Fuite de documents secrets sur l’Afghanistan

15-12-2011 09:06 AM


Barack Obama tente de minimiser l’impact des fuites sur la guerre en Afghanistan, malgré les centaines de cas de bavures, de corruption, de détournement d’argent relatés dans les documents secrets révélés par le site Wikileaks, le président américain veut garder la tête haute: “Je suis inquiet quant à la publication d’informations sensibles venues du champ de bataille et qui pourraient menacer des individus ou des opérations, mais le fait est que ces documents ne révèlent rien qui n’ait déjà été abordé dans notre débat public sur l’Afghanistan”. Pas moins de 91.000 rapports officiels et documents secrets de l’armée américaine ont été mis au jour par Wikileaks. Tous sont de nature à rendre encore plus impopulaire le conflit afghan. Certaines de ces révélations concernent le Pakistan, censé être le meilleur allié des Etats-Unis dans la région, et dont les services de renseignement, pourtant, seraient main dans la main avec l’insurrection talibane. D’où la réaction afghane, venue du Haut conseiller national pour la sécurité: “On ne peut vraiment pas justifier devant le peuple afghan le fait de donner à un pays onze milliards de dollars pour aider à sa reconstruction ou renforcer sa sécurité et ses forces de défense, alors que d’un autre côté ces mêmes forces entraînent le terrorisme”. En tout cas, révélations ou pas, le congrès américain, a voté mardi soir une rallonge de 33 milliards de dollars de budget pour l’effort militaire en Afghanistan.  Enquête criminelle  Après la diffusion sur Wikileaks de milliers de documents confidentiels sur la guerre en Afghanistan, l’armée américaine a ouvert  une enquête criminelle. Le chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Michael Mullen, se disait “consterné” par la diffusion sur le site Internet Wikileaks de 92.000 documents militaires confidentiels concernant la guerre en Afghanistan. La veille, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, avait affirmé que cette publication, “alarmante”, constituait une “infraction à la loi”, tandis que la sénatrice démocrate Dianne Feinstein avait qualifié ces fuites d’atteinte à la sécurité nationale. Et d’ajouter: “Je demande au secrétaire à la Défense de lancer une enquête de grande ampleur et de demander des comptes aux personnes responsables”. Le Pentagone a annoncé que la Division d’enquête criminelle de l’armée de terre venait d’être chargée des investigations sur l’origine des fuites.   “Wikileaks”, un site web d’informations, spécialisé dans la recherche et la diffusion d’informations sensibles et censurées, vient de créer un “scandale” international autour de la guerre en Afghanistan. Comment cela est-il possible et pourquoi maintenant? Et si la fiction a rejoint le réel dans le monde du renseignement stratégique? C’est le feuilleton de l’été. Reprenant des informations du site Wikileaks, autre version du site “Wikipédia”, spécialisé dans la diffusion des informations non autorisées, censurées ou secrètes (traduites en français, Leaks veut dire fuites), la presse anglo-saxonne, en l’occurrence le New York Times (USA), The Guardian (Angleterre) et Der Spiegel (Allemagne), a publié simultanément des extraits de rapports de l’armée américaine, du Pentagone et de la CIA sur les bavures, doutes et crimes des forces armées engagées dans la guerre en Afghanistan. 92.000 documents retraçant les “affres” commises par les armées coalisées à l’encontre des civils afghans entre janvier 2004 et décembre 2009 sont en possession des animateurs du site Wikileaks.   Double jeu  Le double jeu du Pakistan: tel était le titre de l’éditorial du New-York Times après la révélation par Wikileaks. Il est question aussi de collusion entre les services de renseignements pakistanais (ISI), américains (CIA), de lutte d’influence et de corruption dans la hiérarchie afghane et de mensonges et manipulations des opinions publiques occidentales sur la réalité de la guerre en Afghanistan. Enfin, l’Iran est accusé ouvertement de soutien armé et logistique aux talibans afghans. Autant dire que l’affaire prend les tournures d’un véritable scandale «d’Etat» international qui met au grand jour les luttes d’influences et les stratégies des alliés occidentaux dans la région. L’on rappellera que les documents publiés concernent la période George Bush et dénonce les erreurs commises par cette administration, et son peu d’intérêt pour bien mener cette guerre. Mais surtout, le New York Times relève ce qu’il appelle le double jeu des services secrets pakistanais, l’Inter-Service Intelligence, ou ISI. “Les plus alarmants, parmi ces rapports”, écrit l’éditorialiste, ” sont ceux qui décrivent la collusion cynique entre les services secrets pakistanais et les Talibans. Malgré les milliards de dollars d’aide que les Etats-Unis ont déversé sur le Pakistan depuis le 11 septembre, ils apportent de nouvelles preuves accablantes de la façon dont certains éléments cruciaux de la structure de pouvoir pakistanaise ont apporté une aide et un soutien actifs aux forces qui attaquaient la coalition dirigée par les Américains”. L’ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis a démenti, et déclaré infondés les documents révêlés par Wikileaks.

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