Edward Saïd et son monde musical

15-12-2011 10:12 AM

Nevine lamei


L##université américaine du Caire célèbre la mémoire d##Edward Saïd, un intellectuel palestinien engagé et hors pair, qui défendit ardemment la cause de son peuple. A goût exclusif pour le répertoire classique européen, il s##est servi de la musique pour promouvoir la paix au Proche-Orient.

En commémoration de la naissance du théoricien littéraire, critique et intellectuel palestinien de nationalité américaine, Edward Saïd (1er novembre 1935 – New York, 25 septembre 2003), l’université américaine du Caire, département de langue anglaise et de littérature comparée, invite le professeur Rokus de Groot, compositeur et chef du département de musicologie à l’Université d’Amsterdam, pour deux conférences: ” Contrapuntal Intellectual: Edward Saïd and Music “, le 31 octobre, à 18h à l’Oriental Hall de l’AUC et ” Staging Majnun Layla: An Intercultural Experiment “, le 3 novembre, à 18h, à l’Oriental Hall de l’AUC. Né à Jérusalem, Edward Saïd a enseigné de 1963 jusqu’à sa mort en 2003, la littérature anglaise et la littérature comparée à l’université Columbia de New York, et est l’auteur de nombreux livres de critique littéraire et musicale, ainsi que sur le conflit israélo-palestinien. Son ouvrage est magistral et novateur, le plus célèbre est ” L’Orientalisme “, publié en 1978, et traduit en français aux Editions du Seuil en 1980. L’ouvrage a été traduit en 36 langues et est considéré comme le texte fondateur des études postcoloniales. ” L’Orientalisme ” d’Edward Saïd développe l’idée selon laquelle un savoir et un imaginaire sur l’Orient issus d’une position de puissance de l’Occident se sont construits pendant des siècles et se sont institutionnalisés. Selon l’autobiographie d’Edward Saïd, il a vécu entre Le Caire et Jérusalem jusqu’à 12 ans. En 1947, il a été étudiant à St. George Academy quand il était à Jérusalem. Habitant un quartier riche de Talbiya dans la partie occidentale de Jérusalem, qui a été annexée par Israël, sa famille élargie est devenue réfugiée pendant la guerre israélo-arabe de 1948. En septembre 1951, quand il avait 15 ans, ses parents (qui partent immédiatement au Moyen-Orient) l’ont ” déposé ” à Mount Hermon School, un lycée préparatoire privé au Massachusetts, où il évoque une année misérable dans laquelle il ne se sent pas à sa place. Il a reçu sa licence à l’université Princeton et sa maîtrise et son doctorat à l’université Harvard, où il a gagné le Prix Bowdoin. Il a rejoint la faculté de l’université de Columbia en 1963 et a travaillé comme professeur de littérature anglaise et comparée pendant plusieurs décennies. Edward Saïd est devenu le ” Parr Professor of English and Comparative Literature “, en 1977, et après l'”Old Dominion Foundation Professor in the Humanities”. En 1992, Saïd a atteint le statut de ” University Professor “, la position la plus prestigieuse à Columbia. Il a enseigné aussi à l’université Harvard, l’université Johns Hopkins, et l’université Yale. Il parlait arabe, anglais et français couramment et lisait l’espagnol, l’allemand, l’italien et le latin. Saïd s’est vu attribuer de nombreux doctorats honoraires par des universités autour du monde et a reçu le prix Trilling de Columbia et le prix Wellek de l’Association américaine de la littérature comparée. En 1999, ses mémoires ” Out of Place ” ont gagné le prix de New Yorker pour les œuvres qui ne sont pas fictives. Il était aussi membre de l’American Academy of Arts and Sciences, l’American Academy of Arts and Letters, la Société royale de la littérature et l’American Philosophical Society. En novembre 2004, l’université Birzeit a rebaptisé son école de musique comme le Conservatoire de musique national en l’honneur d’Edward Saïd. Edward Saïd également musicologue de talent, a fondé avec son ami le chef d’orchestre israélien et argentin Daniel Barenboïm une fondation visant à promouvoir la paix au Proche-Orient par le biais de la musique classique, grâce à la formation d’un orchestre symphonique composé d’Israéliens et d’Arabes: l’Orchestre ” Divan occidental-oriental “. Edward Saïd et Daniel Barenboïm ont cosigné un ouvrage d’entretien sous le titre ” Parallèles et Paradoxes ” (Le Serpent à Plumes, 2002). Ils ont obtenu le prix du Prince des Asturies pour la Paix. Par le langage universel de la musique, Edward Saïd et Daniel Barenboïm apprennent à se connaître, à s’apprécier, surmontent leurs préjugés, s’efforcent de comprendre la souffrance de l’autre, de s’expliquer mutuellement leurs angoisses respectives. Edward Saïd a également été critique musical, tout au long de sa carrière, principalement pour ” The Nation “, mais aussi pour le ” New Yorker “, le ” New York Times ” ou le ” Washington Post “; il était lui-même un pianiste distingué. C’est en tout cas au Met (pour l’opéra) et à Carnegie Hall (pour le piano, et dans une moindre mesure, la symphonie) qu’il exerça principalement son jugement.

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