Le Soudan noyé dans les problèmes

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Le président soudanais Omar El-Béchir, sous mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), s’est rendu mercredi et jeudi derniers à N’Djamena, capitale du Tchad, à la conférence des chefs d’Etat de la communauté des pays sahélo-sahariens” (Censad), premier déplacement dans un pays reconnaissant la juridiction de ce tribunal, ont indiqué mardi des responsables soudanais. “Le président dirige la délégation du Soudan au sommet de la Censad”. Selon le journal d’Al-Khabar, le conseiller présidentiel Ghazi Salaheddine et le chef des services de renseignement soudanais Mohammed Atta ont fait partie de la délégation. Les déplacements du président soudanais sont l’objet -selon les destinations- d’une grande discrétion depuis l’émission en mars 2009 d’un mandat d’arrêt de la CPI à son encontre, pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour (ouest). La CPI a délivré la semaine dernière un second mandat d’arrêt, cette fois pour génocide, toujours au Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre complexe à l’origine de 300.000 morts selon les estimations de l’ONU -10.000 d’après Khartoum- et 2.7 millions déplacés.  Référendum sur l’indépendance  “Les référendums du Sud-Soudan et d’Abyei sont les deux plus importants événements à venir au Soudan depuis l’indépendance du pays en 1956. Or il est alarmant de voir le faible niveau de préparation”, estiment les organisations dans leur rapport conjoint. “La possibilité de tenir deux référendums libres, justes et pacifiques devient chaque jour plus difficile”, poursuit le rapport. La commission devant organiser le référendum d’indépendance du Sud-Soudan a été mise sur pied fin juin, mais elle doit en théorie avoir complété l’enregistrement des électeurs trois mois avant la tenue du plébiscite, soit début octobre. Le retard dans l’organisation du référendum d’indépendance du Sud-Soudan est “alarmant”, ont estimé une vingtaine d’ONG internationales qui ont exhorté les grandes puissances à intervenir d’urgence pour éviter un retour à la guerre civile.  Les Sud-Soudanais doivent voter en janvier lors d’un référendum d’indépendance qui pourrait aboutir à la partition du Soudan, plus vaste pays d’Afrique. Un deuxième référendum est prévu simultanément dans la région frontalière d’Abyei où les habitants doivent décider de leur rattachement au Sud ou Nord du pays. Ces deux référendums sont les points clés de l’accord de paix global (CPA) ayant mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le Nord du pays, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, un conflit à l’origine de deux millions de morts. “L’accord de paix global a maintenu le Nord et le Sud Soudan unis et mis un terme à l’un des conflits les plus meurtriers du XXe siècle. Un référendum non crédible pourrait replonger le pays dans la guerre”, a souligné dans un communiqué Osman Hummaida, directeur du Centre africain pour les études sur la paix et la justice.  Par ailleurs, le vice-président américain Joe Biden a reconnu sur la chaîne de télévision ABC que le référendum de janvier 2011 au Soudan sur l’indépendance du sud-Soudan suscite des “inquiétudes légitimes”. Les États-Unis travaillent “à plein temps” pour s’assurer que le référendum sera exempt de fraude, a estimé le vice-président Biden.   Dans ce contexte, les Nations Unies et l’Union africaine se sont déclarées prêtes à travailler avec le gouvernement soudanais et la communauté internatioinale pour résoudre la question du Darfour et assurer un référendum libre et crédible sur l’autodétermination du Sud-Soudan. Les participants à une réunion consultative, organsée par l’ONU et l’Union Africaine à Khartoum, ont appelé les mouvements armés du Darfour à rejoindre les négociations de paix de Doha, au Qatar. “La participation de haut niveau à cette réunion confirme la détermination de l’UA et de l’ONU à aider le peuple soudanais à résoudre leurs problèmes”, a déclaré le commissaire à la paix de l’UA, Ramadan al-Amamra. Il a indiqué que la réunion de Khartoum examine les questions clés du Soudan, dont les moyens d’accélérer les efforts de paix au Darfour, le soutien à la mise en oeuvre de l’Accord de paix globale et les questions relatives aux préparatifs du référendum.  Kiir et la Paix au Darfour  Les ex-rebelles du Sud-Soudan veulent établir le contact entre le président Omar El-Béchir et la rébellion du Darfour afin de favoriser la tenue de pourparlers de paix, a affirmé la formation, qui a aussi fait état d’une tentative de meurtre contre l’un de ses membres. Salva Kiir – chef des ex-rebelles sudistes du SPLM, président du Sud-Soudan et premier vice-président du Soudan – a “décidé que le SPLM allait s’engager à apporter la paix au Darfour”, a déclaré lors d’une conférence de presse à Khartoum, Yasser Arman, haut responsable de la formation. Kiir contactera les dirigeants des deux principaux mouvements rebelles du Darfour, Abdelwahid Nour, chef de l’Armée de libération du Soudan (SLA), exilé à Paris, et Khalil Ibrahim, leader du Mouvement pour la justice de l’Egalité (JEM), actuellement établi en Libye, et les invitera à envoyer une délégation à Juba, la capitale du Sud-Soudan. Ces deux groupes rebelles, les plus importants du Darfour, refusent pour l’instant de participer au processus de paix de Doha, au Qatar.  Or Salva Kiir “est la seule personne au sein de la présidence soudanaise à être en mesure de parler aux deux parties, d’un côté le président Omar el-Béchir et le second vice-président Ali Osman Taha, et de l’autre Abdelwahid et Khalil”, a fait valoir Arman. Kiir “est un canal fiable afin d’adoucir les relations entre le gouvernement soudanais et la rébellion”, a souligné Arman.  
legendes
1 Des centaines de partisans de l’indépendance du Sud-Soudan 2 Le président soudanais Omar el-Béchir
3 Salva Kiir

(Visited 46 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires