Le pape Jean-Paul II désormais “bienheureux”

15-12-2011 09:07 AM



Le pape Jean Paul II a été proclamé bienheureux dimanche 1er mai par son successeur Benoît XVI, sous les vivats de la foule au Vatican au cours d’une cérémonie suivie par des millions de fidèles à travers le monde.Il sera désormais fêté tous les ans, le 22 octobre.
 Le cercueil de Jean Paul II avait été sorti vendredi des cryptes du Vatican et a été exposé dans la basilique Saint-Pierre, devant le maître-autel surmonté de l’imposant baldaquin du Bernin.
Avec son exactitude habituelle, le pape Benoît XVI pénétra sur la place Saint-Pierre. Il arbora un large sourire, embrassa des bébés. Patiemment, dans sa papamobile, il attendit au pied des marches que s’écoule le flot de cardinaux qui montaient à l’autel central. Il porta des vêtements liturgiques qui ont été utilisés par son prédécesseur.  Après la prière du Regina Coeli, durant laquelle le pape Benoît XVI a pris soin de remercier tous ceux et celles qui avaient contribué au succès de la gigantesque organisation que représente cette béatification, s’est déroulé un moment rare. Seul, précédant le collège cardinalice, le pape est entré dans la basilique entièrement vide. Dans un grand silence, il a remonté la nef jusqu’à l’autel de la Confession, au-dessus de la Tombe de Pierre.  Là, toujours en silence, il s’est agenouillé devant le cercueil de son prédécesseur. Longuement, très longuement, dans un intense face-à-face reliant Pierre et ses deux lointains successeurs, il a prié. Après plusieurs minutes, il s’est relevé. Lui ont succédé la trentaine de cardinaux présents. Eux ont choisi, chacun, de toucher le cercueil de bois, puis de l’embrasser, dans une étreinte plus fraternelle que déférente. Au même moment, Benoît XVI, à proximité de la sacristie, saluait les chefs d’Etat présents. Un peu plus tard, un piquet de Gardes suisses s’est mis au garde à vous de part et d’autres du cercueil. Ont d’abord défilé les délégations officielles, puis l’immense foule.   Au moment où a été dévoilé, à la loggia de Saint-Pierre, le visage du nouveau bienheureux, la foule a applaudi longuement, semblant ne pas vouloir s’arrêter. De nombreux pèlerins ont pleuré, d’autres ont repris le refrain que les foules ont martelé pendant presque 27 ans : « Giovanni Paolo ! » Au sein de  cette foule, l’atmosphère était particulièrement recueillie. À la ferveur se mêlait aussi la fatigue d une nuit de veille inconfortable sur les pavés de la Via della Conciliazione… En même temps que des images de la béatification, les bénévoles distribuaient des bouteilles d’eau : la pluie annoncée a fait place un grand soleil et une chaleur de plomb.   Homélie de Benoît XVI  L’homélie de Benoît XVI restera comme un grand texte de son pontificat. Il se situe pleinement, non seulement dans la continuité de son prédécesseur, mais aussi à la suite de Vatican II. Deux points forts dans cette homélie : « A travers le long chemin de préparation au Grand Jubilé, il a donné au christianisme une orientation renouvelée vers l’avenir, l’avenir de Dieu, transcendant quant à l’histoire, mais qui, quoi qu’il en soit, a une influence sur l’histoire. Cette charge d’espérance qui avait été cédée en quelque sorte au marxisme
et à l’idéologie du progrès, il l’a légitimement revendiquée pour le christianisme, en lui restituant la physionomie authentique de l’espérance, à vivre dans l’histoire avec un esprit d’« avent », dans une existence personnelle et communautaire orientée vers le Christ, plénitude de l’homme et accomplissement de ses attentes de justice et de paix. » Peu avant, le pape Benoît XVI avait insisté, citant les mots mêmes de son prédécesseur pour les reprendre à son compte : « Je désire encore une fois exprimer ma gratitude à l’Esprit Saint pour le grand don du Concile Vatican II, envers lequel je me sens débiteur avec l’Église tout entière et surtout avec l’épiscopat tout entier –. Je suis convaincu qu’il sera encore donné aux nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richesses que ce Concile du XXème siècle nous a offertes. En tant qu’évêque qui a participé à l’événement conciliaire du premier au dernier jour, je désire confier ce grand patrimoine à tous ceux qui sont et qui seront appelés à le réaliser à l’avenir. Pour ma part, je rends grâce au Pasteur éternel qui m’a permis de servir cette très grande cause au cours de toutes les années de mon pontificat ». Finalement, le pape Benoît XVI reprend explicitement à son compte l’héritage : « Ce que le Pape nouvellement élu demandait à tous, il l’a fait lui-même le premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible. Par son témoignage de foi, d’amour et de courage apostolique, accompagné d’une grande charge humaine, ce fils exemplaire de la nation polonaise a aidé les chrétiens du monde entier à ne pas avoir peur de se dire chrétiens, d’appartenir à l’Église, de parler de l’Évangile. En un mot : il nous a aidés à ne pas avoir peur de la vérité, car la vérité est garantie de liberté. »  Début du rite de béatification  Le cardinal Agostino Vallini, vicaire général du pape pour diocèse de Rome, avec  à ses côtés Mgr Slawomir Oder, postulateur de la cause, demanda formellement à Benoît XVI de procéder à la béatification. Il retraça d’abord la biographie de Karol Wojtyla et dépeignit ses vertus chrétiennes. Il évoqua sa totale confiance en la Vierge Marie. Les années de l’occupation nazie de la Pologne furent mises en lumière, ainsi que les années de formation romaine du futur bienheureux. Des applaudissements ponctuèrent cette biographie. « Il a toujours affirmé la primauté du Christ en tant que fondement d’un nouvel humanisme et source de droit inaliénable pour la personne humaine», insista le cardinal Vallini. « Son magistère lumineux a proclamé toujours et partout que le Christ est l’unique sauveur du monde. Il a aimé d’un amour particulier les jeunes » : ceux-là, désormais quadra- ou quinquagénaires, applaudissent alors.  Alors, chaussant ses lunettes, le pape prononça en latin la formule de béatification. La foule exulta alors dans un gigantesque Amen. Les applaudissements durèrent plusieurs minutes. Le portrait du pape Jean-Paul II fut déroulé à la loggia centrale de la basilique. C’est une photo, où il apparaît souriant et amical.    Moment troublant Un reliquaire contenant une ampoule du sang du Bienheureux fut alors amené devant le pape Benoît XVI par Sœur Marie Simon Pierre, accompagnée par Sœur Tobiana, une religieuse polonaise qui a servi Jean-Paul II.
Lors de la cérémonie, une place d’honneur a été réservée à soeur Marie Simon-Pierre Normand, une religieuse française que l’Eglise a déclarée miraculeusement guérie de la maladie de Parkinson par l’intercession de Jean Paul II. C’est grâce à ce miracle que la béatification a pu avoir lieu.
D’une démarche souple, résultat de sa guérison miraculeuse de la maladie de Parkinson, Sœur Marie-Simon Pierre présenta la relique à la foule, en liesse. Moment troublant, fortement incarné, retransmis par des centaines de télévisions dans le monde pour plus d’un milliard de téléspectateurs.   Grande affluence des pèlerins
Environ 90 délégations officielles du monde entier ont assisté à la cérémonie de béatification, dont 16 chefs d’Etat parmi lesquels le président zimbabwéen Robert Mugabe. Sanctionné pour des violations des droits de l’homme dans son pays, ce dernier est interdit de déplacement dans l’Union européenne, à laquelle n’appartient pas le Vatican. Des pèlerins de tous horizons, dont un grand nombre venu de Pologne, le pays natal de Karol Wojtyla, avaient pris d’assaut dès samedi la place Saint-Pierre, lieu symbolique de l’Eglise catholique romaine orné de portraits du défunt pape et de 27 bannières marquant d’autant d’années son pontificat – le plus long du XXe siècle. La foule s’étirait dimanche sur plus de 500 mètres, jusqu’au Tibre. La police l’a estimée à environ 1,5 million de personnes. Durant son homélie, Benoît XVI a rappelé que Jean Paul II avait béni les fidèles des milliers de fois du balcon dominant la place Saint-Pierre. “Bénis-nous maintenant”, a dit le pape.
Références: Reuters France Journal La Croix Site: www.johnpaulii.va


 

(Visited 24 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires