Le Soudan et le souffle de la guerre à nouveau

15-12-2011 09:07 AM


 


Le 9 juillet prochain devait être une fête pour le Sud-Soudan. Un jour historique pour célébrer la naissance du 54e Etat africain. Il y a quelques semaines encore, l’optimisme était de mise. On saluait l’esprit pacifique qui avait entouré la tenue du référendum sur l’autodétermination de janvier. On s’étonnait, pour s’en féliciter, de la bonne volonté de Khartoum pour s’incliner devant le choix quasi unanime des Sud-Soudanais en faveur de la partition de ce qui demeure, pour un mois encore, le pays le plus étendu d’Afrique. Cette attitude conciliante du président Omar Al-Bachir n’allait pas de soi. Avec l’indépendance du Sud, l’homme fort de Khartoum voit partir une région qui recèle les trois quarts des réserves nationales de pétrole.


Nouveaux crimes contre l’humanité
Par ailleurs, Le président soudanais Omar Al-Béchir commet de nouveaux crimes contre l’humanité au Darfour et défie l’autorité du Conseil de sécurité, a dénoncé mercredi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo. Il a expliqué que les attaques aériennes visant des civils, ainsi que des meurtres de membres de minorités ethniques dans la région occidentale du Soudan continuaient. Ces millions de victimes déplacées sont aujourd’hui encore soumises aux viols, à la terreur et à des conditions de vie visant à la destruction de leurs communautés, ce qui constitue un génocide, a ajouté Moreno-Ocampo. L’Union africaine a invité le Conseil de sécurité de suspendre les chefs d’accusation contre Al-Béchir pendant un an, ce qui est autorisé par les statuts de la CPI. Mais jusqu’à présent aucun membre africain du Conseil n’en a fait la demande, selon des diplomates. L’inquiétude croît sur le Darfour où, selon l’ONU, au moins 300.000 personnes sont mortes depuis un soulèvement contre le gouvernement de Khartoum qui a commencé en 2003. L’ONG Human Rights Watch a signalé dans un rapport cette semaine une recrudescence d’attaques gouvernementales au cours des six derniers mois.


Affrontements entre nordistes et sudistes
Par ailleurs, les affrontements meurtriers entre forces nordistes et sudistes se poursuivaient mercredi dans la capitale de l’Etat pétrolier du Kordofan-Sud, dans le centre du Soudan, et risquaient de s’étendre, a annoncé l’ONU, en faisant état de milliers de déplacés.
Le Kordofan-Sud, seul Etat pétrolier du Nord, se trouve à la frontière avec le Sud-Soudan et a été un champ de bataille pendant la guerre civile entre nordistes et sudistes (1983-2005). Il reste en plus beaucoup d’armes dans cet Etat qui a des liens étroits avec le Sud, particulièrement parmi les habitants des Monts-Nuba, qui ont combattu du côté des rebelles sudistes. Le gouverneur sortant Ahmed Haroun, poulain du parti du président nordiste Omar Al-Béchir recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre au Darfour, a battu le gouverneur adjoint de la province, Abdelaziz Al-Hilou, numéro deux de la branche Nord du SPLM, le parti au pouvoir au Sud-Soudan. Les Etats-Unis ont appelé à la fin immédiate des violences au Kordofan-Sud, et pressé les dirigeants soudanais de se rencontrer immédiatement pour résoudre ces questions pacifiquement et rapidement. La France est préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire à Abyei et dans le Kordofan méridional. Elle appelle les parties à tout faire pour éviter une escalade de la violence qui pourrait faire de nouvelles victimes civiles.


Abyei reste instable
Près de 100.000 personnes ont fui les combats à Abyei, selon un nouveau rapport publié par les Nations unies. Le bureau humanitaire de l’ONU a qualifié de “tendue et imprévisible” la situation dans cette ville située à la lisière du Nord et du Sud-Soudan, et réclamée par les deux camps. Selon l’ONU, les violences auraient déjà fait 1 500 morts en 2011. Les humanitaires se montrent inquiets devant les faibles capacités d’accueil du Sud-Soudan et les risques de famine. L’exode intervient “en pleine période de faim, lorsque des dizaines de milliers de foyers sont forcés de réduire leur consommation avant la première récolte du Sud”, souligne le rapport. Un constat d’autant plus alarmant que ces réfugiés s’ajoutent au 300.000 Sud-Soudanais qui ont déjà fui le nord du pays ces six derniers mois.


 


 

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