Sami Annan, chef d’état-major des Forces armées, vice-président du Conseil suprême CSFA, a rencontré mercredi dernier une délégation de l’adjoint église papale, représentant sa Sainteté le Pape Chenouda III, Pape d’Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint-Marc, afin de discuter des récents événements qui ont eu lieu à Maspero et certaines questions relatives au droit des maisons communes de culte, les églises. Notons que le Pape Chenouda III a tenu une réunion avec cinq des évêques qui ont rencontré le Major Général Sami Annan, qui sont l’Anba Boula, évêque de Tanta, l’Anba Moussa, évêque de la Jeunesse, l’Anba Marcous, évêque de Choubra Al-Kheima, l’Anba Eremia et l’Anba Youanas du Secrétariat du pape.
Cette rencontre a été la seconde après celle lors de laquelle le Pape Chenouda III, ainsi que sept autres responsables coptes, ont rencontré une délégation du Conseil suprême des forces armées. Cette rencontre est intervenue après la mort d’au moins 27 manifestants, le dimanche 9 octobre, lors d’une manifestation contre la discrimination des coptes, notamment après l’incendie d’une église à Merinab dont des extrémistes contestaient la légalité de la construction. Les responsables coptes ont projeté aux militaires une vidéo des événements de Maspero à la délégation militaire qui aurait été “choquée” de ce qu’elle a vu. “Nous leur avons également parlé des jeunes coptes détenus depuis les événements”, a souligné l’évêque Youanas selon qui les membres de la délégation ont promis de libérer immédiatement tous ceux contre lesquels il n’y a aucune preuve.
Identifier les responsables
Il est important de mentionner que Sami Annan a souligné l’importance de poursuivre les enquêtes pour identifier ceux qui sont responsables et impliqués dans les incendies de Maspero et publier leurs conclusions. Annan a affirmé, lors d’une réunion avec les dirigeants de l’Eglise orthodoxe au sein du ministère de la Défense, que le CSFA est désireux d’établir un État civil démocratique basé sur le principe d’égalité entre tous les citoyens sans distinction entre musulmans et chrétiens, et que tous sont égaux en droits et en devoirs. Le chef d’état-major des Forces armées a discuté avec la délégation papale les plans visant la division de l’Egypte, la diffusion des luttes sectaires et d’instabilité. Annan a appelé tous les Egyptiens, et l’Église orthodoxe à la prudence rationnelle, afin de sortir de cette crise et réaliser l’unité nationale.
Etablir l’avenir
Annan a appelé les médias à la transparence, la crédibilité et l’impartialité dans la transmission de toutes les opinions, pour éviter l’agitation et la provocation. Ce dialogue a été marqué par la clarté. Il a été convenu de construire l’avenir en se basant sur l’unité du peuple égyptien, la nécessité d’établir le principe de la citoyenneté, selon le slogan “la religion est pour Dieu et la patrie pour tous”, le respect des croyances, des valeurs, une culture de modération et l’acceptation de l’autre.
A noter que le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des Forces armées a téléphoné au Pape Chenouda afin de présenter ses condoléances pour les Martyrs de Maspero. De sa part, le Pape Chenouda a demandé au Maréchal de libérer tous les manifestants arrêtés par la police militaire. Dans ces conditions, le ministre de l’Information Oussama Heikal a exprimé ses condoléances à Sa Sainteté le Pape Chenouda III, et s’est excusé pour la couverture défectueuse par la télévision d’Etat, soulignant que les médias ne peuvent pas faire de distinction entre les citoyens égyptiens.
Construction d’églises
Lors de cette rencontre les deux parties ont également évoqué la future loi qui devrait faciliter la construction et la rénovation des églises, ainsi qu’une nouvelle loi unifiée sur le statut personnel des Égyptiens : actuellement, ceux-ci doivent indiquer leur religion sur leur carte d’identité et sont soumis à des législations différentes selon qu’ils sont musulmans ou chrétiens.
Par ailleurs, l’armée a approuvé un amendement au code pénal égyptien prévoit une amende de 30 000 livres égyptiennes pour toute discrimination basée sur “le genre, l’origine, la langue, la religion ou les croyances”. En outre, si un fonctionnaire est reconnu coupable de discrimination, il encourt au moins trois mois de prison et une amende minimum de 50.000 livres. Ce décret “constitue une initiative positive que nous saluons”, a affirmé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, en relevant qu’il reprend des principes de la Déclaration constitutionnelle de 2011 et s’inscrit en conformité avec la Déclaration universelle des droits de l’Homme. “La France formule le voeu que l’application effective de ce principe puisse favoriser le respect des libertés fondamentales, dont la liberté de culte des minorités religieuses, notamment les coptes”, a-t-il ajouté.
Jérusalem soutient les coptes
De sa part, le Conseil œcuménique des Eglises (COE) a soutenu les chrétiens d’Egypte pour parvenir à la justice, rejeter la violence et lancer des initiatives de dialogue. Le COE a salué les efforts faits par les Eglises pour se faire entendre sur les thèmes de la paix et du dialogue, pour établir la paix et la justice aux niveaux local, national, régional et international. Par ailleurs, un rassemblement a eu lieu à Jérusalem pour exprimer le soutien palestinien à la cause des coptes d’Egypte. La manifestation a été suivie par des prières chrétiennes et musulmanes ainsi que des discours dénonçant la violence de la répression de la manifestation des coptes d’Egypte le 9 octobre dernier. Les manifestants ont évoqué la nécessité pour le gouvernement égyptien de défendre les coptes des attaques et des discriminations qui les visent eux et leurs églises, insistant sur l’égalité des coptes et des musulmans en Egypte. Ils ont signifié que les récents évènements au Caire sapaient la légitimité nouvelle de la révolution. Le clergé chrétien a assuré que toute attaque perpétrée contre l’Eglise copte serait perçue comme une attaque contre toutes les Eglises.