La victoire nationale d’Obama

15-12-2011 09:05 AM

Abdel Massih Felli


Le président américain a paraphé sa loi sur la santé lors d’une cérémonie à la Maison Blanche. Avant de promulguer cette loi historique, Barack Obama a tenu à remercier tous ceux qui l’avaient aidé à ne pas se décourager tout au long de ces 15 mois chaotiques de débats et de querelles. Tous étaient au premier rang: les chefs démocrates du Congrès, le clan des Kennedy, pour rendre hommage à la mémoire de Ted Kennedy, qui avait fait de cette cause le combat de sa vie. Mais Barack Obama a aussi salué les absents. Tous ces Américains ordinaires croisés à travers tous le pays, tous ayant lutté, souffert, ou failli mourir dans leur combat contre les sociétés d’assurance. C’est le cas de la propre mère du président américain, à qui il a dédié cette réforme. Réforme sanitaire Le Sénat américain avait entamé les débats sur le dernier volet de la réforme de l’assurance maladie, peu après que que le président Barack Obama eut promulgué le texte qui doit à terme étendre la couverture santé à 32 millions d’Américains qui n’en ont pas. Ce dernier volet consiste en un document de 150 pages contenant un ensemble de “corrections” souhaitées par la Chambre des représentants afin de rendre le projet de loi plus conforme aux exigences des démocrates de la chambre basse. Les sénateurs ont approuvé par 54 voix contre 40 l’ouverture d’une période de 20 heures de débats au cours desquelles des dizaines d’amendements seront proposés. Parmi les modifications figure l’annulation des “accords spéciaux” tels que celui négocié au Sénat en faveur du Nebraska (centre). Cet Etat était dispensé, dans le projet de loi du Sénat, de payer les prestations des nouveaux bénéficiaires du Medicaid (assurance maladie pour les défavorisés) couverts par la réforme. A la place, l’ensemble des Etats américains seront aidés à 100% pour absorber ces coûts dans les premières années de la réforme.Le document prévoit aussi que les failles actuelles de la couverture santé pour les bénéficiaires de l’assurance santé des personnes âgées (Medicare) soient comblées. Les démocrates de la Chambre ont également inclus dans cet additif une réforme des prêts étudiants pour tenter de financer de façon plus efficace les études supérieures, très onéreuses aux Etats-Unis. Le Sénat doit adopter ces “corrections” à l’aide d’une procédure dite de “réconciliation”, c’est-à-dire à la majorité simple de 51 voix sur 100. Ils utilisent cette procédure car ils ont perdu en janvier, dans une élection partielle, leur “supermajorité” de 60 voix qui leur permettait de s’affranchir de l’obstruction des républicains. Les Américains satisfaits A noter que 49% des Américains sont satisfaits de la réforme de l’assurance maladie promulguée mardi par le président Barack Obama, et 40% ne le sont pas, selon un sondage publié par l’institut Gallup. Selon cette enquête menée lundi auprès d’un millier de personnes, 49% des sondés considèrent comme “une bonne chose” l’adoption de la réforme la veille par le Congrès, contre 40% d’avis contraire. Sans surprise, les sympathisants démocrates saluent à 79% l’adoption de cette réforme au coeur du programme électoral de Barack Obama, tandis que 76% des républicains la regrettent. Quarante-et-un pour cent des républicains se disent même “en colère” à l’égard de cette réforme adoptée après près d’un an de difficiles tractations au Congrès. Elle vise à apporter une couverture maladie à quelque 32 millions d’Américains qui en sont dépourvus. L’enquête a été menée par téléphone avec une marge d’erreur de plus ou moins quatre points. Secteur pharmaceutique Cette loi “devrait être positive pour les laboratoires pharmaceutiques, car des millions de personnes vont désormais être en mesure d’acheter des médicaments”, souligne Kenneth Sperling, responsable de l’assurance santé chez le cabinet de conseil en ressources humaines Hewitt Associates. En échange de cette manne potentielle, les laboratoires “ont consenti des rabais de 50% pour les personnes âgées au sein du programme fédéral Medicare”, ajoute M. Sperling. Le secteur pharmaceutique a également accepté de s’acquitter de 23 milliards de dollars d’impôts nouveaux sur dix ans pour contribuer au financement de la réforme. Ce surplus d’impôts atteint 20 milliards de dollars pour les fabricants d’équipements médicaux et 67 milliards pour les assureurs santé. Des assureurs qui bénéficieront aussi de l’extension de la couverture maladie à des millions d’américains. “C’est plus de gens qui vont payer des primes d’assurance”, constate Sperling. En revanche, il leur sera désormais interdit de refuser d’assurer des personnes avec des problèmes de santé préalables, ce qui représente une grande inconnue pour eux et des coûts potentiellement plus élevés. Mais parmi les millions de personnes qui seront désormais tenues de s’assurer, il y en aura aussi une grande partie qui seront en bonne santé et paieront des primes sans engendrer beaucoup de frais médicaux, donc “cela se compense”, remarque Sperling. En outre, en anticipation d’éventuelles dépenses plus élevées en raison de l’obligation d’assurer des personnes avec des problèmes de santé préalables, “beaucoup d’assureurs santé ont très fortement augmenté leurs primes récemment, des hausses qui ont parfois atteint 30%, 40%, 50%. La question est de savoir s’il va y avoir des mesures correctives” décidées par le gouvernement, remarque Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald. Le texte actuel ne prévoit pas de véritable contrôle sur le prix des assurances santé, ni sur celui des médicaments, seulement de combattre les hausses de tarifs “déraisonnables ou injustifiées”. Le texte de loi prévoit en effet de créer dans chaque Etat une Bourse des polices d’assurances pour promouvoir la concurrence et tenter ainsi de faire baisser les prix. legende Obama paraphant sa loi sur la santé

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