Les défis des négociations directes à Sharm El-Cheikh

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens lancées au début du mois à Washington sous le parrainage du chef de la Maison- Blanche, Barack Obama, ont repris mercredi à Charm El-Cheikh en Egypte. En présence de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, qui vient pour encourager les deux parties à aller de l’avant, le président palestinien Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, étaient à la tête de leur délégation respective. Néanmoins, la reprise s’annonce difficile. Selon le quotidien israélien Haaretz, l’ordre du jour des négociations est déjà une source de désaccord. Alors que les Israéliens veulent entamer la reprise des négociations directes par les questions sécuritaires et la reconnaissance par les Palestiniens de l’Etat d’israël en tant qu’Etat Juif, les Palestiniens veulent discuter des futures frontières de l’Etat palestinien indépendant et, secondairement, des questions sécuritaires. Selon la télévision publique israélienne, le Premier ministre israélien envisage se rendre ce dimanche à Washington pour rencontrer de hauts responsables américains.  Le Premier ministre israélien Netanyahu et le président palestinien Abbas se sont retrouvés mercredi à Jérusalem, avec la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton qui a loué leur “sérieux” dans la poursuite de leurs difficiles pourparlers de paix. Arrivée mardi soir de Charm El-Cheikh (Egypte), Mme Clinton a commencé une journée marathon dans la Ville sainte, au coeur du conflit israélo-palestinien, par une rencontre avec le président israélien Shimon Pérès. Les protagonistes israélien et palestinien sont “sérieux dans leur volonté de conclure un accord”, a assuré la secrétaire d’Etat à l’issue de l’entrevue. “Ils entrent dans le vif du sujet et ont commencé à aborder les questions clé dans des discussions en face à face”, a-t-elle dit au lendemain de pourparlers trilatéraux à Charm el-Cheikh. “Ils sont les dirigeants que les Etats-Unis soutiendront pour prendre les décisions difficiles”, a ajouté Mme Clinton en référence à Netanyahu et Abbas. “A Charm El-Cheikh, c’était un début. Tâchons de faire ce qui peut être accompli. Il faut être sérieux pour trouver la paix, les dangers sont sérieux. Cela peut et doit être accompli”, a pour sa part insisté Peres. Les rencontres de Charm El-Cheikh ont donné lieu à “des discussions sérieuses sur des questions de fond”, a déclaré l’émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell qui accompagne la secrétaire d’Etat, mais sans faire état de progrès tangible. Parmi les questions clé du conflit figurent les frontières d’un futur Etat palestinien, la sécurité d’Israël, le sort des réfugiés palestiniens, le statut de Jérusalem ou encore la colonisation juive.  Efforts égyptiens De sa part, l’Égypte espère convaincre les États-Unis de faire pression sur le Premier ministre israélien pour qu’il prolonge le gel de la colonisation. “L’Égypte participe aux discussions directes pour ne pas laisser les Palestiniens seuls à la table des négociations”. Cette déclaration du chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, résume bien l’ambiance au Caire alors que l’Égypte a renoué, à Charm El-Cheikh, avec une longue tradition de conférences de paix dans la station balnéaire du Sinaï, avec un résultat jusqu’à présent des plus mitigés. Officiellement, l’Égypte espère bien parvenir cette fois à un accord israélo-palestinien. Le président Hosni Moubarak en a d’ailleurs tracé les grandes lignes dans une tribune publiée par le New York Times au moment du lancement des négociations directes à Washington, retour aux frontières de 1967, Jérusalem capitale des deux états, déploiement de forces internationales en Cisjordanie. Une position qui fait, selon Le Caire, l’objet d’un consensus au sein du monde arabe.
Le Président Hosni Moubarak a renouvelé son appel à exploiter l’occasion d’or qui s’offre pour la réalisation d’une paix mettant fin aux souffrances du peuple palestinien et assurant la sécurité et la stabilité aux peuples de la région.   Il a en outre appelé à saisir cette occasion pour le succès des négociations directes entre les deux côtés palestinien et israélien, tout en soulignant qu’Israël est appelé à renoncer définitivement à la colonisation. 
Etat juif et colonisation Quant à la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif, ce qui pourrait, d’un côté, compromettre le retour des réfugiés palestiniens dans leurs terres et leurs foyers, et d’un autre  nuire aux intérêts des Palestiniens de nationalité israélienne qui ont pu rester en Palestine lors de son occupation en 1948, les Palestiniens refusent catégoriquement son insertion dans l’ordre du jour. Si l’on rajoute la question de la colonisation qui, selon plusieurs responsables israéliens devrait reprendre après le 26 septembre, alors que le président Abbas a menace d’arrêter le processus de négociations au cas ou Israël arrête le gel de la colonisation en cours, on peut se demander à quoi serviront les discussions à Charm El-Cheikh. En effet, Benjamin Netanyahu semble vouloir mettre des bâtons dans les roues avant une véritable entame du processus de négociations directes auquel se sont joints les Palestiniens suite à d’énormes pressions du parrain américain et de beaucoup d’Etats arabes.  Il a en effet déclaré qu’Israël ne pouvait pas prolonger le moratoire sur les constructions de nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie, mais il a laissé entendre qu’il limiterait l’ampleur des futurs chantiers, ont indiqué des responsables israéliens. C’est bien sûr une nouvelle invention israélienne. Comme si le problème était l’ampleur de la colonisation et non le principe de la colonisation lui-même. Les Palestiniens sont persuadés qu’ils ne peuvent créer leur Etat souverain et indépendant tant que les colonies continuent à pousser comme des champignons. “J’espère que le gouvernement israélien, placé devant le choix entre colonies et paix, optera pour la paix. Ils (les Israéliens) ne peuvent pas avoir les deux”, a déclaré le chef des négociateurs palestiniens, Saeb Erekat. Etant persuadé que la question de la colonisation pourrait détruire tous les efforts fournis pour une reprise sérieuse du processus de paix, il a fait état, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, “d’énormes obstacles” sur la voie de la paix. Le président américain, Barack Obama, avait jugé souhaitable “de prolonger ce moratoire tant que les discussions évoluent de façon constructive”. A Washington, le département d’Etat a exhorté les deux parties à “trouver des compromis sur des sujets sensibles”.  

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