Après le remaniement, Sarkozy console, Fillon orchestre

15-12-2011 09:06 AM



Leur gouvernement en place, Nicolas Sarkozy et François Fillon se sont partagé jeudi le rôle de DRH: au chef de l’Etat le soin de consoler les recalés, à son Premier ministre celui d’accompagner les premiers pas des novices et de briefer les anciens.
C’est l’une des premières manifestations concrètes de la nouvelle “répartition des rôles” à la tête de l’exécutif vantée mardi soir par Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée.
Quatre jours après un remaniement qui a vu le départ de quinze ministres ou secrétaires d’Etat, le président s’est réservé la tâche ingrate de consoler des sortants souvent amers, à commencer par la principale victime, Jean-Louis Borloo.
Longtemps favori dans la course à Matignon, l’ex-ministre de l’Ecologie a été reçu à déjeuner à l’Elysée pendant deux heures.
Après l’avoir encensé devant les Français et les députés UMP et dégainé l’imparfait du subjonctif pour dire combien il aurait souhaité qu’il “restât” dans son gouvernement, Nicolas Sarkozy a même pris la peine de le raccompagner sur le perron, pour le plus grand bonheur des photographes devant les grilles du palais.
Alors que le patron du Parti radical s’est investi dans la constitution d’une “coordination politique des centres” qui pourrait le gêner en 2012, le président a confirmé en affichant son “amitié” avec l’ex-numéro 2 de son gouvernement qu’il n’avait “pas tourné le dos au centre”.
Juste avant M. Borloo, il a reçu Eric Woerth (ex-Travail), victime de l’affaire Bettencourt et menacé d’un renvoi devant la Cour de justice de la République dans une affaire de favoritisme, et Fadela Amara (ex-Ville).
Celui qui s’était un jour vanté d’être le “directeur des ressources humaines” du PS a manifestement décidé de s’occuper de ses propres amis. Il devrait ainsi recevoir dans les jours qui viennent d’autres recalés, dont Jean-Marie Bockel (ex-Justice) et Christian Estrosi (ex-Industrie), a-t-on appris auprès des intéressés.
Des attentions auxquelles n’ont pas toujours eu droit les remerciés de précédents remaniements. Christine Boutin (ex-Logement) a pesté longtemps et publiquement contre son “jetage” en juin 2009.
“Quand j’ai démissionné, je n’ai pas vu le président mais (son bras droit) Claude Guéant”, se souvient Alain Joyandet (ex-Coopération). “Mais on s’est parlé mercredi et il m’a demandé de venir le voir le plus rapidement possible”, ajoute-t-il au lendemain du déjeuner des députés UMP à l’Elysée.
Les petits gestes du président ne semblent toutefois pas dénués d’arrière-pensées. “Il tient à ménager ses amis”, remarque un remercié, “il ne veut pas être enquiquiné en 2012”.
Dans le même temps François Fillon pensait l’architecture de son gouvernement à Matignon. De Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères) à Christine Lagarde (Economie), en passant par les vétérans Xavier Bertrand et Brice Hortefeux ou le nouveau Maurice Leroy, il a enchaîné les entretiens avec les membres de son équipe.
Rien que de très normal pour un chef de gouvernement largement remanié. Mais certains ont vu dans l’agenda chargé du Premier ministre un exemple du fameux “partage des tâches” mis au point avec le président.
“Le président fait la politique générale, le Premier ministre fait la politique du gouvernement et reçoit les ministres  c’est naturel, c’est le fonctionnement des institutions”, a théorisé Bruno Le Maire (Agriculture) en quittant Matignon. “Il va laisser plus de place à Fillon pour tenter de se représidentialiser”, a même pronostiqué un de ses collègues.                                                              Le Point Fr

(Visited 32 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires