Les Français ont dit “stop” à Sarkozy

15-12-2011 09:05 AM

Abdel Massih Felli- Michael Victor


Après la défaite de la droite aux régionales, Nicolas Sarkozy a promis d’entendre le message des Français, tout en assurant que “rien ne saurait pire que de changer de cap du tout au tout”. “Mon devoir est d’entendre ce message” des Français, a déclaré Nicolas Sarkozy lors d’une intervention à l’Elysée, évoquant le résultat des régionales et la forte abstention lors du scrutin. Le chef de l’Etat a dit comprendre l'”impatience” des Français face aux réformes. “Vous avez souvent le sentiment que ces réformes n’ont pas changé votre vie quotidienne”, a-t-il dit, tout en notant que la crise “a empêché de voir les effets positifs de tout ce qui a été accompli”. Mais “rien ne saurait pire que de changer de cap du tout au tout”, a-t-il insisté. Passant en revue les grands dossiers, Nicolas Sarkozy a promis des mesures sur les retraites avant six mois, tout en assurant qu’il ne passerait “pas en force”. “Je ne laisserai pas mourir notre agriculture”, a-t-il aussi promis se disant “prêt à aller à une crise en Europe plutôt que d’accepter le démantèlement de la Politique agricole commune”. Nouveau gouvernement Le nouveau gouvernement issu du remaniement post-régionales, s’il vise d’abord un rééquilibrage à droite, a été pensé par Nicolas Sarkozy comme une équipe de combat pour livrer la grande bataille de la deuxième moitié de son quinquennat: la réforme des retraites. Transféré du Budget au Travail, Eric Woerth garde le portefeuille de la Fonction publique – qui devient un secrétariat d’Etat, confié à Georges Tron – ce qui lui permet d’être à la manoeuvre à la fois dans les secteurs public et privé, tous deux concernés par la réforme. “Il y a une cohérence” à ce que tout soit chapeauté par “le même ministère”, ce qui facilitera les négociations avec les partenaires sociaux, a souligné un autre promu du gouvernement, le nouveau ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, Marc-Philippe Daubresse. Ministre parmi les plus proches de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth présente l’avantage d’être plus “en ligne” que son prédécesseur Xavier Darcos avec le très puissant conseiller social de l’Elysée, Raymond Soubie, observe une source gouvernementale très impliquée dans le dossier. “Xavier Darcos se permettait de ne pas toujours être d’accord avec la présidence, affirmant haut sa différence dans les réunions: ça n’a pas toujours été bien vu”, ajoute-t-on de même source, soulignant que le chef de l’Etat a besoin d’un “homme de confiance” sur ce dossier hypersensible. Du côté des syndicats, notamment ceux qui avaient appelé mardi à une journée nationale d’action contre la réforme, l’arrivée d’Eric Woerth, précédé de son image de rigoriste, a été accueillie plutôt vertement. “Sa nomination, c’est pour donner un signe aux marchés financiers. Parce que Woerth c’est celui qui régulièrement dit qu’il faut serrer les boulons”, s’inquiète le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly. “Il n’est pas neutre qu’on fasse appel à un expert financier et à celui qui est responsable des restrictions budgétaires, objets de souffrances très importantes” dans la fonction publique, a jugé pour sa part le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, qui ajoute espérer avoir “un ministre et non des ordinateurs de Bercy comme interlocuteur”. Lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Woerth a tenu à apaiser leurs inquiétudes, assurant qu’il n’entendait pas aborder le dossier “sous un angle comptable”, s’agissant de “la vie des gens” et non pas uniquement de “chiffres “. Il a promis une réforme “équitable” pour “protéger” le système actuel. L’inconnue pour le moment est la marge de manoeuvre qui sera accordée par l’Elysée sur ce dossier à François Fillon.
Autre clin d’oeil à l’électorat de droite, il a réaffirmé sa volonté de lutter contre la violence, remis en selle l’éventuelle suppression des allocations familiales aux parents pour réduire l’absentéisme scolaire et confirmé un projet de loi à venir sur l’interdiction de la burqa. Et surtout, Nicolas Sarkozy a confirmé le report sine die de son emblématique taxe carbone annoncé mardi par François Fillon, au grand dam des écologistes mais au soulagement de ceux qui, nombreux à l’UMP, n’y voyaient qu’un “nouvel impôt”. “Je subordonne la création d’une taxe carbone à une taxe aux frontières” de l’UE, a-t-il dit. Sans surprise, ce message a réjoui le patron de l’UMP Xavier Bertrand, qui a jugé que “le message des Français” avait été “entendu”. A l’inverse, Benoît Hamon (PS) a dénoncé un “coup de barre à droite” et regretté que Nicolas Sarkozy “ne se préoccupe que de la crise à l’UMP”. Un Francais sur trois
Dans ces conditions, une nette majorité de Français (58%) ne souhaite pas que Nicolas Sarkozy soit candidat à l’élection présidentielle de 2012, selon un sondage Ipsos pour l’hebdomadaire Le Point. A l’inverse, 33% des personnes interrogées souhaitent que Nicolas Sarkozy brigue un nouveau mandat et 9% ne se prononcent pas. Parmi les sympathisants UMP, 75% souhaitent que le chef de l’Etat soit candidat, 21% y sont opposés (4% ne se prononcent pas). Enquête réalisée les 19 et 20 mars, avant le deuxième tour des élections régionales. Elle a été menée par téléphone auprès d’un échantillon de 952 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).
légende Nicolas Sarkozy lors de son allocution à l’Elysée le 24 mars

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