L’Egypte sous l’influence des polémiques

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


 
 
Cette polémique survient alors que dans quelques jours, le 28 novembre, les élections législatives auront lieu. Un nouveau gouvernement devrait donc voir le jour en Egypte. La Haute cour administrative du Caire a autorisé d’anciens membres du parti national démocratique (PND) du président déchu, Moubarak, à se présenter aux élections parlementaires prévues le 28 novembre en cours. Cette décision vient casser un jugement rendu la semaine dernière par un tribunal local interdisant aux membres du PND, aujourd’hui dissous, de participer aux élections dans une province égyptienne, celle de la ville de Mansoura. La décision rendue au milieu de semaine s’applique à l’ensemble du pays et ne peut faire l’objet d’un appel. Elle survient alors que la campagne électorale a déjà débuté, avec de nombreux anciens du PND se présentant comme indépendant ou sous d’autres étiquettes politiques.
Vif débat 
La présence de candidats de l’ancien PND fait l’objet d’un vif débat en Égypte, entre ceux qui redoutent de voir les responsables de l’ancien système remis en selle, et ceux qui estiment leur présence normale dans un contexte de concurrence démocratique. Le parti a été dissous après la démission le 11 février de Moubarak, poussé au départ par une révolte populaire et après avoir été lâché par la hiérarchie militaire égyptienne, aujourd’hui au pouvoir. Elles se dérouleront en plusieurs étapes. Elles débuteront par l’Assemblée du peuple (Chambre des députés) pour se poursuivre avec le Conseil consultatif (Sénat). L’ensemble de ce processus électoral durera près de quatre mois, de novembre à mars 2012. L’armée quant à elle a promis de rendre le pouvoir aux civils après l’adoption d’une nouvelle constitution et l’élection d’un nouveau président.
 
Fièvre électorale
Dans ce contexte, la fièvre électorale est montée d’un cran en Egypte où militants et équipes de campagne semblent prêts à tout pour recueillir les voix des électeurs à une  semaine du premier scrutin parlementaire libre organisé dans le pays depuis des décennies. Neuf mois après la “Révolution du Nil” qui a renversé Moubarak, les Egyptiens sont appelés aux urnes le 28 novembre dans le cadre d’élections législatives avant une élection présidentielle promise par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis février.
 
Au coeur de toutes les attentions et de toutes les critiques, les Frères musulmans et leur formation politique le Parti de la Liberté et de la Justice. Disposant d’un réseau d’organisations caritatives et d’hôpitaux, les Frères musulmans sont très présents auprès de la population dans l’ensemble du pays et leurs opérations de séduction de l’électorat ne sont pas du goût de leurs adversaires qui dénoncent des achats de voix. Et la guerre des affiches fait rage. Dans les quartiers aisés de la capitale, les opposants des partis islamistes retirent celles du Parti de la liberté et de la justice, et dans certaines régions du pays, ce sont les candidats libéraux qui font les frais de cette bataille médiatique. Les milices des Frères musulmans déchirent les affiches électorales, selon certains témoins. Selon certains militants, des partis font appel à des volontaires rémunérés pour défendre les affiches contre tout acte de sabotage.
 
Projet constitutionnel
A noter que les Frères musulmans (FM) et plusieurs petits partis, en majorité islamistes, ont menacé lors d’une conférence de presse de faire descendre dans la rue un million de personnes vendredi dernier pour empêcher la rédaction de principes constitutionnels par le gouvernement dirigé par l’armée. Selon eux, cette tâche doit incomber à l’Assemblée du peuple qui sera élue début 2012. Le vice-Premier ministre Ali Al-Salmi avait affirmé que le Conseil suprême des Forces armées (CSFA), au pouvoir en Egypte depuis la chute en février de Moubarak, “étudie attentivement” un projet de “déclaration de principes fondamentaux de la Constitution”. 
Selon le projet de déclaration constitutionnelle établit notamment que “l’Egypte est un pays civil et démocratique qui réunit les citoyens dans un Etat de droit sans distinction”, en référence aux chrétiens. Ce projet, qui prévoit une Assemblée constituante composée de 80 membres, affirme également, que “la charia (loi islamique) est la source principale du Droit”, tout en garantissant les droits des autres communautés. Mais les forces politiques islamistes dirigées par les Frères musulmans et les salafistes refusent les articles 9 et 10 modifiés de la confidentialité du budget de l’armée et d’attester que l’armée, non pas le peuple est le protecteur de la légitimité constitutionnelle.
 
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