Les tensions montent entre l’Egypte et l’Ethiopie

15-12-2011 09:06 AM


Le président Hosni Moubarak a exprimé mercredi  son étonnement suite à l’allusion faite mardi par l’Ethiopie sur une éventuelle opération militaire égyptienne dans leur différend autour des eaux du Nil, affirmant qu’il ne cherche pas la confrontation et qu’il n’appuie pas les rebelles éthiopiens, et l’Egypte a des bonnes relations solides avec l’Ethiopie. L’Egypte a fait part de son “effarement” à la suite de déclarations éthiopiennes selon lesquelles Le Caire pourrait recourir à une opération militaire dans son différend sur les eaux du Nil. L’Egypte, l’Ethiopie et sept autres pays riverains du plus grand fleuve d’Afrique mènent depuis plus d’une décennie des pourparlers jusqu’ici infructueux pour réformer le traité sur les eaux du Nil signé en 1929 et jugé par certains comme inique.  Mardi, le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, a déclaré à Reuters que l’Egypte ne pourrait pas gagner de guerre contre Addis-Abeba à propos du Nil et a accusé Le Caire d’aider des groupes rebelles dans le but de déstabiliser l’Ethiopie. “Je suis abasourdi, par le langage qui a été utilisé. Nous ne cherchons pas la guerre et il n’y aura pas de guerre”, a déclaré à Reuters le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheït, lors d’une visite à Abou-Dhabi. Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères égyptien a publié un communiqué où il souligne que “les accusations contenues dans les déclarations du chef du gouvernement éthiopien au sujet de la manipulation par l’Egypte de groupes rebelles contre le régime éthiopien, sont dénuées de vérité”.  Comment partager les eaux du Nil? Les neuf pays du bassin du Nil, dont l’Ethiopie et l’Egypte, mènent des pourparlers depuis plus de dix ans pour aplanir leur contentieux autour du partage des eaux du Nil, dans la mesure où certains pays s’estiment être lésés par la convention signée à ce sujet en 1929. L’Egypte qui se base quasiment sur les seules eaux du Nil, est menacée par les dangers du changement climatique, et surveille de près tout projet de construction de barrages hydroélectriques sur le Nil dans les pays riverains. L’Ethiopie a construit cinq imposants barrages au cours de la dernière décennie, et a entamé la construction d’un nouvel édifice d’énergie hydroélectrique d’un montant de 1.4 milliard de dollars. La part du lion des eaux du Nil, soit 55.5 milliards de mètres cube d’eaux par an, revient à l’Egypte en vertu de la convention initiale, sur un total de 84 milliards de mètres cube, bien que 85% de ces eaux émanent de l’Ethiopie.  L’Ethiopie, l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Kenya ont signé une nouvelle convention en mai dernier pour le partage de ces eaux. Hossam Zaki, porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien, avait déclaré qu’”il est regrettable que certains pays, et à leur tête l’Ethiopie, se précipitent à parapher un accord, devançant ainsi les résultats du dialogue”. Et d’ajouter: “l’Egypte s’attache à ses positions juridiques et politiques constantes au sujet des eaux du Nil, et suit la voie du dialogue et de la coopération dans ce domaine”. Les cinq pays signataires de la convention ont accordé aux quatre autres pays une année pour se rallier à ladite convention avant son entrée en vigueur. Le Soudan est du côté de l’Egypte, alors que la République démocratique du Congo et le Burundi refusent jusque-là de signer.  Ethiopie et Soudan Il est important de noter que dans ces conditions, le président soudanais Omar Al-Béchir et son premier Vice-président Salva Kiir Mayardit, également président du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLMA), ont réitéré à Addis Abeba, en Ethiopie, leur engagement à respecter le verdict du double référendum prévu le 9 janvier prochain. S’exprimant lors du sommet spécial de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sur le Soudan qui s’est tenu mardi dernier, le président Al-Béchir et le chef de l’Etat du Sud Soudan Salva Kiir ont affirmé qu’ils continueront d’œuvrer pour la recherche d’une solution pacifique à leurs différends au lieu de recourir aux armes, indique un communiqué. Le président kenyan Mwai Kibaki ainsi que les autres dirigeants de l’IGAD, qui ont pris part à la réunion de l’IGAD, présidée par le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, ont encouragé le dialogue en vue de trouver un consensus sur les principaux points de discorde de l’Accord de paix global (CPA) et les dispositions post-référendaires. Dans un communiqué rendu public à l’issue du sommet, les Etats membres de l’IGAD ont salué la résolution des parties prenantes à parvenir à un consensus dans le cadre du protocole d’Abyei. Les dirigeants de l’IGAD ont également exhorté les leaders du Nord et du Sud Soudan à aborder le prochain round de négociations dans un esprit de compromis afin de respecter les droits de leurs peuples respectifs. Les pays membres de l’IGAD sont la Somalie, le Kenya, l’Ouganda, l’Ethiopie et le Djibouti.
L’Égypte, l’Éthiopie et sept autres pays à travers lequel passe le fleuve ont été enfermés dans plus d’une décennie de négociations litigieuses dus par la colère sur le sentiment d’injustice au niveau du partage de l’eau du Nil qui découle d’un traité précédemment signé en 1929  – Le traité anglo-égyptien de 1929  Lors de négociations entamées en 1926 entre Le Caire et Londres, les autorités égyptiennes s’efforcèrent à tout prix de faire reconnaître le principe de « droits historiques » sur l’essentiel des eaux du Nil. Les Britanniques acceptèrent la revendication égyptienne et signèrent l’Accord sur les Eaux du Nil en 1929. Le traité prévoyait le partage des eaux du fleuve entre l’Egypte et le Soudan ; l’Egypte obtenait 48 km³ et le Soudan, 4 km³.  – Le traité égypto-soudanais de 1959  Le traité sur l’Utilisation totale des eaux du Nil a été signé à l’issue d’une crise entre Egypte et Soudan en 1958 : Khartoum revendiquait une part plus importante que celle que lui accordait l’accord de 1929. Le traité de 1959 partageait l’intégralité du cours utile du Nil entre Egypte et Soudan, attribuant 24,3% du débit à celui-ci (18,5 milliards m³) et 75,7% (55,5 milliards m³) à l’Egypte. Non consultée, l’Ethiopie – comme les autres pays d’amont, par ailleurs – a estimé ce texte nul et non avenu, et a affirmé n’être lié par aucune contrainte juridique qui pourrait en découler. La reconnaissance par le Soudan de l’existence de « droits historiques »sur les eaux du Nil, dans un texte que l’Egypte estime engager l’ensemble des pays du bassin versant, a scellé la fin du projet d’unité de la vallée du Nil si cher à l’Egypte d’avant 1952).

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