Dimanche prochain, les Sudistes décident le destin du Soudan

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Les Sud-Soudanais doivent choisir, lors d’un référendum prévu dimanche prochain, du 9 au 15 janvier prochain entre le maintien de leur unité avec le reste du Soudan ou la sécession. Les analystes prévoient un triomphe de l’option sécessionniste, alors que les responsables politiques à Khartoum jugent désormais ce résultat “probable”. Si le Sud-Soudan opte pour la sécession, celle-ci sera effective en juillet prochain, à la fin de la période intérimaire de six ans initiée par l’accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile Nord-Sud, un conflit à l’origine de deux millions de morts.   Discours ouvert Dans ce contexte, le président soudanais promet d’aider le Sud-Soudan à bâtir un pays frère, sûr et stable. Des propos d’un ton nouveau de la part d’Omar el-Béchir, qui s’exprimait dans un meeting le 28 décembre dans l’Etat de la Gezira, au sud-est de la capitale. Un discours salué par les autorités sudistes, à quelques jours du référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan le 9 janvier prochain. “Si vous choisissez l’unité, bienvenue. Si vous choisissez la sécession, bienvenue aussi”. Omar el-Béchir a joué la carte de l’ouverture à l’égard des Sud-Soudanais appelés à voter début janvier. Dans son discours, le président soudanais s’est placé dans la perspective d’un OUI au référendum, et donc d’une indépendance du Sud qu’il qualifie déjà d'”Etat frère”. Quel message se cache derrière ces propos en apparence bienveillants? Faut-il y voir un discours réaliste à quelques jours d’un scrutin dont l’issue ne fait guère de doute ou des propos plus stratégiques? Il y a quelques jours, son assistant Nafie Ali Nafie avait reconnu que la sécession était probable, car tous les efforts pour maintenir l’unité avaient échoué.  Google et Clooney surveilleront  Il y a une dizaine de jours, Omar el-Béchir avait d’ailleurs opté pour un ton plus provocateur. Il avait prévenu qu’en cas de sécession, la loi islamique deviendrait la seule source de la constitution. Plus question de diversité culturelle ou ethnique, avait-il ajouté, faisant planer la menace d’une radicalisation du Nord en cas d’indépendance du Sud.  Par ailleurs, un groupe fondé par l’acteur américain George Clooney a annoncé qu’il avait conclu une entente avec l’entreprise Google, une agence de l’ONU et des organisations antigénocides pour lancer un satellite de surveillance ciblant la frontière entre le nord et le sud du Soudan. Le projet vise à prévenir une nouvelle guerre civile entre les deux régions après le référendum sur la souveraineté du Sud-Soudan, prévu pour le mois prochain. L’organisation de Clooney, “Not on our watch”, financera l’étape de démarrage du projet. Le satellite capturera des images en direct qui seront analysées par une association antigénocide et un groupe spécialisé de l’Université Harvard, selon les organisateurs. Les données transmises indiqueront les mouvements militaires, civils et les autres signes avant-coureurs d’un conflit. Google et une agence onusienne publieront ensuite leurs conclusions en ligne.  Dans un communiqué, George Clooney a affirmé qu’il voulait ainsi avertir ceux qui pourraient être tentés de déclencher un génocide que le monde aurait les yeux tournés vers la région. Selon lui, il est beaucoup moins facile de commettre de tels crimes devant l’objectif d’une caméra. Le référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan a créé beaucoup d’inquiétudes quant aux tensions ethniques et religieuses qui divisent le pays. Plusieurs craignent notamment une reprise de la guerre civile qui a pris fin en 2005, après la signature d’un accord de paix. Paradoxalement, c’est cette entente qui prévoyait l’organisation d’une consultation sur l’avenir du sud du pays.  Moussa est optimiste A noter que Amr Moussa, le secrétaire de la Ligue arabe, a entamé une visite de deux jours au Soudan. Il a également rencontré le dirigeant sud soudanais Salva Kiir. “Je n’ai vu aucune indication que le Nord et le Sud du Soudan ont l’intention de reprendre la guerre, a déclaré Moussa. Ce qui se déroule actuellement est loin de la guerre, il y a une volonté politique des deux côtés d’aller de l’avant avec le référendum. Le 9 janvier prochain plus de 3.5 millions de sudistes doivent se prononcer sur l’indépendance ou non de leur région. Après la signature de l’accord de paix ayant mis fin en 2005 à la guerre civile Nord-Sud, les deux parties avaient mis sur pied une commission technique chargée de démarquer la frontière séparant les deux régions. La commission a réussi à délimiter environ 80% de la frontière, mais au moins cinq points font toujours l’objet d’un différend.  Soutien international  L’Église catholique soudanaise a demandé le soutien de la communauté internationale en vue de ce référendum: l’évêque de Rumbeck, Mgr Mazzolari, prévient qu’il pourrait y avoir de grands mouvements de population du Nord vers le Sud dans les prochaines semaines. Il parle de 300 à 500 000 personnes. Plus de 3 millions de personnes se sont inscrites sur les listes pour ce scrutin, point d’orgue de l’accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile dévastatrice entre le Nord, musulman, et le Sud, en grande partie chrétien. L’option indépendantiste doit recueillir une majorité simple et au moins 60% des électeurs inscrits doivent voter pour que le résultat soit valide. D’où l’importance des chanteurs populaires pour exalter la population. 

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