Les Etats-Unis se recueillent dix ans après le 11-Septembre

15-12-2011 09:07 AM


 



Sobriété, unité, recueillement. Le dixième anniversaire des attentats du 11 Septembre 2001 a été marqué par de nombreuses cérémonies de commémorations, où le peuple américain, emmené par Barack Obama,  a honoré la mémoire des quelque 3.000 personnes qui ont péri à New York,      Washington et Shanksville, en Pennsylvanie.                         
Le président Barack Obama et son prédécesseur George W. Bush, hôte de la Maison blanche au moment des attentats, ont participé à la cérémonie organisée à Ground Zero, le site où s’élevaient auparavant les tours du World Trade Center.                                                                                                                                           
Sous un ciel dégagé, tandis qu’un grand drapeau américain était déployé, une chorale de jeunes gens a interprété l’hymne américain, avant un bref discours du maire de New York Michael Bloomberg en présence de son prédécesseur Rudy Giuliani.
Puis une première minute de silence a été observée à 8h46, l’heure exacte à laquelle le premier des avions détournés a percuté la tour nord du World Trade Center. Plusieurs instants de recueillement silencieux ont ponctué la cérémonie, à l’instant précis où un deuxième avion a frappé la tour sud, puis de l’effondrement des deux édifices de 110 étages. Barack Obama a effleuré les noms des victimes, gravés dans la pierre, avant de saluer des membres de familles de victimes et des personnalités. Puis, debout derrière un pupitre protégé par une vitre pare-balles, il a pris la parole lisant le psaume 46, qui évoque le réconfort de Dieu, “un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. Aussi sommes-nous sans crainte quand la terre est secouée, quand les montagnes s’effondrent, basculant au fond des mers”. “Dieu est notre refuge et notre force”.


La foule émue
Une foule immense était massée autour du site, agitant pour certains des drapeaux américains, afin de suivre la cérémonie retransmise sur un écran géant et écouter la lecture des noms des quelque 3000 personnes décédées dans les attentats.
Les familles des victimes arboraient des t-shirts à l’effigie des disparus et avaient apporté avec eux fleurs, photos et drapeaux pour commémorer les attaques. Elles ont également découvert pour la première fois le mémorial du 11-Septembre, un espace paysagé de trois hectares construit sur le site même des anciennes tours jumelles du World Trade Center.
Deux immenses bassins avec des cascades intérieures portent sur leur margelle le nom gravé en bronze des 3.000 victimes, dans un agencement rassemblant les proches ou les amis. De nombreuses familles sont allées caresser les noms gravés, et y apporter des fleurs.
Recueillement


Des instants de recueillement similaires ont eu lieu au Pentagone et dans le champ de Pennsylvanie. A Shanksville, où s’est écrasé le vol 93 d’American Airlines, tuant ses 40 passagers et membres d’équipage ainsi que les quatre pirates de l’air, le président américain et son épouse ont observé un moment de silence et déposé des gerbes devant le tout nouveau mémorial érigé à la mémoire des victimes
Barack Obama s’est ensuite rendu au Pentagone, dans la banlieue de Washington, pour déposer là aussi, une gerbe en mémoire des victimes du crash du vol 77.
Concert pour l’espoir
La journée de commémoration des attentats du 11 Septembre s’est achevée dimanche soir par un «concert pour l’espoir» au Kennedy Center de Washington.  Barack Obama a prononcé un discours, applaudi debout par 2000 personnes.
 «Dans des décennies, des Américains visiteront les monuments à la mémoire de ceux qui sont morts le 11 Septembre. Ils feront courir leurs doigts sur les endroits où les noms de ceux que nous aimions sont gravés dans le marbre et la pierre, et s’émerveilleront des vies qu’ils ont vécues», a-t-il déclaré. «Face aux pierres tombales du cimetière militaire d’Arlington, dans les cimetières paisibles et les places des petites villes aux quatre coins de notre pays, ils rendront hommage à ceux qui sont morts en Afghanistan et en Irak. Ils verront les noms des disparus sur des ponts et des statues, dans des jardins et des écoles», a poursuivi le président.
Détermination inébranlable
«Ils sauront que rien ne peut briser la volonté des États-Unis lorsqu’ils sont vraiment unis. Ils se souviendront que nous avons triomphé de l’esclavage et de la Guerre de Sécession, des récessions et des émeutes, du communisme et oui, du terrorisme», a-t-il lancé. «Ils se souviendront du fait que nous ne sommes pas parfaits, mais que notre démocratie est solide, et que la démocratie, qui reflète l’imperfection de l’homme, nous donne aussi l’occasion de parfaire notre union .C’est ce à quoi nous rendons hommage dans ces journées de commémoration nationale, ces aspects de l’expérience américaine qui sont durables, et notre détermination à progresser comme un seul peuple», a-t-il dit, en assurant aussi que «ces dix dernières années ont montré que les États-Unis ne cèdent pas à la peur».
Depuis le 11 Septembre, «beaucoup de choses ont changé pour les Américains», a reconnu Barack Obama : «Nous avons connu la guerre et la récession, des débats passionnés et des divisions sur le plan politique». «Mais aujourd’hui, il est important de se souvenir de ce qui n’a pas changé. Notre caractère national n’a pas changé. Notre foi, dans Dieu et dans les autres, n’a pas changé», a-t-il assuré, d’un ton grave et posé. «Notre foi dans les États-Unis, nés d’un idéal intemporel selon lequel les hommes et les femmes devraient se gouverner eux-mêmes, que tous les gens sont nés égaux, et méritent la même liberté de déterminer leur propre destin, cette foi n’a été que renforcée par les épreuves».


VIGILANCE ACCRUE
Au-delà des nombreuses célébrations tenues dans tout le pays par la classe politique et la société civile, la journée a également été marquée par la crainte de voir les cérémonies ternies par un nouvel attentat, dont l’éventualité a été révélée quelques jours auparavant. D’après la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, cette menace émanait d’Al-Qaïda,  quatre mois après la mort du chef de la nébuleuse islamiste, Oussama Ben Laden, tué au Pakistan par un commando américain le 2 mai.
“Grâce aux efforts sans relâche de notre armée, de nos services de renseignement, de nos forces de l’ordre et des membres de la sécurité intérieure, il n’y a pas de place au doute : aujourd’hui, l’Amérique est plus forte et Al-Qaïda se dirige vers la défaite”, a répondu samedi Barack Obama, dans son allocution hebdomadaire à la radio et sur internet.
Plusieurs autres cérémonies ont eu lieu à New York, dont l’une à la mémoire des 343 pompiers tués le 11-Septembre, à la cathédrale St Patrick, et l’autre à l’US Open de tennis.
D’autres commémorations ont émaillé la journée un peu partout dans le pays, qui a oublié pour un jour ses profondes divisions politiques, la crise économique et le chômage à plus de 9%.


Commémorations de par le monde


De l’Afghanistan à la Nouvelle Zélande, de Paris à Londres, de nombreux pays ont également marqué le 10e anniversaire des attentats, nombre de dirigeants tenant à souligner que la lutte contre le terrorisme était loin d’être terminée.
En Nouvelle-Zélande, joueurs et spectateurs du match Irlande-Etats-Unis de la Coupe du monde de rugby ont observé une minute de silence, au stade Taranaki de New Plymouth.
Les troupes américaines déployées en Afghanistan ont rendu hommage aux morts du 11-Septembre et aux victimes des combats.
Paris s’est associé à l’anniversaire avec des répliques des tours du World Trade Center sur l’esplanade du Trocadéro, des concerts et une messe à Notre-Dame.
A Londres, près de 2.000 personnes ont participé à un office religieux à la cathédrale Saint Paul, pour rendre hommage aux 67 Britanniques tués dans les attentats. Une cinquantaine de militants islamistes ont brûlé l’image d’un drapeau américain devant l’ambassade des Etats-Unis.
En Allemagne, un service oecuménique a été célébré à l’Eglise américaine de Berlin par des représentants des communautés juive, musulmane et chrétienne. Le drapeau américain était en berne à Checkpoint Charlie.
Et à Rome, une minute de silence a été observée dans les aéroports.
Le pape Benoît XVI a appelé les responsables politiques à “résister à la tentation de la haine”, et le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen a affirmé qu’après le “long hiver” dont les attentats du 11-Septembre ont marqué le commencement, les événements du “printemps arabe” marquaient “une nouvelle saison d’espoir”.
Même si la peur a diminué, les Américains restent très marqués par le 11-Septembre, et les grandes chaînes de télévision ont toutes retransmis en direct dimanche la cérémonie de New York.
Mais après dix ans de guerre, alors que le pays se débat dans une grave crise économique, certains commencent à penser qu’il temps de commencer à tourner la page.
Le bilan financier de ces dix années est particulièrement lourd pour les Etats-Unis: en comptant les milliards de dollars engloutis dans la sécurité, dans les guerres, mais aussi l’impact économique des attentats et le coût des pertes humaines, il atteint 3.300 milliards de dollars, a selon le New York Times.


 



 

(Visited 28 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires