L’année la plus meurtrière pour les soldats américains

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli



En cinq jours, 23 soldats américains sont morts en Afghanistan. Rien que mardi dernier, 6 soldats américains ont péri. Le 6e, tué dans une attaque des talibans dans le sud, a été annoncé mercredi par la force internationale de l’Otan (Isaf). Sur les 80 soldats étrangers morts en août, le 3e mois le plus meurtrier pour les forces internationales en neuf ans de guerre, 56 venaient des Etats-Unis. En juin déjà, 102 soldats étrangers -dont 60 américains- avaient été tués, et 88 en juillet -dont 65 américains. Avec pas moins de 490 soldats étrangers tués en huit mois (dont 323 Américains), l’année 2010 s’annonce comme la plus noire après 2009 déjà la plus meurtrière (521 morts) depuis le début de la guerre fin 2001. En 2009, 317 soldats américains avaient péri. Plus des deux tiers des quelque 141.000 soldats des forces internationales en Afghanistan, dont l’essentiel sous la bannière de l’Otan, viennent des Etats-Unis et les renforts dépêchés essentiellement par Washington depuis plusieurs mois vont porter cet effectif à 150.000 dans les prochaines semaines.


Le général américain David Petraeus, qui commande les troupes américaines et de l’Otan en Afghanistan, a admis mardi à Kaboul que les talibans gagnaient du terrain, mais il voit dans l’augmentation des pertes étrangères une conséquence de l’effort de guerre accru des Etats-Unis. “Je pense que personne ne peut contester le fait que les talibans étendent leur présence.” “Le nombre de leurs attaques s’est accru et c’est la manifestation du fait que nous avons en même temps augmenté nos ressources de manière conséquente et que nous leur prenons des sanctuaires qu’ils avaient pu établir ces dernières années”, a-t-il estimé. “Et quand les sanctuaires de l’ennemi sont menacés, il riposte. J’ai dit plusieurs fois cette année que cela serait plus difficile” pour les forces internationales, “avant de devenir plus facile”, a ajouté le général Petraeus.


Dans ce contexte, l’hécatombe de soldats américains survient à un moment où, sous la pression d’une opinion publique majoritairement réticente au maintien des “boys” dans ce qu’elle considère de plus en plus comme un “bourbier”, le président Barack Obama a réaffirmé mardi que le retrait des troupes s’amorcera à l’été 2011, s’exprimant à l’occasion d’un discours portant sur le retrait américain d’Irak. “En août prochain, nous entamerons une période de transmission des responsabilités en direction des Afghans”, a rappelé Barack Obama, qui avait annoncé en décembre 2009 un renfort de 30.000 hommes en Afghanistan, suivi d’un début de  retrait à l’horizon de 18 mois. La version du discours remise à la presse évoquait initialement la date de “juillet prochain”. “Le rythme de retrait de nos troupes sera déterminé par la situation sur le terrain et notre soutien à l’Afghanistan continuera”, a ajouté Barack Obama. “Mais qu’on ne s’y trompe pas: cette transition s’engagera, car la perspective d’une guerre sans fin ne servirait pas nos intérêts ni ceux du peuple afghan”, a-t-il  déclaré, au moment où les morts s’enchaînent dans les rangs de l’armée américaine. La mise au point présidentielle survient alors que le général Petraeus a déclaré mi-août qu’il se réservait le droit de juger prématuré un retrait à l’été 2011, ajoutant qu’il “ne considérait pas (cette date comme) contraignante”.


De sa part, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, s’attend à une intensification des combats des forces internationales contre les talibans en Afghanistan dans les semaines et mois à venir. “Je partage les points de vue des responsables militaires américains sur l’intensification des combats dans les semaines et mois prochains” dans ce pays, a-t-il déclaré. “Nous sommes dans une phase très décisive maintenant. Nous avons envoyé encore plus de soldats en Afghanistan, où nous attaquons les bastions des talibans, ce qui a pour conséquence plus de combats, et malheureusement plus de pertes”, a-t-il ajouté. Cette escalade des combats fait partie de la stratégie des forces internationales pour déloger les talibans des bastions qu’ils tenaient jusque-là dans les provinces de Helmand et Kandahar, dans le sud, selon Rasmussen. Elle est, dit-il, “malheureusement nécessaire pour qu’on puisse transférer la responsabilité de la sécurité aux Afghans”.Pour le secrétaire général de l’Alliance atlantique, le nombre actuel des troupes sur le terrain (120.000) est suffisant pour éliminer les poches de résistance des talibans. “Les talibans n’ont aucune chance de gagner sur le plan militaire”, a-t-il affirmé.


 

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