Du début de la révolte populaire à la démission de Moubarak

15-12-2011 09:06 AM


Les dix-huit jours de soulèvement qui ont mené à la chute d’Hosni Moubarak… Mardi 25 janvier Premier «Jour de colère» des Egyptiens contre les autorités égyptiennes.  Quatre personnes au moins sont tuées. Vendredi 28 janvier Nouveau «jour de colère», qui coïncide avec la grande prière hebdomadaire des musulmans. Les policiers font usage de gaz lacrymogènes, de matraques et de canons à eau pour disperser la foule. Les villes d’Alexandrie, Suez, Assouan ou encore Mansouria sont aussi le théâtre de rassemblements anti-Moubarak. En fin d’après-midi, le raïs décrète un couvre-feu de 18h à 07h et appelle l’armée en renfort. Mais l’arrivée des blindés est sans effet. Le siège du Parti national démocrate (PND), au pouvoir, est incendié. En fin de soirée, Moubarak sort de son silence pour la première fois depuis le début de la contestation et annonce dans une allocution télévisée la démission du gouvernement et la formation le lendemain d’un nouveau cabinet. De Washington, le président américain Barack Obama s’entretient avec lui juste après son discours. Il l’exhorte à tenir ses promesses d’œuvrer en faveur de la démocratie et d’entreprendre des réformes économiques et politiques. On dénombre de sources médicales et auprès de témoins au moins 68 morts pour cette seule journée. Samedi 29 janvier Les opposants manifestent au Caire et à Alexandrie. A Béni Soueif, au sud du Caire, la police abat 17 personnes. Pour la première fois depuis son accession à la présidence, en octobre 1981, Moubarak se dote d’un vice-président, poste qu’il confie à Omar Souleimane, patron des services de renseignement. Il nomme Premier ministre un autre militaire, Ahmed Chafik, ancien commandant de l’armée de l’air. L’armée tient désormais la clé de l’avenir politique du pays. Dimanche 30 janvier La contestation s’organise. Mohamed ElBaradeï, ancien directeur général de l’AIEA, se dit mandaté par l’opposition pour négocier une transition vers un gouvernement d’union nationale, avec le soutien des Frères musulmans. A Washington, Obama réclame une «transition en bon ordre vers un gouvernement qui soit sensible aux aspirations du peuple égyptien». Lundi 31 janvier Poursuite du remaniement des structures du pouvoir: le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui récupère en outre les fonctions de vice-Premier ministre; Habid el Adli, ministre de l’Intérieur détesté de nombre des Egyptiens pour les agissements de sa police, est limogé. Dans la soirée, l’armée annonce qu’elle ne recourra pas à la force contre la population et reconnaît la légitimité des aspirations des manifestants. Dans la foulée, Souleimane annonce l’ouverture de consultations avec l’ensemble des partis. Mardi 1er février La «marche du million» est un succès: des centaines et des centaines de milliers d’Egyptiens manifestent au Caire, à Alexandrie et dans les autres villes. L’opposition annonce qu’aucun dialogue ne pourra s’engager avec le gouvernement tant que Moubarak sera au pouvoir. Dans la soirée, Moubarak intervient pour la deuxième fois à la télévision: il annonce qu’il ne briguera pas de sixième mandat à l’élection prévue en septembre et qu’il consacrera les derniers mois de sa présidence «aux mesures nécessaires à un transfert pacifique des pouvoirs». Le Haut Commissariat de l’Onu pour les droits de l’Homme fait état d’informations évoquant un bilan de 300 morts, 3.000 blessés et des centaines d’arrestations depuis le début. Mercredi 2 février De violents heurts éclatent en milieu de journée sur la place Tahrir entre pro- et anti-Moubarak. Une cinquantaine de partisans du président chargent les manifestants. Les violences se poursuivent toute la nuit, faisant au moins six morts et 836 blessés selon le ministère de la Santé. Jeudi 3 février Les heurts se poursuivent entre partisans et opposants de Moubarak aux abords de la place Tahrir. Ahmed Chafik présente des excuses pour les violences. Omar Souleimane annonce que le fils de Moubarak, Gamal, ne sera pas candidat à la succession de son père. Agé de 47 ans, Gamal Moubarak était considéré comme un successeur potentiel du raïs jusqu’à ce que l’Egypte bascule dans la révolte. Dans une interview non filmée accordée à la chaîne ABC, Moubarak assure qu’il en a assez et qu’il veut partir. Mais il ajoute: «Si je pars aujourd’hui, ce sera le chaos.» Selon le New York Times, la Maison blanche discute avec des dirigeants égyptiens d’un scénario intégrant sa démission immédiate et la constitution d’un gouvernement de transition dirigé par Souleimane. Vendredi 4 février Des centaines de milliers d’Egyptiens participent dans le calme au “jour du départ” pour réclamer la démission immédiate de Moubarak. Cité parmi les possibles dirigeants de la transition, Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères et actuel secrétaire général de la Ligue arabe, n’exclut pas de se présenter à l’élection présidentielle.  Samedi 5 février L’ensemble du bureau exécutif du Parti national démocrate au pouvoir, dont Gamal Moubarak, présente sa démission. L’armée égyptienne s’efforce en vain d’évacuer la place Tahrir. L’émissaire américain en Egypte, Frank Wisner, juge que Moubarak doit superviser la transition. Dimanche 6 février Le vice-président Omar Souleimane conduit des consultations sans précédent avec des représentants de l’opposition, dont les Frères musulmans. Aucune décision concrète n’est prise, mais les interlocuteurs s’entendent sur une feuille de route visant à préparer des réformes constitutionnelles. ElBaradeï dénonce un «processus opaque». Les banques rouvrent après une semaine de paralysie.  Lundi 7 février Les Frères musulmans annoncent qu’ils reconsidéreront leur participation aux consultations si leurs demandes, comme le départ du raïs, restent lettre morte. Mardi 8 février L’opposition démontre une nouvelle fois sa capacité à mobiliser les foules place Tahrir, où les manifestants semblent plus nombreux que le vendredi précédent. Omar Souleimane fait état, après un entretien avec le chef de l’Etat, d’un plan et d’un calendrier pour un transfert pacifique du pouvoir. Jeudi 10 février L’armée publie un «Communiqué No 1», annonçant leur intervention pour protéger la nation. Certains Egyptiens redoutent un coup d’Etat  militaire. Hosni Moubarak annonce dans une allocution télévisée une délégation de pouvoirs au vice-président Omar Souleïmane, réaffirme qu’il ne briguera pas de nouveau mandat présidentiel mais écarte la perspective d’une démission immédiate en disant qu’il remettra ses pouvoirs en septembre vainqueur de l’élection présidentielle. Les manifestants de la place Tahrir réagissent en brandissant des chaussures en signe de mépris et en réaffirmant leur volonté de voir Moubarak démissionner. Vendredi 11 février Furieux du maintien de Moubarak à la tête de l’Egypte et jugeant insuffisantes les garanties de l’armée sur la transition, des manifestants se rassemblent devant le palais présidentiel d’Ittihadia à Héliopiolis, dans la banlieue du Caire, faisant craindre une confrontation directe avec la garde présidentielle. Un responsable du Parti national démocrate (PND) au pouvoir confirme que le raïs et sa famille ont quitté la capitale pour la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur les bords de la  mer rouge  Omar Souleimane annonce à la télévision la démission du président Moubarak. Le raïs «a décidé de renoncer à ses fonctions de président de la République», dit-il, et a chargé le Conseil   militaire suprême de prendre en charge les affaires publiques «dans les circonstances difficiles que traverse le pays».
  L’armée a interdit aux ex-ministres, à plusieurs hauts responsables et dirigeants de sociétés de quitter le pays sans autorisation du procureur de l’Etat ou des forces armées. L’ouverture d’enquêtes en corruption contre des caciques du régime faisait partie des revendications des manifestants.
Le départ d’Hosni Moubarak «ouvre une page nouvelle pour l’Egypte», une «décision courageuse qui répond aux fortes aspirations du peuple égyptien à la démocratie, à la liberté, à la dignité» «La voix du peuple égyptien a été entendue» .
Les Égyptiens ont maintenant six mois pour organiser une élection présidentielle pluraliste et démocratique en septembre 2011.



 

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