Le Hamas appelle au référendum populaire sur la paix

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a affirmé mercredi soir que son mouvement respecterait les termes d’un accord de paix avec Israël s’il était approuvé par référendum. Cette déclaration, faite lors d’une rencontre avec les représentants des médias étrangers à Gaza, pourrait marquer une inflexion dans la position du groupe islamiste palestinien qui a maintes fois appelé le président Mahmoud Abbas, dont il conteste la légitimité, à cesser les négociations avec Israël. Le Hamas a déjà exprimé des positions similaires lors d’entretiens avec des visiteurs étrangers, sans pour autant les assumer publiquement. “Nous acceptons un État palestinien avec entière souveraineté sur les territoires occupés en 1967 et Jérusalem pour capitale, et une solution à la question des réfugiés”, a-t-il dit, citant le “document d’entente nationale” adopté en 2006, élaboré par les cadres des principaux mouvements palestiniens emprisonnés en Israël. Ce texte prévoyait un État palestinien dans les territoires occupés, soit une reconnaissance implicite d’Israël, un changement significatif de la part du Hamas. Le mouvement “respectera le résultat d’un référendum populaire sur tout accord, même si les résultats contredisent les convictions politiques du Hamas, et c’est le plus haut degré de la démocratie”, a affirmé Ismaïl Haniyeh, qui a néanmoins mis en doute les chances de succès des négociations avec Israël.  “Il n’existe pas de solution à deux États sur le terrain. Israël veut à la fois la terre, la paix et la sécurité, et cela n’est pas possible”, a-t-il souligné. En avril 2008, l’ex-président américain Jimmy Carter avait assuré après une rencontre avec le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, que le groupe pourrait reconnaître un accord de paix à condition “qu’il soit soumis à l’approbation des Palestiniens, même si le Hamas devait être en désaccord sur certains termes”. Khaled Mechaal s’était distancié de ces propos en déclarant que le Hamas ne reconnaîtrait pas Israël.  Nouveau gel de la colonisation  Le président palestinien Mahmoud Abbas a indiqué mercredi espérer être fixé sur les résultats des efforts américains pour obtenir d’Israël un nouveau moratoire sur la colonisation, réaffirmant disposer d’alternatives en cas d’échec. “Nous n’avons pas encore reçu de réponse officielle américaine mais peut-être que nous l’obtiendrons demain (jeudi) de manière officielle”, a déclaré Abbas lors de l’inauguration d’un bâtiment de la présidence palestinienne.”Nous attendons de passer à des négociations directes pour aborder les deux questions de fond dans un délai déterminé: les frontières et la sécurité, délimiter les frontières, avant d’achever les négociations directes”, a expliqué le dirigeant palestinien. “Les Américains ont fixé une échéance d’un an pour les négociations englobant toutes les questions de statut final”, a-t-il rappelé. Les pourparlers de paix ont repris le 2 septembre 2010 à Washington, pour s’interrompre le 26 septembre à l’expiration d’un moratoire israélien sur les nouvelles constructions dans les colonies juives de Cisjordanie occupée. Les Palestiniens exigent pour les poursuivre un nouveau gel de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée, auquel se refuse jusqu’à présent le gouvernement israélien. La Ligue arabe a avalisé le 8 octobre la position palestinienne et accordé un délai à l’administration américaine pour régler ce différend. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accepté d’envisager un nouveau moratoire de 90 jours en Cisjordanie, en échange de mesures de soutien sécuritaires et diplomatiques américaines mais exige une confirmation écrite pour les soumettre à son gouvernement.  WikiLeaks et les dirigeants palestiniens Par ailleurs, Abbas a estimé que les rares documents confidentiels américains publiés par WikiLeaks portant sur les dirigeants palestiniens montraient qu’ils ne pratiquaient “pas le double langage”. “Ces fuites font scandale mais il n’y a pas une seule remarque contre nous parce que le monde sait que ce que nous disons à l’Amérique ou à Israël, nous le disons au comité central (du mouvement Fatah qu’il dirige) et partout ailleurs donc nous n’avons rien à craindre”, a-t-il estimé. “Il n’y a rien à craindre des fuites sur l’agression contre Gaza, nos paroles ont été honorables, de même que celles de l’Egypte”, a-t-il ajouté, en référence à l’opération israélienne “Plomb durci” dans le territoire palestinien contrôlé par le Hamas en décembre 2008/janvier 2009. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a affirmé en mai 2009 à une délégation parlementaire américaine avoir essuyé un refus de l’Autorité palestinienne et de l’Egypte à sa proposition de reprendre le contrôle de Gaza grâce à l’affaiblissement du Hamas lors cette offensive, selon un des télégrammes diplomatiques américains.  Des armes américaines  Les pressions exercées par Israël pour obtenir des armes américaines plus performantes que celles que livre Washington à ses alliés arabes sont compliquées par leur hostilité commune envers l’Iran, selon des câbles diplomatiques américains divulgués cette semaine. Des messages de juillet 2009 révélés par le site internet WikiLeaks évoquent des discussions de responsables de la défense israéliens et américains sur l’intérêt d’armer l’Arabie saoudite et d’autres Etats arabes sunnites dans la perspective d’un blocage du programme nucléaire iranien. Devant les objections d’Israël au projet de vente de chasseurs F-15 et de missiles aux Saoudiens, Andrew Shapiro, responsable du département d’Etat, plaide pour “une communauté d’intérêts avec les Etats du Golfe, qui considèrent eux aussi l’Iran comme la menace prédominante”. “Nous devrions tirer parti de cette communauté” d’intérêts, dit Shapiro, qui semble avoir recueilli quelques soutiens. Si l’on en croit un autre message du “butin” WikiLeaks, l’Arabie saoudite a exhorté les Etats-Unis à opérer une attaque préventive contre l’Iran.  Ahmadinejad comme Hitler  Un dirigeant arabe fait écho à la position du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en comparant le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à Hitler. Un autre manifeste des affinités avec Israël en envisageant des options militaires contre l’ennemi iranien. Pour l’heure, les “révélations” de WikiLeaks concernant Israël ne sont guère surprenantes. Elles confirment en particulier la “très grande préoccupation” d’Israël face au programme nucléaire iranien. “À mon sens, il n’y a pas de grande différence entre ce qui peut être lu sur le site de WikiLeaks et ce que nous disons ouvertement”, a d’ailleurs déclaré le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak. Téhéran aurait pu se sentir trahi, isolé dans un Moyen-Orient présenté comme largement favorable à la chute du régime iranien, mais il n’en est rien. Du moins officiellement. Loin de prendre la mouche, le président Mahmoud Ahmadinejad accuse les États-Unis d’orchestrer les fuites des documents diplomatiques.  

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