L’Egypte et le Printemps arabe sur la table du G8

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


 


 


Le sommet du G8 s’est ouvert  jeudi dernier pour deux jours à Deauville (Basse-Normandie), sous présidence française. Déjà bousculé par, d’une part, les révolutions en Egypte et en Tunisie, d’autre part la catastrophe nucléaire au Japon, cette rencontre a également fait face à la démission du directeur général du Fonds monétaire international. L’Union européenne paraît décidée à obtenir qu’un Européen succède à Dominique Strauss-Kahn, inculpé aux Etats-Unis pour tentative de viol. Une perspective contestée par certains grands pays émergents, qui étaient absents de Deauville. “Il y aura une candidature européenne “, a déclaré le ministre français des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, en marge d’une conférence sur l’impact social de la mondialisation. L’UE semble se ranger derrière le nom de la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, malgré la menace d’une enquête pour abus d’autorité dans le dossier d’indemnisation de l’homme d’affaires Bernard Tapie.


Changement dans la région
Déchargé de la gestion des grands dossiers économiques, désormais traités au niveau du G20 avec les pays émergents, le G8 est en quête d’une nouvelle légitimité. La France a retenu comme priorités pour ce sommet les enjeux d’internet, la sécurité dans le monde et l’aide au développement de l’Afrique, dont neuf chefs d’Etat et de gouvernement étaient invités vendredi à Deauville. Le G8 a ainsi adopté pour la première fois une déclaration sur internet, précédée par un forum des grands acteurs mondiaux du secteur. Mais les événements internationaux de ces six derniers mois ont largement modifié l’ordre du jour de Deauville. Le “printemps arabe” et la situation en Syrie, en Libye et au Yémen ont été au centre du dîner de jeudi soir, ainsi que les suites de la mort du chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden. Les dirigeants du G8, divisés sur l’avenir de l’énergie nucléaire, s’efforçaient enfin de tirer les leçons de l’accident de Fukushima.


Etat palestinien
Les Palestiniens sont bien décidés à aller devant l’ONU en septembre réclamer la création de leur Etat, si les négociations de paix ne progressent pas. Dans ces conditions, Obama a effectué une tournée diplomatique en Europe qui a été dominée par les répercussions du “printemps arabe” et par les dossiers économiques, à commencer par la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. Obama s’est rendu en Irlande, en Grande-Bretagne, en France et en Pologne. Les discussions ont porté largement sur le mouvement de réformes engagé au Proche-Orient. Obama a offert une aide économique à l’Egypte et à la Tunisie et espère s’en servir comme exemples pour le reste de la région. Il a entériné l’idée de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, antérieures donc à la guerre des Six-Jours et à la conquête de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est par Israël. Rejetée par le Premier ministre israélien Netanyahu, critiquée par les républicains majoritaires à la Chambre des représentants, l’idée est vue avec plus de bienveillance en Europe. Obama a également discuté avec des alliés en première ligne dans l’intervention en Libye, où la situation stagne deux mois après les premiers bombardements contre les installations militaires du régime de Kadhafi.


Inquiétudes  économiques
Le Caire sollicite l’aide internationale. Aujourd’hui, seulement 4 mois après la chute de Moubarak, le pays fait face à une industrie grippée, un tourisme au ralenti, une inflation en hausse et des comptes publics en berne, ont relevé les analystes.  En réalité, l’économie tourne à 50% de sa capacité et les exportations ont chuté de 40% depuis janvier.  A elles seules, les grèves auraient coûté 1.1 milliard $ au budget.  Les inquiétudes relatives à la transition démocratique promise sont d’autant plus fortes que le pays est en proie à de fortes attentes sociales, des poussées de violences interconfessionnelles et des incertitudes politiques.  Le gouvernement, qui vient de faire parvenir une demande officielle de prêt au FMI, estime entre 10 et 12 milliards de dollars les besoins de financement de la part de la communauté internationale d’ici mi-2012. 
A noter que l’Arabie saoudite a décidé d’octroyer à l’Egypte une aide de près de 4 milliards de dollars, sous forme de prêts et de dons.


 

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