Des manuscrits exceptionnels de Giacomo Casanova viennent d’être acquis par la Bibliothèque Nationale de France (BNF), l’une des plus importantes acquisitions patrimoniales de l##établissement.
Un ensemble exceptionnel de manuscrits de Giacomo Casanova (1725-1798), dont la légendaire «Histoire de ma vie» du célèbre libre-penseur vénitien, viennent d’être acquis par la Bibliothèque nationale de France (BNF), dont c’est la plus grosse acquisition jamais réalisée.
Le manuscrit des mémoires de Casanova «Histoire de ma vie», constitue le coeur de ces 3.700 pages non reliées qui représentent «la plus importante acquisition patrimoniale de l’établissement», a dit la BNF à l’AFP.
Après une «chasse au trésor» rocambolesque, les précieux manuscrits arrivent à la BNF grâce à un généreux mécène qui a souhaité gardé l’anonymat et a déboursé quelque 7 millions d’euros pour l’occasion. Classé «bien d’intérêt patrimonial majeur», ce chef d’œuvre de la littérature mondiale et française -le Vénitien a rédigé toute son œuvre en français- est un «témoignage émouvant sur le Siècle des Lumières et une fresque vivante et haute en couleur» des aventures du génial mémorialiste » a confié Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Au fil des Mémoires, nous découvrons « Histoire de ma vie » un Casanova tour à tour financier, diplomate, joueur, escroc, s’évadant des Plombs, les lugubres prisons de Venise, fréquentant les cours européennes et rencontrant les plus grands intellectuels de son temps.
Le manuscrit comporte des ratures, des surcharges, des mots biffés quand ce ne sont pas des pages entières.
Si Casanova a publié à partir de 1780 des récits autobiographiques, le début de la rédaction d’«Histoire de ma vie» se situe aux alentours de 1789.
En 1798, sentant la mort approcher, Casanova lègue le document à son neveu Carlo Angiolini. C’est par les enfants de ce dernier que le manuscrit a été cédé en 1821 à l’éditeur Brockhaus de Leipzig en Allemagne dont les descendants l’ont conservé jusqu’à aujourd’hui.
Les documents, cachés dans un sous-sol à Leipzig, ont miraculeusement survécu aux terribles bombardements de la ville pendant la Seconde guerre mondiale, puis ont été emportés aux Etats-Unis par un membre de la famille de l’éditeur qui les a conservés depuis. Selon les experts, il n’existe qu’un seul exemplaire d'”Histoire de ma vie”.
Une exposition, à l’automne 2011 à la BNF, fera découvrir au public ces manuscrits mythiques.
Il est à savoir que Giacomo Girolamo Casanova fut tour à tour violoniste, écrivain, magicien (dans l’unique but d’escroquer Mme d’Urfé), agent secret confié par la France afin de juger l’état de ses navires de guerre, diplomate, bibliothécaire mais revendiquant toujours sa qualité de «Vénitien», sillonnant l’Europe du XVIIIe siècle en passant des prisons aux cours de souverains. Le tout lui permit, lors de la rédaction de ses mémoires, de brosser un portrait de la société prérévolutionnaire en dépeignant tout aussi bien les femmes de chambre que les ministres les plus en vue, offrant ainsi un témoignage de premier plan au sujet d’une époque charnière au cours de laquelle il rencontra, entre autres, Voltaire, Jean Jacques Rousseau et le pape Clément XIII.
Giacomo usa de pseudonymes, se créa de toutes pièces un titre de chevalier de Seingalt (prononcer Saint-Galle), et publia en français sous le nom de « Jacques Casanova de Seingalt ».
De lui subsiste une œuvre littéraire abondante, mais Casanova est célèbre aujourd’hui comme aventurier et surtout comme l’homme qui fit de son nom le symbole de la séduction. Il savait user aussi bien de charme que de perfidie pour conquérir les femmes. Sa réputation en cela dérive d’une œuvre autobiographique « Histoire de ma vie » rédigée en français et considérée comme l’une des plus authentiques sources à propos des coutumes et de l’étiquette de la vie sociale de l’Europe du XVIIIe siècle.
Bien qu’il soit souvent associé à Don Juan comme séducteur et à cause de son aisance dans le maniement de l’épée, sa vie ne procédait pas de la même philosophie. Ce n’était pas un collectionneur qui se détourne de sa conquête dès lors qu’elle s’est abandonnée à lui. Personnage historique et non de légende, jouisseur et exubérant, il vécut en homme libre de pensée et d’action, des premiers succès de sa jeunesse à sa longue déchéance.
D’ailleurs les 73 années d’existence contées par Casanova, ce grand libertin, dans « Histoire de ma vie », regorgent d’aventures, d’anecdotes et de détails sur cette époque d’éclosion d’idées nouvelles et sur la société d’alors, elles le sont dans un style littéraire aux tournures parfois alambiquées ou sophistiquées d’un narrateur « précieux », mais elles sont intelligibles, parfois admirables, souvent savoureuses, comme lorsque Casanova écrit avec simplicité : « Je n’ai jamais dans ma vie fait autre chose que travailler pour me rendre malade quand je jouissais de ma santé, et travailler pour regagner ma santé quand je l’avais perdue . »
Légende :
1- Buste de Giacomo Casanova découvert au Château de Waldstein, à Prague.
2- Une partie d’un manuscrit exceptionnel de Casanova.