L’Occident et l’opposition syrienne face au régime d’Al-Assad

15-12-2011 09:07 AM


 


“La libération de certains prisonniers politiques n’est pas la libération de tous les prisonniers politiques. Tous les prisonniers politiques doivent être libérés”, a déclaré un porte-parole du département d’Etat américain, Mark Toner, à des journalistes. “Et nous devons assister à la fin des violences que les forces de sécurité syriennes exercent continuellement sur les populations civiles, et ensuite nous devons assister à un mouvement significatif vers une réforme”, a-t-il ajouté. Toner a également appelé le gouvernement syrien à tendre la main à l’opposition de manière sérieuse et à écouter ses inquiétudes et ses attentes pour pouvoir y répondre. Le geste de libérer une centaine de prisonniers politiques ne va pas assez loin, a-t-il insisté. Des centaines de prisonniers politiques et de conscience ont été libérés mercredi dernier en Syrie, au lendemain de l’annonce par les autorités d’une amnistie générale, a annoncé le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, Rami Abdel-Rahmane.


L’opposition et l’avenir politique
Dans ce contexte, les représentants de l’opposition se sont réunis pour trois jours dans la ville balnéaire d’Antalya, en Turquie. Plus de 300 opposants ont ouvert le débat sur l’avenir politique de la Syrie, mercredi dernier. Le soir même, Bachar Al-Assad a annoncé la création d’un organisme pour lancer le « débat national ». L’amnistie générale qu’il a décrétée la veille de la conférence a laissé les opposants au régime sceptiques. A l’ouverture de cette “Conférence pour le changement en Syrie”. Les plus sceptiques demandent de véritables réformes et surtout, le départ du président syrien. L’opposition cherche à se structurer pour faire face à un régime en perte de crédit.  Le président Bachar Al-Assad, lui, essaie de contrôler la situation. En plus de l’amnistie, il a proposé la création d’une commission pour lancer “le débat national”.


Réforme globale
Le peuple syrien comme la communauté internationale reste sceptique devant cette amnistie. Pour les opposants, ce n’est que de la poudre aux yeux lancée par un président sur la défensive. Les Syriens attendent un véritable renouveau politique démocratique. La Turquie, qui a accueilli les opposants au régime de Bachar Al-Assad jusqu’à vendredi dernier, considère que l’amnistie doit être suivie d’un processus de réforme globale. Le nouveau paysage politique de l’opposition ne doit exclure personne. L’amnistie générale des détenus politiques s’applique aussi aux Frères musulmans. Interdite en Syrie jusqu’à présent, cette confrérie veut faire partie du paysage politique. Le chef de la délégation des Frères musulmans, Melhem Al-Douroubi,  était d’ailleurs présent à la conférence d’Antalya en Turquie. Les Frères musulmans réclament un vrai engagement du gouvernement de Damas pour entériner leur liberté d’expression. C’est l’article 49 du Code pénal qui est dans leur ligne de mire. Cet article prévoit jusqu’à la peine de mort pour les personnes appartenant aux Frères musulmans. Cette loi anti-démocratique est aujourd’hui décriée par l’opposition.


Crimes contre l’humanité
Par ailleurs, Human Rights Watch (HRW) a estimé que les meurtres et tortures perpétrés par les forces de sécurité syriennes à Deraa depuis le début des manifestations pourraient constituer des crimes contre l’humanité. Les forces gouvernementales ont désormais repris le contrôle d’Hirak, ville située près de Deraa, berceau du soulèvement contre le régime du président Bachar Al-Assad. Plus de 1.000 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation à la mi-mars, selon les groupes de défense des droits de l’Homme.


Pour Paris et Washington cette amnistie n’est pas un signe de bonne volonté suffisant de la part d’Al-Assad. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a en effet réclamé “un changement de cap beaucoup plus clair”, craignant qu’il ne soit “trop tard”. Alain Juppé est revenu aussi sur l’impossibilité pour les Occidentaux d’obtenir des Nations unies une condamnation de la répression en Syrie, regrettant le veto de Moscou au Conseil de sécurité. Le gouvernement syrien a également ordonné une enquête mercredi sur la mort d’un adolescent de 13 ans, Hamza Al-Khatib, après l’indignation soulevée par une vidéo diffusée sur YouTube et la chaîne Al-Jazira montrant son corps mutilé et apparemment torturé.



Projet de résolution internationale
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, a pour sa part accusé les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne de viser “un  retour de la colonisation” en tentant de faire condamner le pays à l’ONU pour la répression contre les manifestations. Un projet de résolution condamnant la répression en Syrie a été soumis jeudi au Conseil de sécurité. Rédigé par la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Portugal, il condamne la violence du régime du président Bachar Al-Assad et lui demande d’ouvrir les villes syriennes à des équipes humanitaires. La Russie, alliée de la Syrie, a toutefois écarté toute étude de ce projet de résolution. Les Américains et les Européens ont déjà pris des sanctions contre le régime syrien et le président Assad lui-même, sans toutefois envisager d’intervention. La haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a quant à elle dénoncé la répression et appelé de nouveau Damas à autoriser l’entrée sur le territoire syrien d’une mission onusienne chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme. Son rapport préliminaire sur la répression de la révolte populaire doit être présenté le 15 juin.


 


 

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