Anniversaire de la Révolution islamique sous haute tension à Téhéran

15-12-2011 09:05 AM



L’Iran a célébré le 31e anniversaire de la Révolution islamique dans un contexte politique extrêmement tendu et sous haute surveillance policière. Plusieurs leaders de l’opposition auraient été pris pour cible par les forces de sécurité.


Des heurts entre l’opposition iranienne et les forces de l’ordre ont été signalés  jeudi, en marge des célébrations du 31e anniversaire de la Révolution islamique auxquelles assistent des centaines de milliers d’Iraniens réunis sur la place Azadi, dans le centre de Téhéran.
Selon le site d’opposition Jaras, l’un des chefs de file de l’opposition Mehdi Karoubi et l’ancien président Mohammad Khatami ont été attaqués par les forces de l’ordre. Mehdi Karoubi n’aurait été que légèrement blessé.


Toujours d’après Jaras, la petite-fille de l’ayatollah Ruhollah Khomeini, son époux Mohammad Reza Khatami – un frère de Mohammad Khatami -, et un fils de Mehdi Karoubi ont été interpellés.


Un autre site de l’opposition, La Voix verte de l’Iran, rapporte que les forces de sécurité ont tiré des coups de feu et des cartouches de gaz lacrymogène contre des partisans de l’opposant Mir Hossein Moussavi regroupés dans le centre de la capitale.


De son côté, le site d’opposition Rahesabz affirme que “des milliers et des milliers de partisans du mouvement vert sont dans les rues”. Mais on ne dispose dans l’immédiat d’aucune confirmation indépendante de ces protestations.


Slogans pro-Khamenei


De très importantes forces de police anti-émeutes ont été déployées dans et autour de la place Azadi, partiellement protégée par des échafaudages, où le président Mahmoud Ahmadinejad a prononcé un discours.


La télévision iranienne a diffusé des images de manifestants scandant des slogans favorables au guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei.


Ces célébrations intervenaient alors que la République islamique traverse une grave crise politique depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Des manifestations à répétition de l’opposition ont entraîné des dizaines de morts et des milliers d’arrestations dans tout le pays.


 Le 27 décembre 2009, jour sacré de l’Achoura pour les chiites, huit personnes ont été tuées et des centaines d’autres arrêtées lors de rassemblements. Les autorités accusent régulièrement les manifestants d’être à la solde de puissances étrangères et de vouloir renverser le régime.


Depuis les autorités ont exécuté deux opposants et en ont condamné dix à la peine capitale. Au total, 12 personnes ont été condamnées à mort pour leur implication dans des manifestations de l’opposition.


Dans ce contexte tendu, le pouvoir avait averti qu’il ne tolèrerait pas de voix discordantes lors de ces manifestations traditionnellement destinées à afficher la force et la popularité du régime islamique.


Éléments d’histoire


En février 1979, après 15 années d’exil, l’ayatollah Khomeiny profitait du renversement du shah par le peuple pour prendre le pouvoir. Il remplace alors la monarchie par une théocratie reposant sur des principes énoncés par des juristes islamistes. Khomeiny restera le leader suprême iranien jusqu’à sa mort en 1989.
“La police a pris des mesures pour que les cérémonies se déroulent dans le calme et la sécurité, a déclaré un responsable officiel non identifié cité jeudi par l’agence Fars. Si certains veulent profiter de la présence massive de la population, la police interviendra fermement.”


Les dirigeants voulaient que la fête de jeudi démontre l’unité du peuple iranien. Ce jour doit porter un coup à l’”arrogance” de certains pays étrangers, estime l’ayatollah Ali Khamenei, qui soutient le président Ahmadinejad et rejette les accusations de fraude de l’élection de juin 2009.



Rejet de la proposition américaine


L’Iran a d’autre part rejeté la proposition américaine de fournir à l’Iran des isotopes médicaux plutôt que de voir Téhéran produire de l’uranium hautement enrichi pour en fabriquer, estimant qu’elle était pas “logique”, a rapporté mercredi l’agence officielle Irna. “En tenant compte des besoins considérables des malades, cette proposition n’est pas logique”, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast. “La solution n’est pas d’arrêter le réacteur (nucléaire de recherche de Téhéran, qui doit produire ces isotopes) ou d’arrêter la production de médicaments, la solution est que l’autre partie (les grandes puissances, ndlr) coopère pour augmenter le nombre des réacteurs et la production des médicaments pour répondre aux besoins des malades” en Iran, a expliqué M. Mehmanparast.


Le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley, a affirmé mardi que la communauté internationale était prête à vendre des isotopes à l’Iran. “Nous avons fait connaître notre volonté de collaborer avec eux pour l’importation d’isotopes médicaux, si c’est leur véritable préoccupation”, a-t-il affirmé. Les isotopes médicaux sont utilisés dans la détection des cancers. L’Iran fabrique des isotopes avec son réacteur de recherche nucléaire de Téhéran, et a justifié le lancement mardi de la production d’uranium enrichi à 20% par la nécessité de se procurer le combustible nécessaire à ce réacteur d’ici un peu plus d’un an. La décision a été prise, selon Téhéran, en raison du blocage des discussions avec les Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur la fourniture à l’Iran du combustible enrichi à 20% nécessaire à ce réacteur. “Nous ne pouvions plus attendre pour subvenir aux besoins de nos malades dont les soins nécessitent des isotopes”, a déclaré mardi le représentant iranien à l’Agence internationale de l’énergie atomique Ali Asghar Soltanieh.


 



légende
Mir Hossein Moussavi crée le “Chemin vert de l’espoir”, un mouvement voué à poursuivre la contestation.
 

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