La guerre civile déchire le nord du Yémen

15-12-2011 10:12 AM


Des organisations humanitaires se sont alarmées cette semaine de la situation dans la ville de Saada, fief des rebelles chiites dans le nord du Yémen, où elles n’arrivent pas à acheminer de l’aide alors que les combats sont entrés dans leur cinquième semaine. “La situation humanitaire est très difficile” à Saada, a déclaré une porte-parole du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR). “Nous n’avons pas pu acheminer de l’aide dans Saada car les couloirs humanitaires n’ont pas été sécurisés, et tout ce que nous savons, c’est que la situation humanitaire est très difficile”, a ajouté Laure Chedrawi, jointe dans le nord du Yémen. Le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Moyen-Orient, Hicham Hassan, a indiqué également depuis le Yémen où il se trouve, qu’un convoi médical (de son organisation) était en route pour la ville de Saada mais qu’il n’y est pas encore entré. “Nous sommes en contact avec toutes les parties (en conflit) mais cela ne signifie pas que c’est facile”, a-t-il déclaré alors que les autorités et les rebelles se sont accusés mutuellement lundi d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire. Selon les informations à la disposition de la porte-parole du HCR avant la coupure des lignes téléphoniques avec la ville lundi matin, “les habitants de Saada se terrent chez eux et il y a une hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires” en raison de la poursuite des combats. Véritable problème humanitaire Laure Chedrawi a indiqué que le HCR et d’autres organisations humanitaires tentaient d’ouvrir un couloir humanitaire pour acheminer de l’aide à Saada à partir du territoire saoudien, distant de la ville de quelque 70 km alors que la capitale yéménite Sanaa se trouve à 240 km. Il n’y a pas de recensement récent de la population de Saada, capitale de la province du même nom, mais les dernières estimations datant de 2004 évaluent à 60.000 le nombre de ses habitants. Hassan parle d’un “véritable problème humanitaire” dans le nord du pays où selon lui, “un grand nombre de déplacés fuient leurs demeures à pied” et où les pluies saisonnières et la baisse des températures attendues peuvent ajouter à leur misère. Pendant les deux dernières semaines, le CICR a recensé, selon lui, quelque 25.000 déplacés. “Mais cela ne reflète pas le nombre réel”, a-t-il averti. Pour sa part, Mme Chedrawi a estimé que les récents combats avaient déplacé dans les provinces de Saada et d’Omrane, plus au sud, quelque 35.000 personnes, qui viennent s’ajouter aux quelque 100.000 déplacés des différents épisodes du conflit qui a éclaté en 2004. La porte-parole se trouvait dans cette dernière province où le HCR prépare l’ouverture d’un nouveau camp dans la région de Harf Sufyan d’une capacité d’accueil de 800 familles. Selon Mme Chedrawi, les différentes agences humanitaires se répartissent le travail, le HCR s’occupant des installations et des tentes, l’Unicef (le fonds des Nations unies pour l’enfance) des distributions d’eau potable et l’Organisation mondiale de la Santé et le Programme alimentaire mondial des soins médicaux et de la distribution des vivres. La perspective d’une fin rapide des combats reste lointaine. Sanaa avait annoncé une trêve pour permettre l’acheminemnent de l’aide humanitaire. Mais l’accalmie n’a duré que quelques heures, le gouvernement accusant les rebelles de l’avoir rompue. La rébellion, conduite par Abdel Malek al-Houssi, se défend d’en être responsable, accusant le régime du président Ali Abdallah Saleh d’avoir mis à profit la trêve pour “acheminer des renforts militaires”.

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