Les USA et les points chauds au Proche-Orient

15-12-2011 10:12 AM

Abdel Massih Felli


Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a effectué une visite en Israël, en Jordanie et en Irak ces derniers jours. Il s’est employé cette semaine à convaincre Israël du bien-fondé de la politique de Barack Obama consistant à tendre la main à l’Iran pour le convaincre de renoncer à ses présumées ambitions nucléaires militaires. Son homologue israélien, Ehud Barak, est convenu que la priorité devait être effectivement donnée à la diplomatie, mais il a souligné qu’Israël n’excluait pas un recours à la force pour neutraliser la menace pour son existence-même que Téhéran pourrait poser. Les Etats-Unis n’ont plus de relations avec l’Iran depuis 30 ans, mais Obama lui a tendu la main en souhaitant que le régime des ayatollahs “desserre son poing” et il attend d’ici à la fin de l’année une réponse qui, selon la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, n’est toujours pas parvenue. Gates est un des quatre émissaires américains qui effectuent cette semaine un déplacement en Israël pour tenter de convaincre l’Etat hébreu de ne pas faire cavalier seul sur la question du nucléaire iranien, et laisser à la diplomatie le temps de porter ses fruits Gates a déclaré espérer que cette réponse serait esquissée à temps pour l’Assemblée générale annuelle de l’Onu de septembre. “Je pense que, sur la base des éléments dont nous disposons, le calendrier que le président a fixé semble toujours tenable”, a dit Gates. Barak a dit soutenir la stratégie américaine mais a insisté sur la fixation d’un calendrier strict assorti d’une volonté, le cas échéant, de prendre de nouvelles sanctions, assorties d’une menace de recourir à la force contre l’Iran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles. En rappelant à demi-mot qu’Israël ne s’interdisait pas de frapper préventivement l’Iran, au risque d’embraser la région, Barak a ajouté: “Nous voyons bien que nos opérations ou notre activité affecte aussi des voisins, et d’autres encore, et nous en tenons compte. Mais, in fine, nous sommes tenus par les intérêts sécuritaires d’Israël. “Un responsable du Pentagone a déclaré, à la veille de la visite de Gates en Israël, que les Etats-Unis étaient à des lieues d’envisager une intervention militaire contre l’Iran. Pour sa part, Clinton a déclaré mercredi dernier que Washington pourrait contrer une éventuelle menace iranienne en renforçant ses alliés dans la région et en y déployant un “parapluie militaire” non spécifié. Outre Robert Gates, George Mitchell, l’émissaire spécial de Barack Obama pour le Proche-Orient, le conseiller à la sécurité nationale James Jones et le conseiller spécial d’Hillary Clinton, chargé de l’Iran et du Proche-Orient, Dennis Ross se sont entretenus avec les responsables israéliens. Washington exige par ailleurs du gouvernement Netanyahu qu’il gèle la construction des implantations juives de Cisjordanie. L’entretien entre Barak et Gates a plus particulièrement porté sur l’Iran. “Israël reste sur sa position fondamentale selon laquelle aucune option ne doit être écartée, même si la priorité à ce stade doit être donnée à la diplomatie”, a commenté le ministre israélien de la Défense. Fournisseurs des armes Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, est arrivé en Irak où il s’est entretenu avec des responsables irakiens de questions de sécurité et de ventes d’armes. Robert Gates, dont c’est la 10e visite en Irak, a déclaré aux militaires américains sur la base aérienne de Tallil, qu’il était impressionné par les changements sur le terrain. Il a affirmé que la situation était “incroyablement différente” de celle qui prévalait lors de sa première visite en Irak en tant que secrétaire à la Défense, en décembre 2006, au plus fort des affrontements intercommunautaires qui ont causé la mort de dizaines de milliers d’Irakiens. Robert Gates a rencontré le Premier ministre irakien Nouri al Maliki et le ministre de la Défense Abdel Kader Djassim. Il était question lors de ces discussions de la possible acquisition par Bagdad d’avions de chasses F-16 du constructeur américain Lockheed Martin. Les Etats-Unis sont soucieux d’éviter toute montée de violences dans cette région, où ils craignent de voir des insurgés sunnites s’ériger en rempart contre toute tentative d’annexion kurde. “La dimension arabo-kurde est probablement la plus urgente du moment pour consolider nos gains en matière de sécurité”, a déclaré un responsable américain sous le sceau de l’anonymat. Les autorités irakiennes, soucieuses de se prémunir d’éventuelles menaces étrangères après le retrait américain, notamment de l’Iran et de la Syrie, envisagent l’achat d’un premier escadron de 18 F-16 cette année. Le général Anouar Ahmed, commandant de l’armée de l’air irakienne, avait déclaré à Reuters en mars que les Irakiens souhaitaient ensuite porter leur flotte à 96 appareils d’ici 2020. Le Congrès américain a été informé du fait que les ventes d’armes à l’Irak pourraient atteindre 9 milliards de dollars: outre les F-16, elles comprendraient des chars M1A1 de General Dynamics, des hélicoptères de Boeing ou Textron et des avions-cargos de Lockheed. Le ministre irakien de la Défense a fait savoir la semaine dernière lors d’une réunion au Pentagone que Bagdad menait des discussions avec d’autres pays fournisseurs, a précisé le responsable américain. La France, la Chine et la Russie ont par le passé vendu des armes à l’Irak. 

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