Espoirs de changement au Moyen-Orient

15-12-2011 09:06 AM


La démission d’Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par la rue en Égypte, connue par la révolution blanche, a relancé les espoirs de changement dans plusieurs pays du monde arabe, théâtre d’importants mouvements de contestation en ce début de semaine.  Bahreïn, premier pays dans le Golfe  À Bahreïn, deux personnes sont mortes lors de la dispersion de manifestations antigouvernementales. Plus de deux mille personnes ont pris part mercredi aux obsèques de l’une des victimes, scandant pour certains “le peuple veut la chute du régime”. Dans la capitale de Manama, des centaines de manifestants ont passé la nuit dans des dizaines de tentes érigées sur la place de la Perle, rebaptisée par les manifestants “Place Tahrir”. À la suite de ces deux décès, le ministre bahreïni de l’Intérieur s’est excusé et a annoncé l’arrestation des responsables présumés de leur mort au sein des forces de sécurité. Le roi avait également fait profil bas pour tenter de calmer les esprits. Dans un discours au ton conciliant, le monarque de ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite, alors que 70% de la population est chiite a promis la création d’une commission d’enquête.  Le chef de l’opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, a réclamé l’établissement d’une “monarchie constitutionnelle” où le Premier ministre serait “élu par le peuple”, avertissant que la contestation antigouvernementale risquait de durer des mois. Cheikh Salmane a cependant assuré qu’il ne réclamait pas “un Etat religieux” et qu’il n’y avait “pas de place à Bahreïn pour une wilayat al-Faqih” sur le modèle de l’Iran où les religieux dirigent le pays. Dans une allocution télévisée, le roi du Bahreïn a présenté ses condoléances aux familles des deux victimes. Il a promis une commission sur les circonstances de leur décès. Les Etats-Unis ont exprimé leur inquiétude face aux violences dans ce petit royaume du Golfe. La cinquième flotte de l’US Navy y est basée. Le Bahreïn est aussi un important centre bancaire dans la région.  Yémen, “Ali, dégage” La tension est également forte au Yémen, où les manifestants sont descendus dans les rues de Sanaa, la capitale, pour la septième journée consécutive. Au moins trois d’entre eux ont été blessés lors d’affrontements avec des partisans du parti au pouvoir et des policiers en civil. “Ali, dégage”, criaient les manifestants à l’adresse du président Ali Abdallah Saleh. À la tête du pays depuis 32 ans, celui-ci a déjà fait plusieurs concessions, promettant de ne pas se représenter en 2013 et renonçant à imposer son fils à sa succession.  Crise de légitimité  Les mouvements de révolte semblent également inquiéter l’Autorité palestinienne, en crise de légitimité après la débâcle des régimes alliés tunisien et égyptien. Le président Mahmoud Abbas a chargé lundi le Premier ministre Salam Fayyad de former un nouveau gouvernement. En Jordanie, face au mouvement de contestation qui s’est développé depuis janvier, le ministre de l’Intérieur a annoncé mardi un assouplissement de la loi sur les rassemblements publics, qui pourront désormais se tenir sans autorisation préalable. Enfin, en Algérie, la Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) organise une nouvelle “marche pacifique” prochain.  Journée de colère  Dernière nation touchée en date, la Libye, tenue depuis 42 ans par le colonel Kadhafi. La police libyenne a dispersé par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, dans l’est du pays, faisant trente-huit blessés. Plusieurs centaines de personnes ont affronté des policiers renforcés par des partisans pro-gouvernementaux, après l’arrestation d’un militant des droits de l’homme. Les slogans “Benghazi, réveille-toi, c’est le jour que tu attendais, le sang des martyrs n’est pas versé en vain”, ou encore “le peuple veut faire tomber la corruption” ont fusé. Ces heurts intervenaient à la veille de la “journée de colère” libyenne jeudi, et relayée sur Facebook.  Retour de “la vague verte”  L’agitation a aussi gagné l’Iran où, après plus d’un an de silence, les opposants au régime sont redescendus dans la rue . Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Téhéran et dans d’autres villes du pays. L’objectif officiel de l’opposition était de “soutenir la lutte des peuples égyptien et tunisien”. Certains slogans visaient cependant le président Mahmoud Ahmadinejad et l’ayatollah Ali Khamenei, comme le montrent plusieurs vidéos d’amateurs. Deux partisans du régime ont été tués dans ces manifestations. Les obsèques de l’un d’entre eux ont donné lieu à des incidents mercredi entre pros et antis-gouvernement. Ces événements marquent le retour de “la vague verte” qui avait contesté la réélection d’Ahmadinejad en juin 2009. Toutefois, la sévérité de la répression laisse planer l’incertitude sur l’avenir du mouvement. Ainsi, les chefs de l’opposition qui avaient appelé à manifester, l’ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi et l’ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, sont placés depuis quelques jours en résidence surveillée et empêchés de communiquer avec l’extérieur.

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