L’OTAN prolonge sa mission en Libye

15-12-2011 09:07 AM



 
La médiation du président sud-africain Jacob Zuma en Libye a échoué et le colonel Kadhafi s’accroche toujours au pouvoir, malgré la poursuite des raids de l’Otan. Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est réuni mardi dernier sur la crise libyenne n’a pu que constater l’impasse dans lequel se trouve le pays. Engagée depuis la mi-mars dans une opération militaire en Libye, l’Otan a décidé mercredi dernier de prolonger sa mission jusqu’à la fin du mois de septembre 2011. Mais le colonel Kadhafi entend bien rester au pouvoir. Moscou pourrait faire office de médiateur. De nouveaux bombardements de l’OTAN ont frappé Tripoli, et le camp Kadhafi publie les premiers chiffres des massacres de la coalition. “Du 19 mars au 26 mai derniers, nous avons eu 718 martyrs parmi les civils et 4.067 blessés, dont 433 gravement”, a déclaré le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim.
L’Otan ne compte pas relâcher la pression sur Mouammar Kadhafi. Déjà, la semaine dernière à Deauville, à l’occasion du G8, plusieurs dirigeants avaient annoncé une intensification des frappes, signant une déclaration commune appelant au départ du “Guide”. Son mandat actuel, confié par les Nations unies par le biais de la résolution 1973, courait jusqu’au 27 juin. Mais à l’approche de cette date, force est de constater que la situation sur le terrain paraît bloquée. L’intervention de la coalition internationale n’a pour l’heure pas permis de faire plier le dirigeant libyen et depuis plusieurs semaines. Pour “finir le travail”, comme l’a promis Barack Obama la semaine dernière à Deauville, l’Otan n’a donc d’autre choix que de prolonger sa mission, quitte à risquer l’enlisement.
Kadhafi réclame le “cessez-le-feu”
Le dirigeant libyen, au pouvoir depuis 1969, s’est dit prêt à trouver une solution politique au conflit mais réclame, outre un cessez-le-feu, son maintien au pouvoir. Or, du côté de Benghazi, où se situe le fief des insurgés, on refuse tout règlement impliquant le maintien du colonel Kadhafi. Dans ce contexte, la mission de bons offices menée en début de semaine par le président sud-africain, Jacob Zuma – la deuxième du genre depuis avril – n’a rien donné. Le dirigeant sud-africain a simplement rappelé que Mouammar Kadhafi demandait l’arrêt des frappes de l’Otan “afin de permettre un dialogue inter-libyen”, ajoutant qu’il n’était “pas prêt à quitter la Libye, malgré les difficultés”.  Reste à savoir ce qu’il adviendra de la proposition de médiation émanant de Moscou. La Russie, qui appelait pour la première fois au départ de Kadhafi, après avoir vertement critiqué l’intervention militaire de l’Otan en Libye, a en effet proposé de négocier une sortie de crise. Cette proposition a été bien accueillie mercredi par le président de l’Union africaine, Jean Ping. “Tous ceux qui peuvent contribuer à la résolution de la situation en Libye sont les bienvenus, si les Russes peuvent aider à trouver une solution, eh bien bienvenus! Nous ne demandons pas mieux”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles, tout en rappelant que l’Afrique devait participer aux discussions. Nicolas Sarkozy, qui estimait qu’il n’y avait “pas de médiation possible” avec Mouammar Kadhafi, pourrait bien être contraint de revoir sa position.
 
10.000 morts et 430.0000 réfugiés
Selon un diplomate proche du dossier, le bilan de ces exactions s’élève à “plusieurs milliers de morts, peut-être plus de 10.000”, en trois mois à Tripoli. Un chiffre moins important que les 20.000 tués annoncés le mois dernier par la rébellion, mais très considérable néanmoins pour une ville de deux millions d’habitants. Quelque 20.000 personnes ont été arrêtées, ajoute-t-on de même source. “Kadhafi étant capable de tout et notamment du pire, on ne peut avoir à l’avenir que de mauvaises surprises”, s’alarme-t-on au Quai d’Orsay. Depuis le début des combats le 17 février dernier, les frontières sud de la Tunisie ont été prises d’assaut par des dizaines de milliers de travailleurs étrangers fuyant en masse la Libye ; le poste frontière de Ras Jdir fut le premier à accueillir les premières vagues de réfugiés hébergés dans des campements installés pour la circonstance, avant d’être acheminés vers l’aéroport international de Djerba-Zarzis pour être rapatriés. Jusqu’à ce jour, quelque 430 000 réfugiés, toutes nationalités confondues, ont transité par ce poste depuis les premiers jours du soulèvement populaire, dont presque 3 000 continuent à  séjourner dans les camps de Choucha en raison de la rareté des vols de rapatriement.


 


 

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