Affrontements au Caire entre la police et des coptes

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Les affrontements entre les Coptes et les forces de police, ont été au centre de l’attention des médias au cours des derniers jours, sous l’administration provoquée par les forces de sécurité. On essaie dans les lignes suivantes de suivre ces médias occidentaux, en particulier les  médias francophones.  “Avec notre sang, avec notre âme, nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour la croix”. Alors qu’une centaine de coptes protestaient mercredi 24 novembre en cours contre l’interdiction de construire une église dans le quartier d'”Al-Omrania”, un quartier du sud-ouest du Caire, non loin des pyramides de Guizeh, des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre, selon Le Nouvel Observateur. Plus de 200 Coptes (chrétiens d’Égypte) ont lancé, mercredi, des pierres contre les forces de police et protesté au Caire contre le refus des autorités de les laisser achever la construction d’une nouvelle église, sous le nom de la vierge Marie, ont rapporté des témoins et des sources proches des services de sécurité, selon le Magazine Le Point. De sa part, le Pape Chenouda III, pape d’Alexandrie et  patriarche de la Prédication de Saint-Marc en Egypte, a annoncé son rejet total de ces événements et a appelé les étudiants, les chefs religieux à calmer la situation et l’empêcher de dégénérer selon une source proche de sa sainteté, a diffussé DW-World Deutsche Welle.  Par ailleurs, l’Agence France-Presse AFP a noté qu’un manifestant a été tué mercredi dans de violents heurts entre la police et des milliers de chrétiens coptes protestant contre l’interdiction de construire une église dans un quartier du Caire. Au moins 68 personnes ont également été blessées, 48 manifestants et 20 policiers, dans les heurts à Al-Omrania, un quartier du sud-ouest du Caire non loin des pyramides de Guizeh, selon un bilan officiel. Selon une source au ministère de la Santé, 48 manifestants ont dû être hospitalisés. Le procureur général Abdel Meguid Mahmoud a indiqué de son côté que 133 personnes avaient été arrêtées. Ces affrontements confessionnels viennent alourdir un climat déjà marqué par des tensions politiques à l’approche des élections législatives de dimanche. Le manifestant tué est un Copte de 19 ans, Makarios Gad Chokr, selon les services de sécurité. D’après des témoins et l’agence officielle Middle East News Agency MENA, il a été tué par balle.   Elections legislatives   Le Figaro a signalé que les heurts de Guizeh surviennent alors que le premier tour des élections législatives a lieu, aujourd’hui et que les médias étrangers sont très présents dans le pays. Mais surtout au lendemain de la publication d’un rapport du département d’État américain sur la liberté religieuse, qui contient des critiques dures sur la question du respect de la liberté religieuse en Égypte.   Selon le qoutidien chrétien, La Croix, les coptes constituent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l’une des plus anciennes, représentant 10% environ de la population égyptienne. Et la question de la construction des églises est un point sensible. Jusqu’en 2005, le président Hosni Moubarak pouvait par décret donner l’autorisation de construction. Depuis, il a transféré cette prérogative aux gouverneurs locaux. Les relations entre les autorités religieuses coptes et le pouvoir ont connu des hauts et des bas. En septembre 2005, le pape Chenouda III avait appelé à voter pour le président Moubarak à l’élection présidentielle. De son côté, le président avait décrété, en 2004, que le Noël copte (7 janvier) serait jour de fête nationale. En 2005, il avait autorisé la reconstruction des églises détruites et le ravalement d’anciens édifices, puis donné son feu vert pour la création de deux chaînes satellitaires coptes. Avec la communauté musulmane, les tensions sont fortes dans certaines régions, en particulier en Haute-Égypte, et des incidents surviennent régulièrement, sans faire la une de la presse locale et internationale.   Radio Canada a affirmé que le procureur général Abdel Meguid Mahmoud a fait état de 133 personnes arrêtées. Les manifestants envoyaient des pierres que les policiers rejetaient contre les manifestants. “Voyez, c’est notre gouvernement qui nous jette des pierres, a dit à Reuters Samuel Ibrahim, au moment où les projectiles fusaient de toutes parts. Tout cela à cause d’une église”!
Construction ou restauration   Associated Press AP a informé que quelque 5.000 membres des forces de sécurité ont bouclé le site et bloqué l’arrivée de matériaux de construction dans la matinée tandis que des ouvriers étaient sur le toit. Quelques heures plus tard, quelque 700 chrétiens portant des croix de fortune, sont partis en direction des bureaux du gouverneur de Guizeh, où ils ont rencontré des policiers anti-émeutes armés de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. Le gouverneur, Sayyed Abdel Aziz, a déclaré à l’agence MENA que les manifestants avaient tenté en vain d’entrer dans le bâtiment. Après la dispersion des protestataires, 15 véhicules des forces de police étaient toujours autour de l’église et un important dispositif de sécurité était déployé dans le quartier.  Le Figaro s’est interrogé sur la question: “Pourquoi nous empêchent-ils de bâtir une église? Chaque rue a sa mosquée, et il y a une mosquée à côté de chaque églises. A noter que les autorités locales accusent les fidèles coptes de vouloir détourner une autorisation de construire un centre social pour tenter de bâtir une église. Les permis de construire une église sont souvent source de tensions en Egypte, les coptes déclarant ne pas jouir d’une liberté pour bâtir des lieux de culte aussi grande que les musulmans.  Radio Vatican a ajouté que ces affrontements provoqués par un problème confessionnel viennent alourdir un climat déjà marqué par des tensions politiques à l’approche des élections législatives de ce dimanche. La communauté copte se plaint régulièrement d’être marginalisée et discriminée en Egypte, son propre pays. Par ailleurs, ces heurts ont lieu alors que le gouvernement égyptien planche sur un nouveau texte régissant la construction ou la restauration des lieux de culte dans le pays. Se sentant de plus en plus discriminés, les chrétiens coptes protestent contre les dispositions légales qui s’avèrent beaucoup plus contraignantes lorsqu’il s’agit d’églises et non de mosquées. Ils craignent que ces contraintes ne se muent en interdiction, vu la lenteur à laquelle ce nouveau texte est étudié par le parlement égyptien.
 

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