Le programme nucléaire iranien doit être pacifique

15-12-2011 09:06 AM


Le président russe Dmitri Medvedev a insisté jeudi dernier sur l’importance du caractère « pacifique » du programme nucléaire iranien, à l’occasion de sa première rencontre avec son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad depuis la dégradation des relations entre les deux pays ces derniers mois. Au cours d’une « conversation très ouverte » en marge d’un sommet régional dans la capitale azerbaïdjanaise Bakou, M. Medvedev a souligné « l’importance du caractère pacifique de la poursuite du programme nucléaire iranien », a déclaré le conseiller diplomatique du chef de l’État russe, Sergueï Prikhodko. « Aucune question fâcheuse n’a été évitée, ni de notre côté ni de celui de nos collègues » iraniens, a-t-il ajouté à l’issue de la rencontre. Celle-ci intervenait après le récent refus par Moscou de livrer à Téhéran des missiles sophistiqués S-300.
L’Iran et les grandes puissances réunies au sein du groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU : États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, plus l’Allemagne) sont convenus de reprendre le 5 décembre leurs discussions à propos du programme nucléaire iranien, interrompues en octobre 2009. Mais ni le lieu de cette rencontre ni le détail de son ordre du jour n’ont pour l’heure été fixés. La communauté internationale soupçonne l’Iran de chercher, malgré ses dénégations, à se doter de l’arme nucléaire sous couvert de son programme nucléaire civil.


 


Avant sa rencontre avec M. Medvedev, le président iranien a déclaré que Téhéran était « toujours prêt à négocier » sur son programme nucléaire, mais a rejeté toute pression. Les pays occidentaux « pensent qu’ils parviendront à quelque chose en faisant pression sur l’Iran, mais ce ne sera pas le cas. Ils espèrent qu’un blocus de l’Iran changera le peuple iranien. Mais le peuple iranien ne sera pas brisé par les sanctions », a affirmé M. Ahmadinejad.
La Russie veut poursuivre sa coopération avec la République islamique dans les domaines qui ne tombent pas sous le coup des sanctions de l’ONU, selon M. Prikhodko. En septembre, M. Medvedev a annulé la vente de missiles S-300 en invoquant les sanctions prévues par une résolution de l’ONU, qui a condamné en juin pour la sixième fois en quatre ans le programme nucléaire iranien controversé. Ces sanctions interdisent notamment la livraison de certains matériels militaires à Téhéran, mais les dirigeants iraniens ont présenté cette décision comme une soumission de la Russie aux États-Unis. L’Europe, les États-Unis et Israël s’étaient élevés contre la vente de S-300 car ce système perfectionné de missiles, l’équivalent du système américain Patriot, permettrait à Téhéran de défendre efficacement ses installations nucléaires en cas de frappes aériennes. L’épisode concernant ces missiles n’est qu’un des signes illustrant les distances prises par la Russie vis-à-vis de l’Iran, selon des experts. Moscou a déjà soutenu une série de résolutions de l’ONU sanctionnant Téhéran et M. Medvedev a admis l’été dernier que l’Iran était « proche d’avoir le potentiel » de construire une bombe nucléaire.
Mercredi, en visite à Washington, le chef d’état-major israélien Gabi Ashkenazi a affirmé que l’effet des sanctions imposées à l’Iran est incertain, indiquant ne pas savoir si elles vont conduire Téhéran à mettre fin à son programme nucléaire controversé. « Nous avons encore du temps pour étudier cela et voir quel sera le résultat final », a-t-il estimé, tout en se refusant à préciser combien de temps Israël était prêt à attendre. L’État hébreu laisse planer la menace de frappes militaires pour s’assurer que Téhéran ne se dote pas d’armes nucléaires. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ainsi assuré début novembre que c’était « la seule manière de s’assurer que l’Iran n’obtienne pas d’armes nucléaires ». Le secrétaire à la Défense américain Robert Gates a rejeté cet appel, estimant que le dernier train de sanctions adopté en juin avait un effet sur l’économie iranienne. Selon le chef du Pentagone, des frappes ne constitueraient qu’une « solution à court terme » et « unifieraient une nation divisée ».



Légende:
Sommet Medvedev-Ahmadinejad à Bakou

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