La barbarie qui vise les coptes

   Samedi 1er janvier 2011, 15 minutes, après minuit, “En cette journée pour la paix, il est particulièrement douloureux de voir que des extrémistes se sont attaqués à des fidèles coptes qui assistaient à une messe pour le nouvel an”. Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, un attentat à la voiture piégée a fait 23 morts, et 97 blessés parmi la communauté copte réunie pour la messe dans une église d’Alexandrie. L’Egypte a mis en cause samedi des “mains étrangères” dans l’attentat, “probablement” commis par un kamikaze, devant l` église des Saints d’Alexandrie, deux mois après des menaces d’Al-Qaïda contre la communauté copte égyptienne.  Réaction officielle  Le président Moubarak a condamné dans une allocution télévisée un “acte criminel odieux qui a visé la nation, Coptes et musulmans”, et dénoncé, sans plus de précisions, “l’implication de mains étrangères” dans ce massacre. Au moins cinq mille personnes ont assisté samedi soir aux funérailles des victimes de l’église des Saints d’Alexandrie, où un attentat a fait 23 morts dans la nuit de vendredi à samedi. Les funérailles ont eu lieu au monastère Marmina à King Mariout. La foule scandait des slogans dont notamment “O croix, nous nous sacrifions pour toi par notre âme et notre sang”, refusant d’accepter les condoléances du président Hosni Moubarak. “Non, non, non”, ont crié les fidèles coptes interrompant, à plusieurs reprises, le secrétaire du pape  Chenouda III, l’évêque Youanes lorsqu’il a voulu transmettre les condoléances du chef d’Etat.  Appels au calme La tension est restée vive autour de l’église copte visée, dont la façade était maculée de sang. Sourds aux appels au calme, de jeunes manifestants chrétiens, répartis en petits groupes, ont lancé tout au long de la journée pierres et bouteilles sur les forces anti-émeutes, qui ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc. “Le coeur des Coptes est en feu”, “Le sang des Coptes n’est pas bon marché”, criaient-ils.Le Pape Chenouda III, a demandé que les auteurs de l’attaque soient rapidement arrêtés et jugés, en qualifiant l’attentat d’acte “terroriste” et “lâche” “visant à déstabiliser le pays”.  Attaque non revendiquée!! Les circonstances de l’explosion, “au vu des méthodes dominant actuellement les activités terroristes aux niveaux mondial et régional, indiquent clairement que des éléments extérieurs ont planifié et suivi la mise en oeuvre” de l’attentat. Cette formulation semble évoquer les méthodes employées par Al-Qaïda, en Irak notamment, sans toutefois le dire explicitement. Les Coptes d’Egypte se trouvent régulièrement pris dans des violences à caractère interconfessionnel, qui n’avaient toutefois encore jamais pris la forme d’un attentat-suicide. L’attaque, non revendiquée, survient deux mois après des menaces contre les Coptes proférées par une branche irakienne d’Al-Qaïda, qui les accuse de séquestrer des femmes de prêtres coptes orthodoxes qui se seraient converties à l’islam. Ce groupe irakien avait revendiqué l’attentat du 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad où 46 civils (dont deux prêtres), sept membres des forces de sécurité et les cinq assaillants avaient péri.  Protéger les citoyens Ce n’est pas seulement cette défaillance sécuritaire qui est pointée du doigt mais un climat général empoisonné qui attise les dissensions confessionnelles. Si la thèse de la “main étrangère” évoquée par le gouvernement et le président Moubarak n’est pas discutée, des intellectuels égyptiens et des hommes politiques estiment néanmoins que l’Egypte ne doit pas occulter la réalité. Il existe, estime-t-on, un problème d’intolérance religieuse et également un déficit grave d’intégration des composantes de la communauté nationale et de citoyenneté. (Le plus critique a été l’ancien président de l’AIEA, Mahmoud El Baradei, qui préside l’association nationale pour le changement. Immédiatement, à chaud, il a écrit sur sa page Twitter. “Il faut cesser de se moquer de l’intelligence du peuple”.)  Les chrétiens manifestent Outre les risques d’attentats, les autorités redoutent de nouveaux heurts avec des manifestants chrétiens, ou des incidents entre chrétiens et musulmans. Les manifestations des chrétiens se multiplient, à Choubra, Assiout, Minia,  Guizeh, au Delta, partout en Egypte. Certains policiers et 27 autres personnes ont été blesséees dans des heurts entre Coptes et policiers au Caire, en marge d’un rassemblement de plusieurs centaines de personnes dans l’enceinte de la Cathédrale Saint Marc. Les manifestants s’en sont pris aux officiels qui venaient présenter leurs condoléances ( des manifestants ont ainsi jeté des pierres sur Osmane Mohamed Osmane, secrétaire d’Etat au Développement économique, après qu’il eût rencontré le patriarche Chenouda III, ) alors que des affrontements opposaient d’autres manifestants aux policiers postés à l’extérieur. Plus d’un millier de manifestants sont ensuite sortis de l’enceinte et se sont répandus dans les rues avoisinantes, perturbant le trafic, donnant des coups sur les capots et jetant des pierres sur les véhicules.

commentaires

commentaires