La grippe porcine continue de sévir dans le monde

15-12-2011 10:12 AM

Abdel Massih Felli


 Nul ne sait d’où est venu ce virus que nous craignons tous et qui risque de faire des millions de morts. Nombre d’hypothèses circulent, notamment un complot des autorités mondiales qui auraient libéré cet agent pathogène afin de vacciner les populations et régler la surpopulation. Autre hypothèse, le terrorisme, cette éventualité a été du reste envisagée. Ou du moins imaginée. Réveillez-vous, ce billet se veut tout simplement ludique et léger comme un été finissant. La thèse du complot terroriste n’existe que dans l’imagination, apanage des poètes et autres romanciers parmi lesquels Christian Gernigon qui publia en 2006, trois ans avant la panique de pandémie, un roman intitulé sobrement, H1N1. Un roman édité chez Albin Michel.  Nouvelle campagne  Dans cette peur mondiale, une nouvelle campagne de prévention contre la grippe porcine, mise en place par tous les gouvernments dans le monde entier. En France,  l’INPES et le ministère de la Santé, ont lancé leur nouvelle campagne mardi dernier  à la télévision, sur les radios et internet. “Vigilante”, mais pas “alarmiste”. Avec deux décès en France métropolitaine, huit en Polynésie et Nouvelle-Calédonie, Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, dote la France d’un nouveau plande prévention pour lutter efficacement contre la pandémie grippale. A première vue, ce nouveau dispositif ressemble au précédent, il rappelle les “gestes barriers” à adopter: lavages de main répétés dans la journée, utilisation de mouchoirs jetables. Deux nouveautés pourtant. La première: “tousser dans sa manche si vous n’avez pas de mouchoir”. A l’évocation de cette nouvelle recommandation, quelques rires fusent dans la salle de conférence du ministère, quelques ricanements aussi. “C’est certes enfantin”, se défend la ministre “mais il faut aussi éduquer les enfants, et adopter ce geste est primordial”, insiste-t-elle. La deuxième: appeler son médecin traitant en cas de suspicion de grippe, “les gens ont tendance à venir automatiquement aux urgences qui se retrouvent vite surchargées”, justifie la ministre. Défi pour les gouvernements  Face à l’impossibilité de pouvoir vacciner dans un premier temps l’ensemble de la population contre la grippe pandémique A(H1N1), les gouvernements vont devoir faire des choix et établir des priorités. La directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Margaret Chan soulignait qu’il s’agissait d'”une des décisions les plus difficiles que les gouvernements auront à prendre”. Alors qui vacciner d’abord? Les enfants scolarisés et leurs parents, répondent des chercheurs américains dans la revue Science. Privilégier les jeunes, cibles du virus dont ils sont également un grand vecteur, empêcherait la contagion dans les écoles et la transmission aux parents, puis au reste de la communauté. Moins de vaccins seraient nécessaires que pour la grippe saisonnière, affirment-ils.  Aux Etats-Unis, pays le plus touché par la grippe A(H1N1) au monde, les autorités sanitaires veulent vacciner 160 millions de personnes, soit 1 Américain sur 2. Un groupe prioritaire restreint de 41 millions de personnes à vacciner (femmes enceintes, personnels de santé, adultes de santé fragile, enfants et jeunes de 6 mois à 24 ans) a été identifié. Le Mexique, foyer mondial de la grippe porcine en avril-mai, a sollicité un prêt de 400 millions de dollars à la Banque mondiale pour acheter 20 millions de doses pour la période décembre-avril, d’abord destinées aux populations les plus vulnérables et aux personnels de santé. En Argentine, deuxième pays le plus touché au monde par le virus avec un peu plus de 400 morts, aucun plan de vaccination n’est annoncé pour l’instant. Au Brésil (370 morts environ), les personnels de santé seront les premiers vaccinés à l’horizon de décembre. En Chine, les autorités espèrent vacciner 1% de la population d’ici octobre – soit 13 millions de personnes environ. Les personnels de santé, les personnes âgées et les enfants devraient être les premiers. La Grande-Bretagne, pays européen le plus touché, a commandé 54.6 millions de doses pour 60 millions d’habitants. Un groupe prioritaire de 11 millions de personnes a été identifié, dont 2.1 millions appartenant aux services sanitaires et sociaux. La France, comme l’Espagne et les Pays-Bas, va vacciner en premier lieu les groupes à risque – personnels de santé, personnes ayant des problèmes de santé chroniques (respiratoires, diabète), femmes enceintes, etc. Madrid pourrait ajouter à la liste les professeurs d’école primaire. La République tchèque cible uniquement dans un premier temps les médecins, infirmières et autres employés de la Santé publique. Au Moyen-Orient, Israël prévoit à terme de couvrir l’ensemble de la population.  L’Afrique mal préparée  Par ailleurs, avec ses services de santé défaillants et ses maladies endémiques, l’Afrique semble mal préparée à affronter l’épidémie de grippe porcine et évaluer son étendue sur le plus pauvre des continents, selon des experts médicaux. Trois mois après s’être déclarée au Mexique, l’épidémie A(H1N1) a tué pour la première fois en Afrique en juillet. L’Afrique du Sud avait recensé six morts et près de 3500 malades, tandis que l’île Maurice a fait état de trois morts et l’Egypte d’un. Des cas de grippe porcine ont aussi été confirmés au Botswana, au Gabon, au Kenya, à Madagascar, en Namibie et au Swaziland, mais aucun décès n’a été enregistré dans ces pays. A ce jour, l’Afrique est le continent le moins touché par cette maladie, qui a fait dans le monde près de 1.900 morts sur les 177.457 malades répertoriés. Mais elle apparaît comme un terrain très fertile pour ce genre de virus, estime Ed Rybicki, virologiste à l’université du Cap (sud-ouest).  631 cas en Egypte  L’Egypte a annoncé avoir détecté trente et un nouveaux cas de grippe A-H1N1, portant à 631 le nombre des personnes atteintes de ce virus dans le pays. La plupart des cas sont enregistrés chez des Egyptiens, selon le service  de la prévention relevant du département de la santé, qui précise que sur les  631 personnes atteintes, 483 sont guéries et seul un décès a été enregistré. La semaine dernière, le ministre de la Santé, Dr Hatem Al Gabali,  a annoncé avoir pris des mesures préventives pour éviter une éventuelle fusion des virus grippaux  H5N1 et H1N1. “Ces mesures permettront d’éviter l’apparition d’un virus dangereux dont  le contrôle serait impossible”, a assuré le ministre. Parmi les mesures prises, figurent l’isolement des patients atteints de la grippe aviaire et ceux atteints de la grippe porcine dans des zones séparées. L’Egypte envisage d’acheter 5 millions de doses de vaccin contre la grippe porcine, un  chiffre qui pourrait atteindre les 10 millions en hiver. Pour contenir l’expansion de la maladie, qui a eu des effets négatifs sur plusieurs secteurs, notamment celui du transport aérien et du tourisme, le gouvernement a pris des mesures radicales en décidant l’interdiction aux personnes âgées de moins de 25 ans et de plus 65 ans de se rendre à la Mecque pour accomplir la Omra. Les professionnels du secteur indiquent que les réservations pour la Omra ont baissé de 40%.  Légende: Les pèlerins se couvrant d’un masque pour se protéger de la grippe porcine.

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