Watani Francophone a le plaisir de vous présenter un exposé sur Alfred de Musset à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.
Alfred de Musset, né le 11 décembre 1810, demeure comme l’icône du romantisme français. Deux cents ans après, on admire ses pièces de théâtre tout autant que ses poésies. Différentes manifestations seront organisées tout au long de cette année 2010, le vendômois, et tout particulièrement le château de Bonaventure, qui appartenait à la famille de Musset, pour célébrer le bicentenaire de sa naissance. Au programme des festivités : conférences, concerts, lectures, poésie, théâtre, promenades, etc. Au gué du Loir, une rue sera rebaptisée du nom du poète.
Alfred de Musset est un poète et un dramaturge français de la période romantique.
Débuts brillants
Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à la littérature à partir de 1828-1829. Dès l’âge de 17 ans, il fréquente les poètes du Cénacle de Charles Nodier et publie en 1829, à 19 ans, “Contes d’Espagne et d’Italie”, son premier recueil poétique qui révèle son talent brillant.
En décembre 1830, sa première comédie “La Nuit Vénitienne” est un échec accablant qui le fait renoncer à la scène pour longtemps. Il choisit dès lors de publier des pièces dans “La Revue des Deux Mondes” avant de les regrouper en volume sous le titre explicite Un Spectacle dans un fauteuil. Il publie ainsi une comédie, “À quoi rêvent les jeunes filles ?” en 1832, puis “Les Caprices de Marianne” en 1833. Il écrit ensuite son chef-d’œuvre, un drame romantique, “Lorenzaccio” en 1834 (la pièce ne sera représentée qu’en 1896) après sa liaison houleuse avec George Sand et donne la même année “Fantasio” et “On ne badine pas avec l’amour”. Il publie parallèlement des poèmes tourmentés comme “la Nuit de Mai et la Nuit de Décembre” en 1835, puis “La Nuit d’août” (1836) “La Nuit d’octobre” (1837), et un roman autobiographique “La Confession d’un enfant du siècle” en 1836.
Dépressif et alcoolique, au delà de trente ans, il écrit de moins en moins : on peut cependant relever les poèmes Tristesse, Une soirée perdue (1840), Souvenir en 1845 et diverses nouvelles (Histoire d’un merle blanc (1842).
Grâce à l’amitié du duc d’Orléans, il a été nommé bibliothécaire du ministère de l’Intérieur le 19 octobre 1838. Après la Révolution de février 1848, ses liens avec la Monarchie de Juillet lui ont valu d’être révoqué de ses fonctions par le nouveau ministre Ledru-Rollin le 5 mai 1848. Puis, sous le Second Empire, il deviendra bibliothécaire du ministère de l’Instruction publique, avec des appointements de trois mille francs, le 18 mars 1853.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1845, en même temps que Balzac, il est élu à l’Académie française en février 1852 au siège du baron Dupaty, après deux échecs en 1848 et 1850.
Biographie
Né sous le premier empire, le 11 décembre 1810, Alfred de Musset appartient à une famille aristocratique, affectueuse et cultivée, où l’on a le goût des lettres et des arts.
Son père, Victor-Donatien de Musset-Pathay, est un haut fonctionnaire, chef de bureau au ministère de la Guerre, et un homme de lettres près de Vendôme; il a épousé Edmée-Claudette-Christine Guyot-des-Herbiers. Le couple a eu quatre enfants : Paul-Edmé, Louise-Jenny, Alfred, et Charlotte-Amélie-Hermine
Son grand-père était poète, et son père était un spécialiste de Rousseau, dont il édita les œuvres. La figure de Rousseau joua en l’occurrence un rôle essentiel dans l’œuvre du poète. Il lui rendit hommage à plusieurs reprises, attaquant au contraire violemment Voltaire, l’adversaire de Rousseau.
En octobre 1819, alors qu’il n’a pas encore neuf ans, il est inscrit en classe de sixième au collège Henri-IV, on y trouve encore aujourd’hui une statue du poète -, où il a pour condisciple et ami un prince du sang, le duc de Chartres, fils du duc d’Orléans, et obtient en 1827 le deuxième prix de dissertation latine au Concours général. Après son baccalauréat, il suit des études, vite abandonnées, de médecine, de droit et de peinture jusqu’en 1829, mais il s’intéresse surtout à la littérature.
Grâce à Paul Fouché, beau-frère de Victor Hugo, il fréquente dès l’âge de 17 ans le « Cénacle », salon de Charles Nodier à la Bibliothèque de l’Arsenal. Il sympathise alors avec Sainte-Beuve et Vigny, et se refuse à aduler le « maître » Victor Hugo. Il moquera notamment les promenades nocturnes du « cénacle » sur les tours de Notre-Dame.
Il fait preuve d’une grande aisance d’écriture, se comportant comme un virtuose de la jeune poésie. Il publie alors les Contes d’Espagne et d’Italie, salués par Pouchkine. Il est d’ailleurs le seul poète français de son temps que le poète russe apprécie vraiment.
À l’âge de 22 ans, Musset est anéanti par la mort de son père, dont il était très proche, victime de l’épidémie de choléra. Cet évènement va décider de la carrière littéraire que Musset choisit alors d’entamer.
En 1833, il part en Italie, en compagnie de George Sand, dont il a fait la connaissance lors d’un dîner donné aux collaborateurs de La Revue des Deux Mondes le 19 juin. Il écrit également des nouvelles en prose et la Confession d’un enfant du siècle, autobiographie à peine déguisée dédiée à George Sand, dans laquelle il transpose les souffrances endurées.
Après sa séparation définitive avec George Sand, en mars 1835, il tombe amoureux de Caroline Jaubert, qu’il appelle la petite fée blonde et avec laquelle il a une liaison qui dure trois semaines, avant de reprendre fin 1835 ou début 1836. Hôte assidu de son salon, il en fera sa « marraine » et sa confidente, notamment tout au long de leur correspondance, qui s’étale sur vingt-deux années. C’est chez elle qu’il fait la connaissance, en mars 1837, d’Aimée-Irène d’Alton, sa cousine, avec laquelle il entame une liaison heureuse et durable. Elle lui propose même de se marier avec lui. Abandonnée par Musset pour Pauline Garcia, qui se refuse à lui, elle épousera son frère Paul le 23 mai 1861. Puis il rencontre, le 29 mai 1839, à la sortie du Théâtre-Français, Rachel, qui l’emmène souper chez elle, et avec laquelle il a une brève liaison en juin. En 1842, la princesse Christine de Belgiojoso, amie de Mme Jaubert, lui inspire une passion malheureuse. De 1848 à 1850, il a une liaison avec Louise-Rosalie Ross, dite Mlle Despréaux, qui avait découvert Un Caprice dans une traduction russe de Alexandra Michaelovna Karatiguine à Saint-Pétersbourg, et l’avait créé au Théâtre-Français en 1847. De même, en 1852, Louise Colet qui est la maîtresse de Flaubert, aura quelque temps une liaison avec lui.
Dernières années
Sa santé se dégrade gravement avec son alcoolisme et il meurt à 47 ans, le 2 mai 1857, à peu près oublié : il est enterré dans la discrétion au cimetière du Père Lachaise.
Redécouvert au XXe siècle, Alfred de Musset est aujourd’hui considéré comme un des grands écrivains romantiques français dont le théâtre et la poésie lyrique montrent une sensibilité extrême, une interrogation sur la pureté et la débauche, une exaltation de l’amour et une expression sincère de la douleur. Sincérité qui renvoie à sa vie tumultueuse qu’illustre emblématiquement sa relation avec George Sand.
Son frère aîné Paul de Musset jouera un grand rôle dans la redécouverte de l’œuvre d’Alfred de Musset, par la rédaction de biographies et la réédition de grand nombre de ses œuvres, comme La Mouche ou Les caprices de Marianne.
Légende
Tombe d’Alfred de Musset au cimetière du Père-Lachaise.