Changer la vision à Davos

15-12-2011 09:05 AM


Abdel Massih Felli C’est la quarantième édition de cet évènement qui rassemble chaque année le gratin politique et des affaires de la planète. Une première cette année, la visite d’un président français. Ses prédécesseurs ne l’avaient jamais fait, Nicolas Sarkozy lui ne s’est pas fait prier, il a même prononcé le discours inaugural du Forum. “Si nous ne changeons pas la règlementation bancaire, si nous ne changeons pas les règles prudentielles, si nous ne changeons pas les règles comptables, mais ce n’est pas qu’une affaire de technique, ce n’est pas qu’une affaire d’experts, où voulons-nous conduire le capitalisme qui est le nôtre?” a-t-il déclaré. Premiers visés, les banquiers qui sont sortis de leur réserve dès le début du forum. Ils se sont élevés contre les différents projets visant à durcir le contrôle de leur secteur, affirmant que de telles mesures risquaient de freiner leur capacité à financer l‘économie et la création d’emplois. Nicolas Sarkozy a tonné mercredi contre les dérives du capitalisme lors de son discours inaugural du Forum économique mondial (WEF) à Davos (GR). Il a appelé l’assistance à “changer la vision du monde”. Quelques minutes plus tôt, en coulisses, la France et la Suisse avaient trouvé un accord dans l’affaire HSBC. Nicolas Sarkozy n’avait pas fait le déplacement seul: pour son voyage dans les Grisons, le président français avait convié ses ministres de l’Economie et du Budget pour des rencontres à haut risque avec les conseillers fédéraux Doris Leuthard et Hans-Rudolf Merz. Le président français a rapidement laissé derrière lui résolue la crise franco-helvétique pour s’en aller délivrer devant l’assistance un discours inaugural façonné de fermeté et d’avertissements. “C’est notre vision du monde qui a été à un moment défaillante il nous faut la corriger”, a déclaré le président français. “Nous avons créé une économie qui a fonctionné à rebours des valeurs qu’elles préconisaient. En mettant la liberté du commerce au-dessus de tout, on a affaibli la démocratie”, a déploré le chef d’Etat. “Ce n’est pas une crise du capitalisme mais une dénaturation du capitalisme”, selon Nicolas Sarkozy. “Tout a été donné au capital financier, tout, et presque rien n’a été donné au travail.” Le président français a mis en avant l’intervention des Etats pour éviter l’effondrement du système financier, relevant avec une pointe d’ironie qu’avec la crise, “les banques les plus globalisées ont redécouvert qu’elles avaient une nationalité, elles ont retrouvé le bon guichet”. Globalement, il a appelé à une sortie de crise prudente. “Il faudra gérer prudemment la sortie des mesures de soutien à l’activité et le retrait du trop-plein de liquidités injectées pendant la crise”, a dit le président français. Nicolas Sarkozy a de nouveau demandé une réforme du système monétaire international. “Il n’y aura pas de remise en ordre de la finance et de l’économie si on laisse persister le désordre des monnaies”, a dit le président français. “On ne peut pas avoir d’un côté un monde multipolaire et de l’autre une seule monnaie de référence à l’échelle planétaire”, a-t-il ajouté en se référant au dollar. Le discours de Nicolas Sarkozy a été précédé par l’ouverture du Forum par Klaus Schwab et la Présidente de la Confédération Doris Leuthard. Cette dernière a déploré le “décalage entre le discours et la réalité” au moment de rebâtir l’économie mondiale. La présidente de la Confédération a notamment pointé les banquiers “qui tentent même de se dérober à leurs responsabilités”. Quelques minutes à peine avant le discours inaugural de Nicolas Sarkozy, Hans-Rudolf Merz a annoncé que la crise entre les deux pays était finie concernant l’affaire HSBC. “Nous avons désormais trouvé un accord concernant les données volées” de la banque HSBC à Genève, a dit le chef du Département fédéral des finances (DFF) devant la presse après une rencontre avec Nicolas Sarkozy, la ministre de l’économie Christine Lagarde et celui du budget Eric Woerth, en marge du Forum économique mondial (WEF). La France a d’abord transmis à la Suisse des copies de ces données. “Deuxièmement, on nous a promis que Paris ne demanderait pas d’assistance administrative sur la base de ces documents”, a expliqué le conseiller fédéral. Troisièmement, Paris a assuré à la Suisse qu’elle l’informerait si elle devait livrer ces données à d’autres Etats. La France s’est aussi dite prête à demander à ces pays de ne pas utiliser ces informations dans une procédure d’entraide administrative avec la Suisse. En marge du Forum de Davos, le groupe pharmaceutique bâlois Roche et la Royal Bank of Canada sont cette année les “lauréats” des Public Eye Awards, décernés comme chaque année à Davos. La Déclaration de Berne (DB) et Greenpeace les sanctionnent pour leurs pratiques sociales et écologiques jugées “irresponsables”.
Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, aura bien mérité du Forum social mondial (FSM). Lui seul pouvait sans doute attirer, en soirée, quelque dix mille personnes, en majorité des militants et syndicalistes, comme il l’a fait, mardi 26 janvier, dans un grand gymnase couvert de Porto Alegre. Une foule chauffée à blanc l’a ovationné comme une rock star en scandant “Lula, guerrier du peuple brésilien !”, avant de l’écouter faire l’éloge du mouvement altermondialiste.

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