Gaza à la recherche d’une issue

15-12-2011 09:05 AM

Abdel Massih Felli Michael Victor


Sur la défensive après avoir été montré du doigt par la communauté mondiale, Israël a décidé d’expulser de son territoire tous les étrangers qui se trouvaient à bord de la flottille humanitaire pour Gaza, mais a rejeté les protestations internationales et confirmé le blocus naval de la bande côtière. Le président Moubarak a dénoncé lundi “l’usage excessif et injustifié de la force par Israël”, à l’unisson de la plupart des capitales occidentales. Conformément aux directives du président, “le point de passage de Rafah est désormais ouvert chaque jour, de 9 h du matin à 7 h du soir”. Mieux, “la frontière restera ouverte pour un temps indéterminé”.  De sa part, Israël a expulsé certains des 670 militants pro-palestiniens interpellés sur les six navires au large de la bande de Gaza. Une opération militaire qui a fait neuf morts et isolé Israël sur la scène internationale, a annoncé la radio militaire israélienne. Selon la radio, quelque 120 personnes, la plupart Algériens et Indonésiens, allaient franchir la frontière avec la Jordanie, et 60 Turcs étaient à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, dans l’attente de vols spéciaux pour les rapatrier. 70 autres ressortissants turcs étaient en chemin depuis la prison de Beersheva (sud) vers l’aéroport, a précisé la radio. L’expulsion des militants blessés est plus délicate et pas seulement au niveau médical mais surtout au niveau diplomatique. La plupart des blessés sont Turcs et Ankara a d’ores et déjà envoyé trois avions médicalisés pour rapatrier ses ressortissants. Lors de la réunion du cabinet de sécurité, certains ministres se sont opposés à ce que les blessés repartent à bord de ces avions, mais d’autres ont fait valoir que ce serait vraiment mettre de l’huile sur le feu que de faire repartir à vide les appareils vers Ankara. Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé une enquête  impartiale sur l’assaut israélien contre une flottille humanitaire pro-palestinienne à destination de Gaza, et condamné ces actes. À l’issue d’une réunion d’urgence et près de douze heures de discussions à New York, les quinze membres du Conseil de sécurité ont adopté à l’unanimité une déclaration lue par l’ambassadeur du Mexique Claude Heller. Cette déclaration présidentielle, non contraignante et de moindre portée qu’une résolution, regrette profondément la perte de vies humaines et les blessés et réclame la libération immédiate des navires et civils détenus par Israël. Rupture Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, a déclaré qu’Israël devrait être puni pour son massacre de militants au cours de ses attaques contre un convoi d’aide humanitaire qui se dirigeait vers la bande de Gaza.  L’acte de piraterie de lundi a entraîné la mort d’au moins 10 passagers à bord de la “Flottille de la Liberté”, et des dizaines d’autres ont été blessés. Erdogan a prévenu que personne ne devrait mettre à l’épreuve la patience de la Turquie et il a aussi déclaré que l’action israélienne était une “attaque contre le droit international, la conscience de l’humanité et la paix mondiale”. Dans un discours prononcé devant les députés mardi dernier, Erdogan a déclaré: “Il n’est plus possible de cacher ou d’ignorer l’illégalité d’Israël. La communauté internationale doit désormais dire ça suffit”. Ankara était considéré comme le seul allié de l’Etat hébreu dans la région. Les morts sur un navire turc au large de Gaza semblent avoir accéléré le divorce. A noter que l’abordage sanglant en haute mer par les commandos marins israéliens d’une flottille humanitaire en partance pour Gaza, qui a fait neuf tués et des dizaines de blessés parmi les passagers, pour la plupart Turcs, a porté un nouveau coup dur à ces relations. Quatre des tués sont turcs, selon un diplomate d’Ankara. D’importantes manifestations hostiles à Israël ont éclaté en Turquie à la suite de cette opération. La Turquie a rappelé en consultations son ambassadeur à Tel-Aviv, et Israël a de son côté conseillé à ses ressortissants d’annuler leurs vacances en Turquie. Selon les médias israéliens, cette dégradation a suscité un profond malaise parmi les quelque 20.000 membres de la communauté juive en Turquie. Des centaines de sociétés israéliennes opèrent en Turquie, et le volume des échanges bilatéraux a atteint 2.5 milliards de dollars en 2009. De sa part, le ministre des Affaires étrangères israélien a demandé aux familles de diplomates en poste en Turquie de quitter le pays, rapportent les médias israéliens, face à la réprobation provoquée par l’intervention de l’armée israélienne contre une flottille de militants pro-palestiniens au large de la Bande de Gaza. La mission diplomatique devrait cependant rester, selon la radio publique et les quotidiens. Les relations diplomatiques entre Ankara et l’Etat hébreu se sont dégradées depuis, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ayant qualifié de “massacre sanglant” l’assaut israélien. Le président Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan se sont parlés au téléphone à la suite de l’assaut, a annoncé la Maison Blanche. Lors de cette conversation avec le dirigeant de ce pays allié des Etats-Unis au sein de l’Otan, Obama a “exprimé ses sincères condoléances pour les vies perdues et les blessés résultant de l’opération militaire israélienne contre le bateau battant pavillon turc à destination de Gaza”, a indiqué la présidence américaine dans un communiqué. De même source, Obama a dit à Erdogan que “les Etats-Unis travaillent de près avec Israël pour parvenir à une libération des passagers” des bateaux arraisonnés. Obama a insisté sur “l’importance de trouver de meilleures façons d’apporter une aide humanitaire aux habitants de Gaza sans saper la sécurité d’Israël”.
Lever le blocus
L’Union européenne, principal bailleur de fonds des Palestiniens mais largement éclipsée des efforts de paix dans la région, espère revenir dans le jeu après l’assaut meurtrier israélien en redoublant d’effort pour lever le blocus de Gaza. La chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton a eu à ce sujet une conversation téléphonique mardi avec le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, a indiqué un porte-parole de la Commission européenne, John Clancy. “Le blocus de Gaza doit cesser”, lui a-t-elle dit, selon le porte-parole. “Elle est prête à intensifier les efforts dans ce domaine et à discuter avec les Etats membres (de l’UE) des moyens de progresser sur la question”, a-t-il ajouté, sans autre précision. Selon un diplomate européen, l’une des pistes envisagées pourrait être de tenter de convaincre Israéliens et Egyptiens d’accepter la réactivation de la mission de douaniers de l’UE pour la surveillance au point de passage de Rafah. Ou “pour la formation de douaniers de Gaza, côté égyptien ou même israélien”, a-t-il dit. Réaction arabe  Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a plaidé lundi pour une “position arabe collective” face à l’opération israélienne au large de Gaza, qu’il a qualifiée de “message très fort d’Israël signifiant qu’il ne veut pas la paix”. Cet  assaut lundi dans les eaux internationales contre la flottille de six bateaux transportant des aides à Gaza a provoqué une vague d’indignation au Proche-Orient où la presse appelle à de sanctions contre Israël sur fond de manifestations populaires. Les premières réactions officielles avaient toutefois laissé poindre lundi les clivages traditionnels du monde arabe face à l’Etat hébreu, qui se traduisent souvent par des déclarations fortes de la Ligue mais mais sans conséquences pratiques.


 

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