
“On ne sait pas toute la vérité, sur le vol (du 28 janvier) au Musée égyptien du Caire, ni sur les pillages d’autres collections, musées et sites archéologiques”, déplore Francesco Bandarin. Le sous-directeur général pour la culture de l’Unesco évoque l’agression du 5 mars par un groupe armé d’une quarantaine de personnes, sur la réserve du site de Kafr-el-Sheikh, dans le delta du Nil, sans que soit révélé le détail du butin. Guillemette Andreu-Lanoë, la directrice du département des antiquités égyptiennes au Musée du Louvre, à Paris, précise “que les pillards vont dans les endroits reculés, comme les sites sauvages des pyramides de Dahshur, Abousir et Saqqarah (au sud du Caire), ou encore dans le Sinaï et dans les oasis, où il n’y a personne”. Précisément, des bas-reliefs ont été découpés à la scie dans la tombe de Qar à Saqqarah, des vols commis à Abousir et  Mit Rahina. A Dahshur, la réserve archéologique dite de Morgan a été pillée, ainsi que des magasins de stockage à Saqqarah-Sud, Alexandrie, Abydos. A Quantara, dans le Sinaï, plus de 208 pièces d’antiquités, provenant du  Musée de Port-Saïd, ont été dérobées. Selon  Costanza de Simone, déléguée de l’Unesco en Egypte, celles-ci sont retrouvées. De Haute-Egypte, les nouvelles demeurent bonnes, se réjouit l’archéologue   Hourig Sourouzian, qui poursuit ses fouilles à Thèbes sur le temple funéraire d’Aménophis III, célèbre pour ses colosses de Memnon. “L’atmosphère est sereine, dit-elle par téléphone, nous n’avons ni pillage, ni vandalisme, ni menaces.” Les villageois comme les autorités ont veillé sur leur patrimoine. Le détail des pillages est en partie relaté sur son blog par le Dr Zahi Hawass, qui régnait depuis 2002 sur le Conseil supérieur des antiquités égyptiennes. L’archéologue devait intervenir mardi 15 mars au matin lors du débat de l’Unesco. Il n’a pas fait le déplacement, ayant été “démissionné”, début mars, par le gouvernement de transition, alors qu’un mois plus tôt il était nommé ministre d’Etat pour les antiquités par Hosni Moubarak. Le Dr Hawass demande sur son site Internet, “l’aide de la communauté internationale”. L’archéologue précise qu’avoir renoncé à sa position ne l’empêche pas de poursuivre son combat contre le trafic illicite d’antiquités. Jugé sévèrement par certains pour son star-system, lèvera-t-il le voile sur les incohérences qui subsistent dans le récit du vol au Musée égyptien du Caire ? Les gardiens et les policiers sont soupçonnés d’être dans le coup. Une enquête est en cours Mme Andreu-Lanoë recevait, mardi 15 mars, par un courriel de Tarek Al-Awadhi, le directeur dudit musée, la liste de 54 objets volés, photos à l’appui. Diffuser l’information pour tenter de les pister sur le marché de l’art, telle est la priorité que se donne l’égyptologue, qui dispose au Louvre d’un système de veille. Comptent, parmi les plus belles pièces volées, les délicates statues en bois doré de Toutankhamon, celle de Néfertiti en calcaire occupée aux offrandes, et de nombreux bronzes, figures des dieux. Il y a un mois, il n’était question que de 18 pièces manquantes… Présente à Paris, l’archéologue égyptienne  Gihane Zaki va droit au but. “Nous avons besoin d’une intervention d’urgence pour protéger le patrimoine, un peu comme cela s’est fait dans les années 1960 au moment de la construction du barrage d’Assouan, s’emporte la directrice générale du Fonds nubien auprès du ministère égyptien de la culture. Les monuments de Nubie allaient être engloutis. La mobilisation internationale a sauvé ces trésors”, dont  Abou Simbel. Selon Mme Zaki, c’est aux Egyptiens eux-mêmes de prendre en charge la protection maximale des sites en mobilisant la population locale. “Il faut aussi sensibiliser les gens et les former, notamment les gardiens. Au Conseil suprême de l’armée de punir sévèrement ceux qui touchent au patrimoine”, dit-elle, tout en reconnaissant que la gravité de la situation économique relègue le patrimoine au dernier rang : “Les gens ont faim.” Une mission de l’Unesco doit se rendre sur place : “Travailler avec les Egyptiens, leur donner plus de moyens, mettre sur liste rouge les objets volés”, telle est l’urgence pour M. Bandarin. En marge du colloque, la stratégie était déjà en cours d’élaboration.                           D’après Le Monde

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